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Les maisons d’édition utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle

Le sort des traducteurs de livres semble déjà fragilisé, tout comme celui des illustrateurs de couvertures. Sans compter qu’aujourd’hui rien ne préserve définitivement les maisons d’édition d’un pillage en règle de leurs catalogues pour entraîner les fameuses IA génératives comme ChatGpt.

Une déferlante de livres nés d’intelligences … artificielles

Chaque jour des centaines de livres écrits par une intelligence artificielle déboulent sur Amazon. Pour mieux les vendre, ils sont agrémentés de tout aussi faux commentaires élogieux eux aussi générés par des IA. Le vrai faux auteur s’est borné à demander à ChatGpt ou à l’un de ses concurrents d’écrire à sa place, en lui donnant une intrigue, des noms de personnages et un ton à respecter.

L’avalanche de ces vrais faux livres est telle qu’Amazon a même demandé depuis un an à ce qu’il soit impossible que la même personne publie chaque jour plus de trois livres sur Kindle Publishing sa plate-forme d’autoédition ! oui vous avez bien entendu trois livres par jour… Georges Simenon l’un des écrivains les plus véloces réussissait à écrire six romans par an pour Gallimard en dépit de ses voyages à travers les cinq continents . Il est battu à plate couture.

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Au cours des 25ièmes Assises du livre numérique, qui se sont tenues jeudi 28 novembre à la Bibliothèque nationale de , le Syndicat national de l’édition a annoncé sa volonté de porter l’affaire sur un terrain juridique et de mandater un avocat pour analyser la licéité de ce type d’ouvrages.

Des IA pour “rationaliser” le travail éditorial

Les grands groupes d’édition travaillent tous, au moins en tests avec des IA depuis deux ans. Au cours de ces Assises, un grand ponte américain de l’édition, Thomas Cox co-fondateur avec Thomas Minkus de la société Veristage a expliqué les arcanes de leur plateforme destinée aux éditeurs. Elle s’appelle Insight et vise, selon Thomas Cox à “rationaliser l’ensemble du cycle de vie de la publication”.

Une machine de guerre : elle permet d’extraire toutes les données souhaitées dans un manuscrit – les personnages, l’intrigue, les lieux utilisés, et propose aussi des campagnes marketing pour les réseaux sociaux, une quatrième de couverture avec un pitch engageant, peut réaliser des analyses de ventes d’un ouvrage. Plus spectaculaire encore, elle propose de traduire le livre en cinq langues ou encore de créer en un - record un livre audio. De quoi mettre au chômage des milliers de traducteurs et de techniciens et comédiens qui travaillent pour l’enregistrement de ces livres. Ce qui n’a pas empêché Thomas Cox de déclarer d’un ton patelin : “J’entends beaucoup de gens avoir des inquiétudes sur les emplois, moi je ne connais pas un seul éditeur qui ne soit pas surchargé de travail”. Peut-être mais sa plateforme a précisément de quoi donner des sueurs froides …

Vis-à-vis de l’IA, la position des éditeurs français est on ne peut plus claire. Le directeur général du Syndicat national de l’édition Renaud Lefebvre a affirmé plusieurs principes intangibles, comme “la reconnaissance et le respect du droit d’auteur par les acteurs de l’IA », « la transparence effective sur les contenus qui alimentent l’entraînement de leurs modèles“, s’y ajoutent “une rémunération juste pour l’utilisation des œuvres et des contenus protégés par la propriété intellectuelle” et des sanctions “effectives” en cas de non-respect de ces principes.

De bien frêles remparts

En France, aucune maison d’édition n’a déjà signé avec des géants de la technologie pour leur vendre leurs catalogues afin d’entraîner leurs IA, contrairement à certains groupes de presse et aux Etats-Unis.

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L’éditeur de livres scientifiques Wiley a accepté un chèque de 23 millions de dollars en mars avec un des ces géants, sans dévoiler son nom. Tout récemment HaperCollins, la maison d’édition new-yorkaise détenue par Rupert Murdoch, a signé avec Microsoft. HarperCollins propose désormais à ses auteurs d’utiliser leurs œuvres pour entraîner un modèle d’intelligence artificielle pendant trois ans, moyennant 2500 dollars par livre. Tous n’ont pas dit oui, le scénariste Daniel Kibbelsmith par exemple a déclaré haut et fort qu’il refusait une telle offre.

En France pour l’instant, on s’en tient à limiter les dégâts. Le Syndicat national de l’édition incite tous ses membres à exercer un “opt out” -une option de retrait – afin de refuser que les oeuvres de leurs auteurs ne soient aspirées et utilisées par des IA génératives. Il s’agit de déposer une méta balise sur leurs sites internet, qui servira de preuve en cas de conflit. Un bien petit rempart face à un tsunami.

 
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