Avec son vingt-quatrième ouvrage, elle clôture ce cycle littéraire. “Quand je l’ai remis à mon éditeur, Léo Scheer, je lui ai dit que ce serait le dernier, elle se souvient. Et il est mort peu de temps après. Ai-je eu un pressentiment ? J’ai commencé à écrire à 39 ans alors que je n’en avais jamais eu l’idée. J’étais un grand lecteur, mais tous ces écrivains prestigieux qui entouraient mon père me semblaient appartenir à un monde inaccessible. Et mon parcours littéraire a démarré très vite puisque, pour mon premier livre, j’ai été invité par Bernard Pivot à Apostrophes. J’ai alors vécu un voyage que je souhaite à tous les écrivains.
“La vérité est plus courageuse que le mensonge”
Cette annonce de fin de carrière est bien pensée.
“J’arrête parce que, dans le monde tel qu’il est, je ne me sens plus très à l’aise. La littérature est censée jouir d’une totale liberté et se mettre en danger, sans pour autant être immédiatement assassinée sur les réseaux sociaux. A l’écrit, on nous assigne la vérité, je ne vois pas l’intérêt de mentir. Je n’aime pas faire semblant, la vérité est plus courageuse que le mensonge. Mais si je mets roman en couverture, c’est parce que les souvenirs qui reviennent sont ceux qui vous reviennent à votre âge. Il y a un élément romantique.»
Dans Tu ne vois pas que je brûle, exclamation tirée d’un rêve cité par Freud, elle revient sur la mort de son frère à 33 ans, une «cataclysme» pour elle, et, alors qu’elle avait 16-17 ans, lors du départ soudain et extrêmement violent de sa mère, déjà séparée de son mari. Mais c’est d’abord autour de la figure paternelle que cela « tourne »vrai roman« . A celle de Maurice Rheims, commissaire-priseur et académicien français décédé en 2003, s’ajoute celle d’un célèbre psychanalyste identifié uniquement par son prénom, Serge. Cet analyste, avec qui elle suit une thérapie (gratuite) depuis son plus jeune âge et auquel elle est profondément attachée, était en fait l’amant de sa mère au moment de sa conception. D’ailleurs, comme si ce doute l’habitait inconsciemment, l’homme dont elle porte le nom, elle l’a. elle appelait toujours Maurice, jamais papa, contrairement à ses frères et sœur, alors qu’elle appelait sa mère maman.
“Si Maurice m’a appris à être curieux et à regarder la beauté qui nous entoure, c’est sûrement le fait d’avoir été écouté si longtemps et de manière si profonde qui m’a donné les clés pour écrireelle croit. Suivre une psychanalyse à un si jeune âge rend plus lucide sur soi-même et plus mature. A 10 ans, j’étais déjà adulte, je savais ce que je voulais.»
Nathalie Rheims, « Ne voyez-vous pas que je brûle », Léo Scheer, 146 p.
Related News :