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Magyd Cherfi, présidente libre du Festival du livre de Mouans-Sartoux qui démarre ce vendredi

Séances de dédicaces et interviews autour de son excellent roman, « La Vie de ma Mère », rencontre avec des écoliers, projection de l’adaptation de son livre « Ma part de Gaulois » au cinéma, débat sur le thème « Une société fraternelle est-ce possible ? » avec l’ancien footballeur Lilian Thuram et l’historien Pascal Blanchard, ainsi qu’une lecture musicale justement intitulée « Longue haleine ».

Celui qui partage la présidence du Festival du livre de Mouans-Sartoux avec l’actrice Isild Le Besco n’aura pas une minute pour lui durant les trois prochains jours. Rien d’inquiétant pour le Toulousain de 61 ans, découvert du grand public en 1998 avec “Essence Ordinaire”, un album certifié double platine qui comprenait le tube “Tomber la chemise”.

Lors de ce festival de Mouans-Sartoux, auquel il a participé à plusieurs reprises, Magyd Cherfi entend rester fidèle à la devise de cette 37e édition : « Voix libres ». Avant ce marathon, le Toulousain, Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres depuis 2017, s’est vu offrir un petit échauffement.

Pourquoi avoir accepté ce rôle de co-président ?

Je ressens une certaine fierté. J’aime être dans des endroits comme ça, où on sent qu’il y a un engagement. à travers les livres, les films, les concerts, il y a un sous-texte, une lutte contre tout racisme. En tant qu’auteur engagé, je sens que j’ai ma place dans toutes mes œuvres.

Que signifie pour vous aujourd’hui être une voix libre ?

C’est une voix qui ne va pas forcément dans le sens de la majorité. Il est bon de dire que nous avons des valeurs progressistes, que nous croyons en une société multiculturelle, que nous croyons à la richesse de l’immigration et non au danger de l’immigration.

Même si l’on est conscient que c’est un message qui passe bien moins que l’idée de menace.

Est-ce qu’il vous arrive de vous décourager ?

Découragé? Oui, parce que mon camp, le camp de la gauche, a abandonné. J’ai un souvenir particulièrement dur de François Hollande, lorsqu’il proposait une loi sur la déchéance de nationalité (1). En 1981, Mitterrand avait proposé le droit de vote aux immigrés, mais cela n’a jamais été réalité. Ce droit aurait fait aimer la France à mes parents et à d’autres. Au lieu de cela, nous sommes restés coincés dans des quartiers, entassés, avec le sentiment de ne pas appartenir à la nation. […] Nous sommes devenus les boucs émissaires, la cause de tous les maux de la France.

« La vie de ma mère », publié en janvier dernier chez Actes Sud, évoque ces sentiments. Mais il parle aussi d’émancipation et de féminisme…

Il était naturel pour moi de parler des femmes immigrées, mais sous prétexte de défendre les femmes en général. En tant que fils d’immigrés, je suis devenu féministe parce que j’ai trouvé que leurs revendications en matière de salaires, de discrimination et d’humiliations de toutes sortes faisaient écho aux nôtres. Le féminisme est un thème central de la lutte politique. Moins les femmes seront opprimées et niées, plus nous accéderons à une forme supérieure de civilisation.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût d’écrire ?

J’ai eu la chance d’avoir des parents qui se souciaient de notre éducation. Dans les quartiers, c’est souvent le football qui occupe toutes les pensées. Pour moi, c’était la littérature du XIXe siècle. Et en fait, dès que j’ai su écrire, j’ai compris ce que cela signifiait. J’ai vu ce genre de chagrin insondable chez ma mère, de ne pas savoir lire, parler ou écrire en français.

Y a-t-il une œuvre qui a servi de déclencheur à votre roman ?

Je peux vous citer « La Promesse de l’aube », de Romain Gary. L’histoire d’une mère prête à tout sacrifier pour que son fils grandisse. Mère de Romain Gary, elle avait des références. Elle pourrait lui dire : « Tu seras un tel, tu exerceras tel métier. » Ma mère n’avait pas ces références. Elle nous a dit [Magyd Cherfi est le cadet de ses sept enfants, ndlr]: ”Vous serez des stars”. Même étant enfants, nous sentions que le voyage allait être difficile, n’est-ce pas ! Mais c’était beau.

1. Après les attentats de Paris en 2015, François Hollande a souhaité réviser la Constitution pour pouvoir retirer la nationalité française aux binationaux en raison d’une « indignité » liée au terrorisme. Il a finalement fait marche arrière, avant de regretter publiquement cette décision.

Festival de sculptures Magyd :

– Ce vendredi : débat avec Lilian Thuram et Pascal Blanchard à 20h30

– Samedi 5 octobre : entretien sur « La vie de ma mère » à 15h, lecture musicale à 20h30

– Dimanche 6 octobre : projection de « Ma part de Gaulois » et débat à 10h30

Tous ces événements auront lieu au cinéma La Strada. Magyd Cherfi dédicacera son livre pendant trois jours sur le stand A036.

 
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