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À quoi ressemblera le nouveau Festival du livre de Paris ?

jeœuvré pour donner un volet culturel aux JO de Paris, produit des spectacles de Catherine Ringer ou Véronique Sanson, organisé des soirées électroniques ou du théâtre avec René de Obaldia… A 53 ans, Pierre-Yves Bérenguer est le nouveau patron du Festival du Livre de Paris . Et si elle entend s’inscrire dans la continuité de cet événement majeur qui revient pour la première fois au Grand Palais, elle entend aussi faire bouger les lignes en développant la transversalité avec d’autres industries culturelles comme le cinéma ou le spectacle vivant. Quelles seront les nouvelles orientations de la prochaine édition (11 au 13 avril 2025), au cours de laquelle, comme chaque année, Le point se joindra-t-il à la direction de nombreuses réunions publiques ? Le directeur général du Festival du livre de Paris s’adresse à Indiquer.

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Le point : Que signifie pour vous le retour du festival sous la verrière du mythique Grand Palais ?

Pierre-Yves Bérenguer: Une joie. Le festival est né sous cette grande verrière en 1981 avant de s’installer porte de Versailles en 1994 jusqu’à la pandémie de 2019. Y retourner est donc symboliquement très fort, mais la charge esthétique est tout aussi grande. Le lieu est magnifique, et je constate chaque jour auprès des éditeurs et des professionnels de la filière du livre combien ce retour au Grand Palais est attendu. Personnellement, j’y garde de très bons souvenirs, car j’ai eu le privilège de coordonner l’exposition Volez, naviguez, voyagez Louis Vuitton ! au Salon d’Honneur, en 2015.

Il s’agit en effet de la première édition du Festival du Livre de Paris dont vous avez la responsabilité. Comment vous présenteriez-vous et comment abordez-vous ce nouveau défi ?

Je travaille dans le domaine de ce que l’on appelle « l’ingénierie culturelle » depuis 30 ans. Concrètement, j’ai été tantôt directeur artistique, tantôt producteur, concepteur ou organisateur de grands événements publics pour les collectivités territoriales, mais toujours lié à la création artistique. J’ai notamment pu collaborer avec les industries culturelles numériques et cinématographiques en 2009 comme producteur de Futur en Seine, avec le théâtre en produisant deux éditions du Festival de l’Oise au théâtre avec René de Obaldia et Jean-Michel Ribes, avec le musique en organisant des concerts pour Catherine Ringer, Véronique Sanson ou Sergent Garcia et des soirées électroniques. Les arts de la rue sont aussi un domaine que j’ai beaucoup pratiqué en produisant Générik Vapeur ou Royal de Luxe, tout comme l’art dans la ville en tant que coordinateur général d’Un été au Havre en 2017 pour les 500 ans de la ville. Enfin, j’étais responsable des opérations culturelles du département culture des Jeux Olympiques de Paris 2024 et notamment en charge du programme intitulé « Olympiade culturelle ».

Voilà pour les présentations ! Comment allez-vous appliquer toutes ces expériences à un festival du livre ?

L’événement fêtera ses 44 ans en 2025 et je souhaite bien sûr m’inscrire dans cette continuité. Il faut intégrer toutes les contraintes d’un site patrimonial tout en répondant aux attentes légitimes de toute une filière. Pour l’édition 2024, 20 000 références de livres étaient présentes au Festival, et plus de 96 000 livres ont été vendus pour un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros. 103 000 visiteurs y ont été accueillis, dont 43 % avaient moins de 25 ans. C’est donc un rendez-vous incontournable pour le secteur. Mais l’idée de bouger quelques lignes me tient à cœur, car il s’agit d’afficher de nouvelles ambitions pour le Festival. Pour cela, je m’appuie sur une équipe expérimentée et engagée et peux compter sur le soutien du Syndicat National de l’Édition et de ses adhérents.

Quantitativement, nous gagnerons environ 36% en volume par rapport à l’année dernière. Ces espaces seront consacrés à la fois à l’augmentation du nombre d’éditeurs (+120 maisons d’édition par rapport à 2024 à l’heure actuelle), notamment aux petites et jeunes maisons d’édition de toute la . La commercialisation des livres sera confiée aux éditeurs, ainsi que l’organisation des dédicaces. Côté programmation, nous conservons les 6 scènes installées au cœur de la Nef. 330 auteurs seront invités à 160 rendez-vous programmés par nos 5 programmateurs (Adélaïde Fabre pour la fiction/poésie, Cédric Duroux pour la non-fiction/poésie, Sophie Van der Linden pour la jeunesse, Romain Brethes, collaborateur de Indiquerpour la BD/pop culture et Marion Escudé pour jeune adulte) qui « croiseront » les genres littéraires entre eux sur différentes scènes. Au total, plus de 1 200 auteurs seront signataires sur les 3 jours.

Votre expérience du spectacle vivant vous donne-t-elle envie d’orienter le Festival dans cette direction ?

