C’est un roman qui prend aux tripes et nous ouvre les yeux sur le sort des enfants placés, que ce soit à la maison ou dans un pays en guerre comme l’Ukraine. Avec « Le Courage des innocents », la Niçoise Véronique Olmi nous emmène sur les traces de Ben, son personnage principal. Un homme engagé, que l’on suit d’abord en France dans des foyers où il se rapproche de son demi-frère, puis en Ukraine où il affronte la cruauté de la guerre. Au cœur de la Fête du livre varois, l’auteure nous en dit plus sur son roman.
Les enfants sont au cœur de ce livre…
C’est un livre qui s’écrit un peu comme une tragédie. Je pars d’une base qui, pour nous Français, est connue avec des foyers et une aide sociale à l’enfance. Je pars de ce postulat dans un pays riche et je pousse à discuter de la situation des enfants issus de foyers dans un pays en guerre. Pour rendre compte de cette tragédie, j’ai créé le personnage de Ben, une sorte de figure christique.
Comment définiriez-vous ce personnage ?
Je me suis posé la question de savoir si dans ce monde que nous connaissons, au bord de l’effondrement, quelqu’un avec autant d’idéal et de charisme que Jésus-Christ – peu importe le rôle qu’on lui donne, je ne m’en soucie pas – si cet être revenait aujourd’hui, que pourrait-il faire ? Ce personnage est non violent, il est attiré par toutes les personnes exclues. Les enfants sont le summum de l’innocence, ils sont notre humanité, alors que pourrait faire cet homme pour eux ?
Quel a été le déclic pour écrire ce livre ? Est-ce la situation en Ukraine ?
Mon précédent roman, « Le Kid », parlait d’un petit garçon assisté public en 1930 en France. En présentant ce livre, j’ai reçu de nombreux témoignages de personnes qui avaient des personnes du public dans leur famille et c’étaient toujours des discours pleins de secrets et de souffrance. Alors, je me suis intéressé à la situation actuelle. Je suis allée au tribunal pour enfants, au cabinet d’un juge… J’ai écouté des témoignages pendant des mois, puis la guerre en Ukraine a éclaté. Cela avait un écho terrifiant et j’avais envie d’aller jusqu’au bout.
Le livre est très réaliste, comment l’avez-vous documenté ?
Comme chacun peut le faire, avec des reportages sur France TV ou Arte, dans les journaux, mais aussi sur TikTok ou Telegram. Ensuite, j’ai rencontré des habitants de Kherson, des reporters de guerre… Ensuite, je dois traduire cela en fiction car je ne suis pas journaliste. Je crée des personnages auxquels on peut s’identifier pour aller jusqu’au bout de l’histoire.
Les scènes où l’armée russe arrive dans les maisons pour kidnapper les enfants sont glaçantes tant elles sont réalistes…
Tout cela peut être vu sur Internet, car c’est ce que prétendent les Russes. Tout est filmé, l’arrestation comme l’accueil de ces enfants qui arrivent en Russie par avion ou par train. Nous voyons ces enfants qui viennent d’être kidnappés dans des colonies de vacances, dans des hôpitaux ou dans des orphelinats, arriver avec de nouvelles familles. Tout cela fait partie de la propagande russe.
Il existe de nombreuses similitudes avec le nazisme…
Oui, il y a des similitudes avec les enfants polonais pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi avec l’Espagne de Franco, l’Argentine, ou encore ce que les Canadiens et les Australiens faisaient avec les peuples autochtones, c’est-à-dire prendre la force vive, ce qui est malléable. Mais cela provoque un traumatisme irréparable chez ces enfants dont la vie est ruinée.
Dans une première partie, vous évoquez la situation en France et notamment les adultes qui quittent leur domicile et se retrouvent livrés à eux-mêmes…
Un sans-abri sur quatre vient d’un refuge. A 18 ans, il y a des sorties sèches. Le jour de votre anniversaire, la porte vous est ouverte et si vous n’avez nulle part où aller, c’est votre problème. Il existe des contrats pour les jeunes adultes pour les accompagner jusqu’à 21 ans, mais sous certaines conditions… Des lois existent contre les sorties ou les placements en hôtel, pour contrôler les familles d’accueil ou les associations mais elles ne sont jamais appliquées. Comment pouvons-nous espérer que notre société s’améliorera si, jour après jour, nous créons des gens désespérés qui n’ont nulle part où aller ?
Var Book Festival, Place d’Armes in Toulon. Rens. www.fetedulivreduvar.fr
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