En entretien avec Le SoleilCyndy Wylde est claire : la présence de son essai dans les rayons des librairies ne sonne pas la fin de sa démarche. Loin de là.
« Rédiger l’essai est une chose, mais c’est vraiment la suite qui est décisive. Si c’est intéressant, c’est parce qu’on réfléchit ensemble», affirme l’auteur de la communauté Pikogan située au nord-est de l’Abitibi-Témiscamingue.
Développé parallèlement à la rédaction de sa thèse de doctorat, l’essai publié en avril vulgarise notamment les problématiques liées aux femmes autochtones incarcérées. Elle-même employée du système carcéral depuis de nombreuses années, Cyndy Wylde raconte les réalités qui affligent les détenues autochtones tout en soulevant « la persistance du racisme systémique » envers les femmes des Premières Nations.
« Quand on fait une thèse de doctorat, c’est un sujet qu’on porte avec nous depuis plusieurs années et donc c’est sûr que j’ai affirmé avoir des éléments à partager là-dessus », raconte-t-elle. «C’est pour moi un prétexte pour reprendre certains éléments de ma thèse et les transformer en un essai grand public qui pourrait intéresser les gens aux enjeux du système.»
“Une crise”
Les femmes autochtones en détention ne sont pas traitées de manière adéquate, insiste l’auteur. De plus, les femmes des Premières Nations sont surreprésentées dans les établissements de détention du Québec. «Nous devons revoir tout le système», dit-elle lorsqu’on l’interroge sur les conclusions de ses recherches.
« C’est une crise pour moi et les chiffres le confirment. Au fédéral, une femme incarcérée sur deux est autochtone et, au Québec, une femme sur dix, alors que nous représentons 2,3 % de la population.
Malgré tout, Cyndy Wylde garde espoir. « Il y a tellement de mains tendues aujourd’hui que je ne pense pas que nous puissions revenir à une situation aussi négative qu’avant », souligne-t-elle. Parmi les occasions de dialogue, l’auteur considère le Salon du livre des Premières Nations comme une occasion « d’encourager l’écriture autochtone » et de « reconnaître la prise de parole ».
« C’est un espace culturellement sécuritaire pour nous. C’est notre salon, se réjouit Cyndy Wylde. « Voir toute cette littérature autochtone me rend si fier parce que je me dis que nous avons tellement de choses à partager et à discuter. »
Tendez la main
Publié aux Éditions Hannenorak, son essai lui permet désormais d’établir un dialogue avec ses lecteurs. Son « intention première », en réalisant ce projet, a toujours été d’engager une réflexion sur d’éventuels changements, assure-t-elle.
“On parle beaucoup de traumatismes intergénérationnels, mais il y a aussi de belles choses qui se sont transmises de manière intergénérationnelle, notamment l’insubordination.”
L’auteur souligne également son utilisation quasi systématique d’exemples concrets et personnels pour illustrer son propos tout au long de l’essai. Elle constate une meilleure compréhension et une meilleure assimilation des réalités expliquées lorsqu’elle fait cela.
« Je voulais que cela suscite le débat et la réflexion. Il ne s’agit pas de s’apitoyer sur son sort, pas du tout, il s’agit d’illustrer tous les domaines où cela ne marche pas et ce qu’il est possible de faire en tant qu’individu et en tant que société.»
Le Salon du livre des Premières Nations se tiendra du 14 au 17 novembre. Cyndy Wylde participera notamment à l’entrevue « Survivre et léguer au féminin » à la Maison de la littérature, le vendredi 15 novembre.
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