Claude Pelestor a consacré sa vie à un fruit d’une autre époque. Connu depuis des siècles dans les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes, avant d’être brutalement abandonné. Sacrifié sur l’autel du conformisme. Vite produit, vite vendu. Plus conforme. Plus gros. “La société moderne l’a tué», déplore-t-il.
Avant de redorer l’image de la belle au bois dormant. La célèbre poire Sarteau de Draix, cet homme de la terre à l’authenticité cultivée, jamais loin des lettres et des gens, ne s’est jamais résigné à la voir disparaître au milieu des pages d’un vieux grimoire. Vergers accidentés de montagne, à près de 1 000 m d’altitude, où il prospère. Restaurants paysans gastronomiques et chaleureux.
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“Dans ma famille, cela a toujours fait partie du quotidien.constate son plus ardent défenseur. A tel point qu’il succède à ses parents, Henri et Marie-Augustine, les premiers, après la Seconde Guerre mondiale, à avoir vendu leur production à la célèbre confiserie californienne niçoise.
Des rencontres décisives
Depuis, avec son fils Rémi, dans le cadre de leur Gaec L’Étoile du Berger, il vante les mérites de ce trésor culinaire bio, qui tient dans le creux de la main. Conférences, célébrations en sa gloire dans le village, chaque année en octobre, le président de l’association de promotion de la poire blanche Sarteau de Draix est intarissable sur le sujet.
Tellement inépuisable et fascinant que l’idée est née de ce conteur chapeauté de consacrer une œuvre à cette fée meurtrie. “Fier et courageux“, a-t-il déclaré avec un regard amoureux pour son petit protégé. “J’ai été encouragé à écrire sa merveilleuse histoire. Pour laisser une trace dans les mémoires. Mais cela n’a pas été facile, surtout financièrement.“
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D’autres auraient rebroussé chemin aux premières pierres. Les purs Draixois ont préféré voir grand. Bien au-delà de la cime des poiriers ancestraux, ancrés dans les nuages. “Le but était en fait d’évoquer l’ensemble de notre patrimoine. La géologie, avec les marnes noires qu’INRAE (NDLR : Institut National de Recherche sur l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) n’arrête jamais d’étudier. L’aspect historique aussi, avec les deux camps de résistants de Belon et de Lescayon. Et enfin, pour créer du lien, notre Sarteau.
Têtu comme un âne face à la pente, Claude s’accroche à son obsession. “D’autant plus quand j’ai vu le magnifique ouvrage dédié au Géoparc.“
Deux rencontres lui ont finalement permis d’apaiser ses craintes. “Je me suis associé à des professionnels, Maryline Féraud pour la rédaction et Michel Boutin, des éditions Naturgraphe. Il était essentiel de donner naissance à ce livre inédit.“
« Une valeur patrimoniale capitale »
À cette bible de la mémoire, croustillante, pédagogique, nourrie de chroniques d’experts, à laquelle Région, Département – »à l’unanimité, je tiens à souligner ce» – et le Groupe d’action locale des Dignois y a participé activement, à travers des subventions indispensables à sa réalisation.
À condition qu’il soit achevé fin 2024. »On a eu un peu de pression, mais ça fait du bien. Tout est chez l’imprimeur.» Ce dernier se charge de livrer la commande au plus tard ce samedi 21 décembre, jour de la présentation officielle de « La poire Sarteau, voyage en pays de Draix », à 14 heures à la médiathèque de Digne-les-Bains.
Une journée avec un S majuscule qui lui fera monter les larmes aux yeux plus que les mots, auxquels il est habituellement habitué. “C’est une fierté. Nous nous sommes battus pour ce fruit. A travers notamment l’association «soutenu par tant de partenaires, comme Provence Alpes Agglomération, la Ville de Digne, l’Agence de Développement et j’en oublie.“
Ils ont tous rendu possible l’impossible pour le pâtissier à l’ancienne, qui détient les clés d’un savoir-faire acidulé depuis plus de 50 ans. “Notre poire a une valeur patrimoniale capitale car elle permet à notre territoire de conserver un produit d’exception.“
Lequel apparaît désormais sur papier glacé en bonne place dans les librairies. Ce qui n’interdit pas, bien au contraire, une bonne dégustation. Surtout après avoir lu quelques chapitres délicieux.
« La poire Sarteau, voyage au pays de Draix », aux éditions Le Naturgraphe. 128pages. 16 €.
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