Par
Editorial Lannion
Publié le
1 décembre 2024 à 20h32
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Le dernier salon du livre de Plestin-les-Grèves, le 10 novembre, a mis en lumière la vitalité de l’édition en Bretagne et dans le Trégor. Sans masquer l’onde de choc générée par le difficultés financières de Coop Breizhplacé en redressement judiciaire le 17 septembre.
“Une catastrophe”
La situation ébranle tous ces artisans du livre puisque la société coopérative de Spézet, qui compte 17 salariés, est éditrice mais surtout diffuse et distribue les productions d’une soixantaine d’éditeurs et une vingtaine Maisons de disques bretonnes presque partout dans la région.
C’est le cas des éditions rennaises Goater depuis 2013. A sa tête, le Trégastellois Jean-Marie Goater est également porte-parole de l’Association des maisons d’édition de Bretagne (Ameb).
Nous avons déjà une médiatisation insuffisante du livre dans un domaine très concurrentiel et la disparition de Coop Breizh serait une catastrophe.
Avec de graves conséquences pour l’économie de la région.
Au-delà de Coop Breizh, la question est, selon Jean-Marie Goater, de savoir comment maintenir l’existence de l’édition en Bretagne, « qui représente 1 % de l’édition française ». La Bretagne est la région où l’on trouve le plus grand nombre d’éditeurs après la région parisienne. « Les enjeux sont aussi liés aux éditions en langues bretonnes et gallo, personne ne peut le faire à notre place. »
Factures impayées
Les difficultés financières de la chaîne ont déjà un impact sur Skol Vreizh. Depuis la saison estivale, Coop Breizh n’arrive plus à payer les factures de la maison d’édition de Morlaix. C’est en effet le diffuseur qui récupère l’argent de la vente pour ensuite le redistribuer, après commission, aux éditeurs.
Jean-René Le Quéau, directeur, et Jean-Luc Cloarec, directeur de la publication, espèrent que la mise en redressement judiciaire du diffuseur leur permettra d’être payés d’ici début 2025.
Nous les soutenons en continuant à leur fournir nos œuvres à diffuser.
Tous deux attestent du rôle important et du côté activiste de cette chaîne : « La Coop Breizh est indispensable car les chaînes nationales ne s’intéressent pas à nos maisons d’édition qui ont des tirages trop petits. »
Marie-Claire Morin a créé À l’ombre des mots à Pabu il y a dix ans. Sa maison d’édition a travaillé avec Coop Breizh de 2018 à 2020. Lors de la reprise post-Covid, elle n’a pas renouvelé avec ce diffuseur. La Trégorroise apprécie les difficultés que cela crée pour les éditeurs partenaires et confie : « Je ne sais pas comment j’aurais pu m’en sortir financièrement si j’étais restée chez eux. »
Les libraires également touchés
Les retards de paiement empêchent à leur tour les éditeurs concernés de rémunérer les auteurs, illustrateurs, imprimeurs, etc. A l’autre bout de la chaîne, les librairies sont également concernées.
Malgré quelques discours rassurants, l’incertitude règne. « Nous savons que Coop Breizh connaît des difficultés depuis plusieurs années, mais nous n’avons aucune information, c’est flou », confirme Bleuen Gohin, responsable du secteur Bretagne à Gwalarn Lannion. Alors que Coop Breizh pèse 80 % des livres dans son rayon.
Les éditeurs sont plus réticents à travailler avec Coop Breizh, en raison de factures impayées et de commandes non honorées.
Cela amène la libraire à prendre contact directement avec certaines maisons dont elle doit présenter les publications, comme les albums pour enfants et les méthodes linguistiques de Tes.
Avec à l’arrivée un coût commercial supplémentaire : en plus de délais de livraison plus longs, cela signifie des frais de port, des remises moindres, pas de crédit sur le retour des invendus. Autrement dit, des ventes avec une marge insignifiante. Même chose pour les CD de musique bretonne également vendus chez Gwalarn.
Bleuen Gohin partage l’avis des autres acteurs du secteur : la fin de Coop Breizh serait « une catastrophe pour la Bretagne, un grand manque pour la culture bretonne », au moment où la bibliothèque bretonne de Cavan est menacée, souligne-t-elle.
Tribunal de circuit
En cas de liquidation, « il faudrait absolument penser à créer une structure de distribution », anticipe Jean-René Le Quéau.
Jean-Marie Goater défend un court-circuit du livre ce qui préserverait la proximité entre auteurs et éditeurs, et autres interlocuteurs. L’une de ses craintes concerne « la disparition des capacités de création et de recherche pour la nouvelle génération d’auteurs ».
Dominique Batton and Philippe Gestin
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