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L’histoire des trains en Afrique dans un livre

Saviez-vous que pour construire une ligne TGV, le train à grande vitesse, il faut débourser 20 millions d’euros par kilomètre ? Saviez-vous qu’en Afrique, les chemins de fer n’ont pas le même écartement, ce qui empêche les transports entre les pays ? Autant de questions et réponses insolites dans le livre de l’un des plus grands connaisseurs de trains au monde ! C’est d’ailleurs lui, Clive Lamming, qui a été choisi pour conseiller le tournage du cinéaste Martin Scorsese ! Clive Lamming publie cette semaine son nouveau livre : Une histoire de trains insolitepublié par Alivio.

RFI : Votre travail est très original. Beaucoup de photos et d’histoires! Nous découvrons les débuts du chemin de fer en Afrique. L’origine, dites-vous, est liée au colonialisme européen.

Clive Lamming : Oui. Là et le Royaume-Uni ont été les premiers à construire en Afrique. France, pour le réseau en Algérie, Tunisie et Maroc. Le Royaume-Uni, pour l’Egypte et l’Afrique du Sud.

L’origine du transport ferroviaire est liée aux besoins d’approvisionnement en matières premières et en marchandises. Le souci du transport de personnes est venu bien plus tard !

Parfaitement. A l’origine, le charbon, principale Source d’énergie à l’époque (XXème siècle) qui était destinée à être transportée à travers un pays ou une région, vers les pays voisins.

Avec un gros problème… L’écartement des rails était standardisé, commun aux colonies françaises. Mais différent de celui des pays équipés par le Royaume-Uni.

Les trains ne peuvent donc pas circuler d’un pays à l’autre. Le gabarit européen standard est de 1,435 m. En Afrique, si vous souhaitez voyager d’un pays à l’autre, avec le peu de trajets disponibles, c’est impossible ! Vous devez changer de train ou changer l’écartement des voies. Ce manque d’harmonisation augmente les coûts et les temps de parcours des convois.

Aujourd’hui, vous déplorez l’absence de chemins de fer modernes sur tout le continent.

C’est dommage, l’Afrique est sous-équipée en trains. D’ailleurs, à l’image de l’Amérique du Sud qui manque de trains et de réseaux. Ce n’est pas seulement un problème politique ou économique, je dois dire que les pays montagneux, où les régions restent peu peuplées et en hauteur, ne facilitent pas la construction.

Maintenant, avec une différence… Nous dites-vous qu’en Afrique, il y avait un projet de réseau ferroviaire à travers tout le continent ?

C’était l’Union africaine des chemins de fer ! Il s’agissait de relier le sud au nord et l’est à l’ouest. Ce projet revient de temps en temps dans les conférences africaines ! Mais je crains qu’avec les guerres et les violences actuelles, elle soit vouée à l’échec.

Les Chinois ont doté la Grèce des gabarits normalisés en Europe (1 453 m). Ont-ils fait la même chose dans les pays africains qu’ils ont équipés ?

Oui ! Les deux exemples les plus importants sont l’Éthiopie et Sierra Leone. La Chine a construit des chemins de fer traditionnels avec des trains conventionnels. Et ça marche très bien !

Les Chinois sont connus pour leur « entréenisme » en matière de transports sur des continents sous-équipés. On le voit pour la construction de ports, de routes ou d’aéroports. Est-ce pareil pour le train ?

Oui. La majorité des pays africains n’ont pas l’argent nécessaire pour construire un réseau ferroviaire. Même en Europe, vous savez ! Une ligne TGV coûte 20 millions d’euros le km ! Le train coûte cher et prend beaucoup de temps à construire. Viennent ensuite l’entretien et les travaux réguliers des voies. La stratégie chinoise est efficace. Ils proposent aux pays de construire des infrastructures gratuitement en échange de négociations commerciales.

Oui, au risque de voir les pays s’endetter. Parfois, ils le regrettent même, car ils ne peuvent plus payer les grosses sommes !

Peut-être, mais quand ça marche comme Ethiopie ou la Sierra Leone, c’est une bonne chose.

Cette année, le nouveau président du Pérou a appelé la Chine à venir construire des chemins de fer dans son pays. Lorsqu’on vous interroge sur l’avenir des trains en Amérique latine, voire aux États-Unis, vous dites que vous n’y croyez pas vraiment.

Pour une raison simple : les distances trop longues ! Pour les denrées non périssables et les matières premières, ça vaut le coup. Mais pour les gens, voler est désormais devenu une habitude. Le train est rentable dans les petits pays à forte densité de population. Le Japon et la Suisse ! Ce sont les pays champions du train, dit-on.

Votre livre est plein d’images ! On passe des photos d’archives aux photos les plus futuristes avec des chapitres sur des maquettes de trains ou de moyens de propulsion restés au stade du dessin ou tombés dans l’oubli !

Vous savez, j’ai passé ma vie à me passionner et à écrire sur les trains. Je suis historien. Mon métier me permet de comparer les époques et de tout voir ! Des projets de train les plus insolites aux voyageurs les plus exigeants ! Je consacre un chapitre entier aux trains des rois !

Ouvrons enfin votre chapitre dédié aux métiers ferroviaires. De l’aiguilleur au chauffeur, vous nous offrez une belle galerie de photographies de tous les pays et de toutes les époques, encore une fois ! Alors, pour les jeunes auditeurs de RFI qui vous lisent, quels sont aujourd’hui les métiers des passionnés du train ?

Tous les emplois ferroviaires sont formidables ! Aujourd’hui, l’informatique change les métiers. Mais le train, finalement, reste assez classique. Nous aurons toujours besoin de personnel pour réparer les voies. Le métier d’ingénieur est sans doute le plus emblématique de l’avenir. Pour faire fonctionner les machines, il faudra toujours des humains. J’ai formé de nombreux ingénieurs et je constate que les jeunes femmes et hommes d’aujourd’hui sont passionnés par l’invention de différents modèles. Les ingénieurs ferroviaires ont un bel avenir…

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