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un livre pour sensibiliser

Comment en finir avec le « papatriarcat », ce terme utilisé par Cédric Rostein dans une série de podcasts contre les stéréotypes de genre entre parents ? C’est la question que se posent les deux auteurs et journalistes Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain, qui avaient déjà frappé fort avec leur travail Les contraceptives.

Dans L’arnaque des nouveaux pèresDans une bande dessinée publiée le 11 septembre 2024 aux éditions Glénat, ils s’interrogent sur ce que sont réellement ces « nouveaux papas », devenus stars sur les réseaux sociaux.

« J’ai toujours été frappé par certains gars de ma génération, qui ont très bien intégré la notion de lutte des classes et ses phénomènes de domination, mais ont plus de mal à le faire lorsqu’il s’agit d’égalité femmes-hommes. Et qui pensent avoir résolu le problème de leur foyer parce qu’ils assistent à une réunion parents-profs une fois par an”tackle Stéphane Jourdain.

Guillaume Daudin doit cet éveil des consciences à ses amies, dont beaucoup “des amis qui me disaient qu’ils n’en pouvaient plus, qu’ils géraient trop de choses à la maison.” Y compris le concept de « charge mentale », mis en lumière par la sociologue Monique Haicault et popularisé par l’auteure de bande dessinée féministe Emma. Dans son environnement qu’il reconnaît “privilégié”il voyait clairement que les choses n’avaient pas tellement changé.

Ne cherchez pas « la médaille » à chaque fois

À commencer par votre propre maison. La bande dessinée s’ouvre sur le quotidien des deux pères, applaudis par leurs amis après être apparus sur les réseaux sociaux en train de faire des châteaux de sable avec leurs enfants. Le tout en oubliant la bouteille d’eau et la crème solaire, et en préférant conduire plutôt que gérer la tribu à l’arrière de la voiture, comme le font les deux mamans.

Faire des châteaux de sable avec ses enfants, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant, dit la bande dessinée.
© (Editions Glénat)

Une mise en scène réussie, grâce au coup de crayon d’Antoine Grimée, mais pas si simple, puisqu’elle touche à l’intime (comme lorsque les deux auteurs décident de parler de parentalité avec leurs propres pères). « Le format BD est super pour ça, ça parle tout de suite »recognizes Stéphane Jourdain.

De cette autocritique naît un souhait : « Ce serait bien que la génération des nouveaux papas se dise qu’ils n’ont pas besoin d’être applaudis à chaque fois qu’ils font quelque chose. » ajoute celui qui regrette le besoin constant de “médaille” ou de « reconnaissance sociale ».

Mais ce combat, c’est aussi proposer des exemples à suivre. C’est le cas de « Vianney », utilisé en bande dessinée. « On le voit se mettre en scène en train de préparer une bouteille. C’est repris par un magazine people qui dit : “Il est génial, il aide sa copine”déplore Guillaume Daudin. Et en même temps, on le voyait mettre sa carrière entre parenthèses pour s’occuper de son enfant. Ici, le modèle peut avoir du sens car il montre à de nombreux autres pères que c’est possible. »

D’autant que la compte peu de figures inspirantes en la matière, estime Stéphane Jourdain. « C’est le cas dans le monde anglo-saxon, mais ici, nous manquons de célébrités masculines qui mettent en avant des choses liées à leur statut de père… »

Des tâches « visuelles et rentables »

Dans leur BD, les auteurs abordent, en s’appuyant sur des chercheurs, plusieurs pistes pour soulager les mères des couples hétérosexuels. “Comme des listes, qui permettent de noter toutes les tâches réalisées, de dire combien de temps cela a pris et le ressenti de chacun par rapport à cela”, cite Guillaume Daudin. Tout en lui attribuant une valeur. Parce que jouer avec son enfant ou faire la lessive, ce n’est pas la même chose.

Selon les différentes études citées par les auteurs, les pères auraient augmenté le temps passé avec leurs enfants, mais principalement pour des tâches dites « valorisantes ».
© (Editions Glénat)

« Ce qui est ressorti de notre enquête, c’est que les pères effectuent principalement des tâches visuelles et rentables, d’un point de vue sociétal : je joue avec mon enfant, je lui lis des livres, je l’emmène au parc. »

Alors pour montrer que certains veulent s’investir à 100%, ils suivent un parcours de « papas » pour leur enquête, ce qui est relativement coûteux mais « très utile ». On apprend à changer une couche, à laver le nez d’un bébé, et on se confie, sans filtres, sur les inquiétudes liées au rôle du père. « Ces cours devraient être remboursés par la Sécurité sociale ! »s’exclame le Guillaume Daudin de la bande dessinée, quand les cours de pré-accouchement préparent insuffisamment les futurs papas.

Pour leur BD, les auteurs ont suivi un cours de préparation aux futurs pères.
© (Editions Glénat)

C’est peut-être là l’élément central de la bande dessinée, avoue-t-il. « Le but du livre est justement de provoquer cette prise de conscience chez les pères, en leur disant qu’ils peuvent jouer un rôle à part entière. » Et pas celui “d’un assistant ou d’un soignant”. « Tout le monde gagne. »

 
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