Visiteurs, auteurs et éditeurs ont regretté l’absence au Salon international du livre d’Alger du roman « Houris » du lauréat du prix Goncourt, l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, après l’interdiction faite à sa maison d’édition, Gallimard, de présenter ses ouvrages. là.
Pour sa 27ème édition qui se tient du mercredi au 16 novembre, ce salon accueille un peu plus d’un millier d’éditeurs représentant 40 pays dont 290 éditeurs algériens, venus présenter plus de 300 000 livres.
L’interdiction de participer au Salon d’Alger a été notifiée aux éditions Gallimard début octobre, lorsque « Houris », le roman de M. Daoud sur les violences de la « décennie noire », la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1992 et 2002, était déjà considéré comme l’un des grands favoris du Goncourt.
Le livre n’a pas pu être publié en Algérie, où il tombe sous le coup d’une loi interdisant tout ouvrage sur cette période sanglante qui a fait au moins 200 000 morts, selon les chiffres officiels. Cependant, il y circule déjà largement sous terre.
Rencontrée par l’AFP au salon du livre, l’écrivaine Samia Chabane, 64 ans, s’est déclarée “contre l’interdiction de quelque livre que ce soit”. « Je préfère que les gens se forgent leur propre opinion, lisent le livre par eux-mêmes », affirme l’auteur d’une récente autobiographie intitulée : « Histoires d’Alger et d’ailleurs, l’histoire d’une femme libre ».
Pour elle, interdire les « Houris » en Algérie, « cela revient quand même à un autodafé. Cela nous ramène des siècles en arrière. Cela ne donne pas aux gens les outils nécessaires pour pouvoir dire : il a raison, il n’a pas raison.
Mme Chabane, qui affirme “avoir tout lu de Kamel Daoud, un grand écrivain”, n’a pas voulu se plonger dans “Houris”, car elle “ne veut pas revivre les horreurs de ces années sanglantes”.
– «Premier Algérien de l’histoire» –
Makdoud Oulaid, chirurgien de 63 ans, a lu le roman. Pour lui, l’attribution du Goncourt à M. Daoud, souvent critiqué en Algérie pour sa proximité avec le président français Emmanuel Macron, est plus “liée à la situation politique” qu’aux qualités de l’ouvrage.
Les relations entre Paris et Alger, en difficulté depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, sont à nouveau très tendues après que la France a apporté fin juillet un soutien accru au plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental. , où l’Algérie soutient les indépendantistes du Polisario.
Alger a perçu ce revirement français comme une trahison, retirant immédiatement son ambassadeur à Paris et annonçant de nouvelles représailles.
L’éditeur algérien Sofiane Hadjadj, 51 ans, fondateur de la maison Barzakh, qui a publié en 2013 en Algérie le premier roman de M. Daoud “Meursault, contre-enquête”, n’a pas vraiment voulu commenter l’interdiction de “Houris”.
« C’est un salon international du livre, organisé par le ministère de la Culture. Nous devons donc respecter un certain nombre de règles. Il existe des lois qui régissent la publication de livres. C’est tout à fait normal”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Hassina Hadj Sahraoui, directrice de publication de 62 ans, regrette l’absence du livre en Algérie et souligne qu’« il est le premier Algérien de l’histoire » à recevoir le Goncourt, considéré comme la récompense la plus importante de la littérature francophone. .
« Nous avons Assia Djebar (écrivaine décédée en 2015) qui a remporté de nombreux prix et a été membre de l’Académie française, et maintenant nous avons Kamel Daoud, qui lui succédera peut-être un jour », souligne-t-elle.
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