Ôh pinaise, trente-cinq ans ! Eh oui, cela fait maintenant trente-cinq ans que nous apprécions les aventures d’Homer, Marge, Bart, Lisa et Maggie, la famille la plus célèbre de la télévision : Les Simpson. La sitcom animée de Matt Groening compte, à ce jour, 36 saisons et 774 épisodes diffusés depuis 1989 ! Une longévité exceptionnelle, doublée d’une popularité continue – en France, disponible sur Disney+, la série est l’une des plus vues de la plateforme. Les Simpsonc’est aussi une saga fantastique… en coulisses.
Durant ces trente-cinq années, il y a eu des victoires, des doutes, des crises, des surprises et beaucoup (beaucoup) de plaisir. Thomas Pillon raconte cette épopée dans Bienvenue chez les Simpsons, l’incroyable histoire vraie de la série cultedisponible depuis le 21 novembre chez Third éditions. Une œuvre qui se dévore comme un succulent beignet et explique comment, saison après saison, se façonne un monument de la pop culture. Les débuts ont évidemment joué un rôle crucial. On rembobine.
Le 17 décembre 1989, à 20h30, la chaîne américaine Fox dévoile le premier épisode, « Deadly Christmas ». Après avoir été les héros de vignettes dans une émission de télévision populaire, Les Simpson ont donc leur propre montrer. Aux commandes : Matt Groening, le créateur ; James L. Brooks, le producteur ; et Sam Simon, le showrunner. Comme le titre l’indique, l’épisode est un spécial Noël. Un rendez-vous incontournable pour toute bonne sitcom qui se respecte, mais pas par quoi on commence… » Les Simpson devaient démarrer à l’automne 1989 et “Mortal Christmas” n’était pas destiné à en être le pilote, explique Thomas Pillon. Mais le pilote initial – « One Evening from Hell » – revient de Séoul, où se tourne une partie de la série, avec un niveau d’animation catastrophique. Ce n’est pas diffusable. L’équipe parie alors qu’il est possible de corriger le tir. »
L’inquiétude gardée sous silence à la chaîne, un travail acharné et une meilleure collaboration avec le studio coréen permettent de relever le défi. Les Simpson sont annoncés pour décembre. Afin de respecter le calendrier, la Fox a choisi « Deadly Christmas » pour ouvrir le bal. Cependant, l’épisode n’était, logiquement, pas conçu pour présenter les personnages. Nous suivons la famille qui se prépare pour les vacances et connaît de sérieux soucis financiers. Malgré cette programmation étonnante, « Mortal Christmas » a reçu un accueil dithyrambique de la part des téléspectateurs et des médias.
La clé du succès ? ” Les Simpsonc’est un ton libre et différent. Même s’il connaît une fin heureuse, « Deadly Christmas » ne se retient pas d’évoquer la réalité de la classe moyenne américaine confrontée à des fins de mois difficiles. Contrairement à d’autres sitcoms, Les Simpson ne subliment pas le quotidien », analyse Thomas Pillon. Autrement dit, les Américains se reconnaissent dans cette série qui, derrière les rires, est plus profonde qu’il n’y paraît.
Clash en coulisses, Homer dans l’espace et Spider-Cochon
Les premières saisons doivent beaucoup à Sam Simon, décédé en 2015. « Il constituait la quasi-totalité du pool d’écrivains, parmi lesquels Al Jean, Mike Reiss, Wallace Wolodarsky, John Swartzwelder, etc. Les Simpson. Sam Simon donnera son style à la sitcom. Sous sa direction, les scénarios ont été constamment réécrits, approfondis et enrichis. Il ne prendra cependant jamais la lumière comme Matt Groening, dont l’implication fut moindre. Sam Simon était un forçat de l’ombre», commente Thomas Pillon.
Le showrunner nourrit du ressentiment envers Matt Groening. Elle sera même traduite dans le dixième épisode de la saison 3, « Un cocktail d’enfer ». Dans cet épisode, Homer est en colère contre Moe, le propriétaire du bar qu’il fréquente. Pour quoi ? Moe lui a volé une « recette » de cocktail et a fait fortune avec… On ne peut pas être plus clair. Dans les saisons 3 et 4, Sam Simon laisse son rôle de showrunner au duo Al Jean et Mike Reiss, tout en l’accompagnant. Las de ne pas voir venir la reconnaissance qu’il espérait, il quitte la série en 1993.
Un autre talent insuffle durablement sa vision dans la sitcom : David Mirkin. Showrunner sur les saisons 5 et 6, celle-ci se démarque. Thomas Pillon confirme : « Il ne fait pas partie de l’équipe d’origine. Avant son arrivée, il avait été showrunner pour d’autres programmes et travaillait dans le stand-up. Lorsqu’il prend les rênes, il s’intéresse davantage à la mise en situation et moins au complot. Toutefois, ce n’est pas l’approche adoptée jusqu’à présent. Fidèle à sa conviction, il écrit lui-même un épisode où il envoie Homère… dans l’espace ! Déroutant… Pour Matt Groening, David Mirkin s’éloigne du « réalisme sociétal » qui lui est cher. »
Thomas Pillon poursuit : « Mirkin insiste. Pour lui, on peut sortir des sentiers battus sans trahir les fondamentaux. Il réussit à amener Les Simpson vers l’absurde et le grandiloquent, ce qui restera. » « Homer in Space », quinzième épisode de la saison 5, vivra également une odyssée spatiale, au sens littéral, que décrit Thomas Pillon dans son ouvrage…
Les Simpsonc’est aussi la marque de David Silverman, réalisateur de nombreux épisodes et du film sorti en 2007 (la chanson « Spider-Cochon » est aussi la sienne). C’est aussi l’œuvre d’Alf Clausen, le compositeur, Dan Castellaneta, Julie Kavner, Nancy Cartwright, Yeardley Smith, les voix respectives d’Homer, Marge, Bart et Lisa et d’autres personnages et d’innombrables invités… Bref, c’est le œuvre d’un collectif, que rappelle avec force Thomas Pillon. Et, pour notre plus grand bonheur, l’histoire n’est pas terminée. Désormais, Al Jean et Matt Selman sont conjointement showrunner et Les Simpson voir un 36e saison actuellement diffusée.
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Mais qu’en est-il de son avenir alors qu’il passe sous pavillon Disney après le rachat de Fox en 2019 par la firme aux grandes oreilles ? Thomas Pillon avance une hypothèse : « Ce que fait le groupe Disney avec Guerres des étoiles permet d’imaginer ce qu’il pourrait entreprendre avec Les Simpsonà savoir l’exploitation de la licence sous de multiples formats. Cela a déjà commencé et pourrait s’intensifier. Il ne faut pas oublier que Les Simpson sont un argument majeur pour que les abonnements Disney+ et les produits dérivés se vendent en masse. » AttentismeDONC…
Bienvenue dans Les Simpsons, l’incroyable histoire vraie de la série culte, de Thomas Pillon (Troisième éditions, novembre 2024, 312 p., 29,90 €).
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