La place du livre et de la lecture reste centrale, mais oui, nous ouvrons le Festival à d’autres domaines artistiques, dont le « spectacle vivant ». Nous prévoyons une surprise lors de l’inauguration et accueillerons notamment le festival littéraire « Extra ! » qui s’intéresse à la littérature « hors du livre », croisée avec la performance, les arts visuels ou la mode. Il s’agit d’une coproduction avec le Centre Pompidou et la Réunion des musées nationaux et le Grand Palais des Champs-Élysées et le thème sera celui du « Cabaret littéraire ». Le cinéma ne sera pas en reste puisque nous créons une « Grande galerie d’adaptation » en coproduction avec la Scelf (Société Civile de l’Edition Littéraire). Il mettra en avant les adaptations littéraires au cinéma ou sous forme de séries et comportera un dispositif dédié aux livres audio.

Allez-vous continuer avec l’idée d’un pays invité ? De laquelle s’agira-t-il, et que nous préparez-vous autour de cette « destination littéraire » ?

Cette semaine est décisive, il faudra s’assurer de la présence du pays invité avant les fêtes de fin d’année. Le principe du pays invité d’honneur a fait ses preuves au fil de nombreuses éditions, mais il doit être renouvelé. Nous travaillons également à diversifier ces invitations, notamment en mettant en avant des régions ou des villes du monde avec des auteurs talentueux. Davantage de pays exposeront au Festival du Livre de Paris, car cela s’inscrit dans la dimension internationale du Festival. Mais je dirais que nous étendons cette invitation aux grandes problématiques contemporaines. 2025 est une année décisive pour la mer, notamment à travers la grande conférence des Nations Unies qui aura lieu à Nice. La Fête du Livre de Paris fera donc cette année écho à cette année de la mer en en faisant sa thématique transversale, en partenariat avec le Ministère de la Mer. Nous aborderons notamment la littérature des territoires d’outre-mer, les grands explorateurs ou encore les enjeux liés à la préservation de sa biodiversité et des océans.

Avez-vous conçu une programmation spécifique pour le jeune public et les adolescents, dont la pratique de lecture diminue et pour qui il est nécessaire de déployer des trésors de séduction pour les ramener aux livres ?

De nombreuses études révèlent, il est vrai, une perte du goût de la lecture chez nos jeunes. Mais comme je vous l’ai dit, 43 % de nos visiteurs l’année dernière avaient moins de 25 ans. Quand on affine ces chiffres, on constate que la population était majoritairement composée de 15/25 ans. C’est pourquoi, tout en maintenant les autres genres au même niveau, nous choisissons de renforcer la présence de genres directement destinés à la jeunesse comme la littérature jeunesse, la bande dessinée et le manga. Cela manquait… L’objectif affiché est d’attirer un public familial en augmentant notre offre. Je tiens également à remercier les maisons d’édition qui ont entendu cette volonté et qui ont confirmé, en force, leur présence puisque nous doublons le nombre de maisons présentes par rapport à 2024. Pour accueillir ce public familial, un membre de l’équipe est dédié aux missions éducatives et collabore déjà avec des organismes éducatifs de la région. L’idée est d’accueillir les groupes scolaires le vendredi 11 avril, veille des vacances, et de nombreuses familles le week-end du 12 et 13 avril. Pour cela, un village d’enfants à 200 m2 sera implanté au cœur de la Nef avec deux dispositifs animés : un espace ludique et de lecture et un espace de programmation proposant des ateliers créatifs.

Combien coûtera l’entrée ?

Il reste gratuit pour les moins de 25 ans et les professionnels, enseignants, bibliothécaires, etc. Au-delà, le tarif sera de 5 euros à l’avance et de 9 euros sur place.


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Ce festival est aussi un rendez-vous majeur pour les acteurs de la profession, dans un secteur qui connaît actuellement un véritable bouleversement capitalistique et interroge des problématiques telles que le best-seller, la concentration dans les grands groupes, l’autoédition, le poids de l’intelligence artificielle, la télévision. la publicité, le maintien d’une certaine diversité culturelle… Vous considérez-vous comme partenaire de ces réflexions essentielles, et en quoi consistera votre action ?

Le Festival du livre de Paris doit redevenir ce grand rendez-vous annuel de l’interprofession, c’est ce que nous demande le secteur et cela fait partie de notre mandat. Nous travaillons déjà avec l’ensemble de l’écosystème du livre (SNE, CNL, SOFIA, CFC, LivreEmploi, etc.) afin de programmer des rendez-vous professionnels répondant à ces enjeux, le vendredi 11 avril au matin. Les sujets que vous évoquez et auxquels on pourrait ajouter le droit d’auteur ou les livres d’occasion sont traités tout au long de l’année par ces organismes et leurs commissions d’experts. Il s’agit pour nous d’entrer en résonance avec ces thématiques majeures et de permettre aux professionnels du secteur d’en débattre dans les meilleures conditions. Le Festival a choisi d’agrandir l’espace dédié à l’accueil des professionnels et partenaires, en aménageant une galerie de 600 m2 au rez-de-chaussée du Grand Palais. Nos grands partenaires, publics et privés, auront également l’occasion de s’exprimer et de partager des rencontres autour des enjeux du secteur, mais pas que. L’augmentation et la diversification de notre programmation avec la présence d’avant-premières cinématographiques, de musique, de théâtre, d’arts visuels ou de la thématique maritime en 2025 ouvre de nouvelles rencontres possibles et nous en profiterons.

 
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