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Les rêves scéniques d’un bibliothécaire

Les expérimentations à la Bibliothèque des Enfants ont-elles poussé Anne-Marie Redard à faire quelques pas de côté ? Les archives ne le disent pas. Ce qu’ils révèlent pourtant, c’est ce moment mémorable de sa carrière auquel elle a consacré la quasi-totalité de son discours du 26 octobre 1995 – invitée d’honneur puis âgée de 91 ans – à l’occasion des festivités marquant les 50 ans de la jeunesse. section à Chauderon 9, dans les locaux qu’elle occupe depuis 1973.

1954. La bibliothèque municipale s’apprête à fêter ses 20 ans. Anne-Marie Redard propose à ses collègues de monter la pièce écrite par un garçon alité d’une douzaine d’années. La proposition séduit. Le « Théâtre des Jeunes de la Bibliothèque Municipale » allait naître. Avec trois bouts de ficelle, elle réalise les décors et les costumes, qu’elle coud la nuit. Le jour de la représentation, devant un parterre de responsables et de parents, il ne manque que le jeune auteur. Actrices et comédiens en herbe y remédient en rejouant sa création, chez eux. Galvanisée par ce premier succès, la petite troupe ne survivra pas à quelques disputes et sera dissoute quelque temps plus tard.

Anne-Marie Redard décède à l’âge de 97 anse année, en avril 2001, peu avant l’ouverture, le 3 septembre à l’avenue d’Echallens 2a, de l’actuelle Bibliothèque de la Jeunesse. Mais elle fut le témoin ravi, dès la fin des années 1960, de l’épanouissement des sections de jeunesse dans chacune des antennes, aux quatre coins de la ville, de Montriond à l’Entre-Bois. Elle aimait « Babar », mais ne cachait pas son aversion pour « Tintin » et « Biggles ». A-t-elle mesuré, au tournant du siècle dernier, le succès éditorial phénoménal de la saga « Harry Potter » et qu’en a-t-elle pensé ? Et aurait-elle pu imaginer que le rapport de gestion 2023 recenserait 40 000 documents pour la seule Bibliothèque de la Jeunesse et que le volume de prêt pour cette même année atteindrait 237 000 documents ?

Le 26 octobre 1995, Anne-Marie Redard concluait son discours en ces termes : « La Municipalité et le Directeur de la Bibliothèque, qui est un de mes brillants « aînés », accepteraient-ils d’étudier la possibilité de doter leur institution d’une scène, comme cela se fait aux États-Unis, pour donner aux natures douées la possibilité de pratiquer un art et une culture, voire des cultures différentes, sources d’enrichissement du cœur et de l’esprit ? (6) Même si elle n’a pas été accordée, elle aurait certainement approuvé le large éventail d’activités, d’ateliers et de spectacles proposés par les Bibliothèques de la Ville de Lausanne. Et elle aurait sans doute participé, le 14 décembre, à « L’Expo Idéale » de la Bibliothèque de la Jeunesse : un événement créatif, participatif et cumulatif qui, à travers la création d’une œuvre commune et multiple, célèbre la culture, la diversité et l’échange qui sont au cœur de au cœur de ses missions.

 
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