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Claude Gauvard, Yara El-Ghadban, Elizabeth Strout…

Quatre romans, deux dictionnaires, un abécédaire… Voici de brèves critiques de sept ouvrages marquants en cette quarante-huitième semaine de l’année.

Roman. « La danse des flamants roses », de Yara El-Ghadban

Romancière, éditrice et anthropologue née à Dubaï dans une famille de réfugiés palestiniens, Yara El-Ghadban vit à Montréal depuis 1989, où a été publié son troisième roman, La danse des flamants roses. Cette utopie s’ouvre, telle une fable aux accents apocalyptiques, sur la diffusion d’un étrange « maladie du sel » autour de la Mer Morte. Indifférent aux religions et aux passeports, il frappe les travailleurs, les sans-papiers et les touristes, les Bédouins, les Palestiniens et les Israéliens. D’abord engagé à sauver les malades, l’État israélien les relègue derrière le « mur de séparation » quand l’épidémie devient incontrôlable. « Alors, à notre tour, nous avons oublié le monde. Ses guerres, ses haines, ses peurs, sa laideur. Nous avons oublié le monde, ses cartes, ses routes, ses frontières. Nous avons substitué la vie à la mort. »dit Alef, « fils d’un botaniste palestinien et d’un rabbin israélien ». Abandonnés dans une nature détruite par le sel, une cinquantaine de patients, dont les parents d’Alef, ont survécu grâce à l’arrivée des flamants roses…

Yara El-Ghabdan signe un conte politique et écologique. Sa prose poétique séduit par son optimisme désespéré mais nécessaire. La génération d’Alef, ignorante du conflit israélo-palestinien, incarne à la fois l’impensable et le désirable : une renaissance, une seconde chance donnée à cette terre. Peu réceptifs aux discours des aînés, les jeunes inventent leurs propres mythes, ainsi qu’un nouveau rapport au vivant. Gl. C’est le cas.

« La danse des flamants roses », de Yara El-Ghadban, Mémoire d’encrier, 280 p., 22 €, numérique 15 €.

History. “Notre-Dame de Paris”, by Claude Gauvard

En 128 pages d’une grande clarté, Claude Gauvard réussit un tour de force : écrire l’histoire totale de Notre-Dame de Paris, du Moyen Âge à nos jours. Le médiéviste retrace bien sûr celui de la construction de ce joyau gothique, paradoxalement éclairé par l’incendie qui a failli le détruire en 2019. Et de sa restauration au XIXèmee siècle, confiée, comme chacun le sait, à Viollet-le-Duc. Mais cela rappelle aussi que Notre-Dame était une puissante institution ecclésiastique. Ses 51 chanoines étaient de riches seigneurs, qui administraient l’Hôtel-Dieu et de prospères domaines agricoles, tandis que l’évêque de Paris faisait automatiquement partie des conseillers du roi au Moyen Âge. Si ce prélat a perdu depuis ce rôle politique de premier plan, les messes qu’il célèbre en mémoire des présidents de la République rappellent les liens organiques qui continuent d’unir Notre-Dame à l’État et à la tout entière. Mon.

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