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l’analyse du Médiateur attendue en janvier

Début novembre, un peu plus d’un an après l’entrée en vigueur de la loi Darcos et de sa disposition relative au prix plancher des frais de port des livres, Amazon a répondu par une proposition pour le moins discutée. Le géant de la vente en ligne propose ainsi à ses clients des frais de port gratuits pour les livres retirés. dans les commerces vendant des livres notamment ».

Pour ce faire, elle s’appuie sur ses consignes automatisées ou sur des points de retrait installés au sein des supermarchés et hypermarchés qui vendent eux-mêmes des livres.

La multinationale assure être en conformité avec la législation, qui se réserve une exception au prix minimum des frais de port pour les achats collectés en «un commerce de vente au détail de livres« . Ce qui permet aux libraires, mais aussi à la Fnac ou à Cultura de pratiquer »cliquez et collectez” ou “cliqué-supprimé«… Comme Amazon ne dispose pas d’un réseau de magasins « physiques », les grands partenaires commerciaux sont exploités.

Bonne idée ou solution de contournement ?

La plateforme de vente en ligne Amazon a été, dès les premières discussions autour du texte, présentée comme la première opposante à cette mesure. En juin 2023, la filiale française de la multinationale a déposé un recours pour abus de pouvoir contre l’arrêté ministériel qui impose des frais de port minimum de 3 € pour les commandes de livres en ligne inférieures à 35 €, et de 0,01 € minimum pour celles supérieures.

Ce recours est toujours en cours d’examen, puisque le Conseil d’État a demandé à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de préciser si le droit européen autorise une telle mesure nationale, qui encadre l’exercice de services en ligne, dans le but de protéger ou de promouvoir diversité culturelle.

La Commission européenne elle-même avait exprimé de sérieuses réserves sur la régulation des frais d’envoi des livres, remettant notamment en question la légalité de cette disposition et son efficacité à entretenir un réseau dense de librairies ainsi que la diversité de l’offre éditoriale.

Depuis son entrée en vigueur en octobre 2023, Amazon a multiplié les attaques contre la législation, à travers des tribunes, des études commandées à l’IFOP et même cette proposition de maintien de la gratuité. Cette dernière action n’est pas sans rappeler aussi le 1 centime de frais de port appliqué par le géant, après l’interdiction de la livraison gratuite des livres à domicile en 2014…

Après l’annonce d’Amazon, le Syndicat français de la librairie a rapidement réagi, dénonçant un «contournement de la loi» par la multinationale. “La question est donc de savoir si un casier situé dans un hypermarché correspond à cette définition. [de commerce de vente au détail de livres, NdR]. De notre côté, nous en doutons, même si cet hypermarché vend des livres», nous a indiqué l’organisation.

Une mission pour éclairer

Toute la question réside donc dans la conformité de la solution choisie par Amazon avec la loi sur le prix unique du livre, qui reprend désormais, depuis la loi Darcos, les dispositions relatives aux frais de port applicables aux ouvrages commandés en ligne. Le texte présente ce point comme suit : «Le service de livraison du livre ne peut en aucun cas, directement ou indirectement, être proposé gratuitement par le détaillant, sauf si le livre est retiré chez un libraire.»

Il faudra donc trancher, en indiquant si l’interprétation d’Amazon est valable ou non. Lors de son audition par la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, au Sénat, ce mardi 5 novembre – jour de l’annonce d’Amazon – la ministre de la Culture Rachida Dati a assuré qu’elle saisirait le Médiateur du livre. .

Cette autorité de conciliation, créée en 2014, traite les litiges liés à l’application de la législation relative aux prix du livre, et la régulation des frais de port entre donc dans son champ d’action.

La lettre de mission, datée du 19 novembre 2024, vient d’être adressée à Jean-Philippe Mochon, l’actuel Médiateur du Livre. La ministre de la Culture Rachida Dati rappelle le contexte et la proposition d’Amazon, soulignant que «les principales voix du secteur considèrent […] qu’une telle pratique s’apparente à un contournement de la loi et que le retrait d’un livre commandé auprès d’un casier automatisé installé par exemple dans les murs d’un supermarché n’entre pas dans le champ d’application de l’exception prévue par la loi lorsque« le livre est récupéré chez un libraire »,même si ce supermarché vend des livres.»

Le document, qu’ActuaLitté a pu consulter, expose le nœud gordien qu’il faut résoudre : «La notion de retrait dans un commerce de vente au détail de livres est sujette à différentes interprétations.» Rachida Dati continues: “Au vu de ces fortes divergences, je me demande quelles devraient être les conditions de retrait des commandes de livres suffisantes pour répondre aux exigences prévues par la loi pour que la gratuité puisse s’appliquer dans le respect des grands équilibres souhaités par le législateur. .»

LIRE – Livraison à 3 € : pour Amazon, la lecture en paie toujours le prix

«J’espère que vous pourrez contribuer à une lecture partagée du système législatif qui respecte pleinement son esprit.», ajoute le ministre. Le Médiateur du Livre devra mettre les éléments sur la table, entendre les différentes parties et tenter d’obtenir un consensus sur l’interprétation de la loi. Il n’imposera pas de sanction, car il ne s’agit pas d’une juridiction administrative – ce qui n’empêchera pas une éventuelle procédure de ce type par l’une des parties concernées, si elle s’estime lésée (le SLF a indiqué qu’il n’exclut pas «éventuelle action en justice»).

Les conclusions de l’analyse du Médiateur et ses recommandations sont attendues par le ministre de la Culture »d’ici fin janvier prochain« . Cela laisse également la possibilité à Amazon d’appliquer ses frais de port gratuits aux livres livrés dans ses points de collecte pendant les vacances, période cruciale pour la vente de livres et les libraires.

Photography: Amazon lockers at the Val de Fontenay shopping center, Fontenay-sous-Bois (Chabe01, CC BY-SA 4.0)

Par Antoine Oury
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