Entre l’écriture sensuelle d’Audrée Wilhelmy, d’Anna Funder qui réhabilite Madame Orwell, et l’apocalypse annoncée par Stephen Markley, il y a de quoi traverser tous les sentiments.
1. Le déluge
Un roman choral vertigineux, exaspérant et réaliste autour de l’effondrement et du changement climatique, Le déluge de Stephen Markley ne raconte rien de moins que le monde d’aujourd’hui et celui de demain.
« Entre le prophétique Un ciel si bleu par TC Boyle, une côte ouest en flammes et une Floride sous les eaux, ou le remarquable Cabane par Abel Quentin, qui prend comme point de départ le rapport Meadows de 1972, changement climatique n’a jamais autant fait partie de la fiction que ces dix derniers mois. C’est peu dire que la fresque de l’Américain Stephen Markley, auteur du mémorable Ohio (2020), tout le monde est d’accord. Dix ans d’écritureune tentative de livrer à son éditeur une version de plus de 2 000 pages -in fine, Le déluge en fait un peu plus de la moitié -, un travail de documentation rigoureux et époustouflant avec des arguments scientifiques et des prédictions pour une lecture, certes effrayante, qui doit autant au roman social qu’au roman noir car ce que l’auteur brosse et décrit nous met face à ce que nous vivons déjà. N’en déplaise aux climato-sceptiques et pour les théoriciens du complot, les récentes catastrophes naturelles comme celle qui vient de ravager Valence et sa région sont les conséquences du réchauffement climatique. Période. »
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2. L’Invisible Madame Orwell
Derrière chaque grand homme se cache une femme, dit la sagesse populaire. Derrière George Orwell aussi, selon Anna Funder.
” Avec L’Invisible Madame OrwellAnna Funder s’efforce de mettre en lumière la façon dont George Orwell a été non seulement soutenu, nourri, inspiré, motivéenrichi tant intellectuellement que matériellement par son épouse Eileen O’Shaughnessymais aussi comment cette dernière a été constamment rendue invisible. ” Comment faire disparaître une femme ? »se demande-t-elle, comme on demanderait comment faire disparaître un corps. »
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3. Peau de sang
On entre avec force, forme et viscères dans le nouveau livre d’Audrée Wilhelmy (Sangs, Résine blanche).
« Entre le western (et autant statuts archétypaux qu’on trouverait en Occident : médecin, notaire, maire ou même orphelin) et le conte sombre (comme chez Angela Carter, impossible d’empêcher les loups de rôder mais Peau de sang trouve son autonomie et son ascendant aussi à travers le corps), Audrée Wilhelmy façonne un personnage inoubliable. Sa langue devient ici une chambre d’écho émouvant et poétique (un peu à la manière de Lobo Antunes), diffracté à travers les sensations et les relations, et pousse plus loin l’expérimentation. Voilà un auteur dont la belle singularité sauvage méritait de trouver une maison qui lui ressemble. »
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