«J’attends juste qu’on me dise que je ne connais pas mes classiques, qu’on me signale une évidence dont j’ignore l’existence», dit Julien Beaupré à propos de la représentation de sa région natale, le Témiscamingue, dans la littérature québécoise. « De toute façon, je n’ai pas souvent vu le nom de Ville-Marie dans un livre. »
La formule est usée, mais inévitable ici : c’est le Témiscamingue qui est le personnage principal de Coconadele premier roman de Julien Beaupré, 31 ans, né à Ville-Marie, la municipalité la plus peuplée du Témiscamingue, malgré ses quelque 2 500 habitants.
« La première fois que j’ai lu/une description adéquate de mon village natal/c’était dans Pêcher d’Albert Camus», écrit-il dès les premières pages, le genre de liens absurdes qui pullulent dans cette «autofiction de jeunesse sur le rapport de l’auteur à son lieu de départ», dit le principal intéressé. Une autofiction dans laquelle Témis est dépeint avec autant de dureté que d’affection.
Écrit entièrement en vers, Coconade est l’un des livres les plus brillamment drôles publiés au Québec depuis très longtemps, un dosage dans lequel son auteur a investi beaucoup d’énergie, pour qu’il puisse être lu par ses amis littéraires, « mais aussi », ajoute-t-il, par [ses] des amis de Témis qui ne consacrent pas leur vie à la littérature. «Je voulais que tout le monde puisse s’amuser. »
«Mon livre ne traite pas d’un sujet très sérieux et j’ai voulu éviter une éventuelle lourdeur en utilisant l’humour», explique ce professeur de cégep, qui vit maintenant au Lac-Supérieur avec son amoureux. , médecin.
Mais c’était aussi un défi de rester dans le domaine littéraire. J’ai longtemps eu peur d’avoir écrit un livre de blagues.
Julien Beaupré
Une peur qu’il peut chasser, car cette histoire d’un adolescent qui craint les volcans, qui accompagne sa mère au supermarché de la ville voisine d’Ontario et qui sauve son petit frère de la noyade (comme) est avant tout débordante de tendresse et d’érudition. , tous deux mal camouflés sous plusieurs couches de beaux délires.
Pour Julien Beaupré, l’écrivain américain Kurt Vonnegut était un modèle. « Il y a quelque chose de très intelligent, de très humaniste dans son œuvre, en même temps qu’une critique sans concession de sa société. Il est alors capable de vous écraser au sol d’un simple trait de stylo. Ça fait rire, ça fait mal, mais ça réconforte en même temps. »
On pourrait dire la même chose de Coconade.
Coconade
Julien Beaupré
Éditions House on Fire
280pages
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