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ce roman impressionnant qui raconte notre futur proche va en ébranler plus d’un

Admettons-le, il faut un peu de temps pour s’y retrouver et connaître les différents personnages qui tirent les fils de ce récit dystopique : le climatologue Tony Pietrus, la militante écologiste Kate Morris, le génie des algorithmes Ashir al-Hasan, le toxicomane Keeper. et l’éco-terroriste Shane Acosta. Alors que le changement climatique perturbe de plus en plus la vie quotidienne des Américains, tous ces acteurs seront confrontés à un point de non-retour. Ceci, tandis que des fils vont peu à peu se tisser entre eux.

Hyperréalisme

Inondations, incendies, tempêtes de sable, hausse des températures, chutes de neige sans précédent, pénurie d’eau, sécheresse persistante, propagation de virus tropicaux, famine… Le tableau est saisissant, et l’hyperréalisme démontré par l’auteur même du REMARQUE Ohio (2020) est d’autant plus efficace qu’il s’inscrit dans la longueur narrative. Tout est très sombre dans Le Déluge, d’autant plus que les gouvernements successifs ne parviennent pas à prendre les mesures nécessaires. Que les marchandages politiques semblent ne jamais s’arrêter. Puisse l’argent continuer à être l’ogre qu’il est. Que la création de récits par des communicateurs sans scrupules induit en erreur les moins éclairés. Et les médias ne nous aident certainement pas à y voir clair.

« Ohio » de Stephen Markley : une jeunesse abandonnée dans le chaos américain

S’appuyant habilement sur l’évolution de personnages bouleversés par ce qu’ils vivent autant que par ce qu’ils sont, Stephen Markley n’hésite pas à se poser des questions éthiques. Jusqu’où doit aller l’écoterrorisme radical ? Pouvons-nous toujours compter sur l’énergie et la motivation de la nouvelle génération ? Est-il raisonnable d’avoir des enfants ? Quelles sont les sources d’activisme les plus efficaces : l’altruisme ou l’ambition personnelle ? Alors que la moitié des Américains sont confrontés à la famine, qui devrait être sauvé en premier ?

guillement

Aller lentement, c’est risquer la fin du monde.

Si les conditions de vie se compliquent dramatiquement, poussant d’innombrables migrants climatiques à la recherche d’un refuge et favorisant ceux qui ont les moyens de s’installer dans des lieux protégés tout en payant des primes d’assurance astronomiques, la mainmise demeure toujours. L’impact plus omniprésent de l’intelligence artificielle sur nos vies en ajoute une couche. de terreur. « Nous opérons à Washington comme si c’était encore une ville libre, mais il n’y a pas un mot, pas un geste, pas un site Internet, une photo ou un éternuement qui ne soit enregistré, classifié et soumis à l’examen d’une IA publique et privée. »

Coopération

Ainsi, les IA reconstruisent désormais le psychisme des gens, surveillent ou piratent tout le monde, alors qu’elles ne prédisent pas leur comportement. Les électeurs sont facilement manipulés. « Les algorithmes décident où investir pour que l’énergie reste abordable, que les marchés fonctionnent et que l’économie tourne. […]». Cependant, les humains restent humains, et c’est sans aucun doute leur opportunité. Car si le danger peut naître d’un comportement inconstant, égocentrique ou opportuniste, l’espoir peut toujours naître des mains tendues, des engagements, de la générosité, des désirs. C’est ainsi que Stephen Markley suggère qu’il ne sera jamais trop tard pour bien faire. Comme le prédit Kate Morris, c’est l’une des expériences sans précédent dans l’histoire de l’humanité à laquelle nous sommes confrontés. est une coopération entre les humains, qui nécessitera « la démocratie, l’organisation, la compassion, ainsi que la volonté et la capacité de faire face à l’urgence, main dans la main, tous ensemble ».

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Qu’il s’agisse de géopolitique, de science, de technologie ou de finance, Stephen Markley, qui s’est abondamment documenté et a travaillé pendant dix ans à l’écriture de ce roman hors du commun, est aussi sérieux dans ses affirmations qu’accessible. Emporté autant par une narration rythmée et variée des genres que par la profondeur et la complexité des personnages, on en oublierait presque la haute stature intellectuelle de l’œuvre. C’est un signe indubitable.

⇒ Stephen Markley | Le déluge | traduit de l’anglais (États-Unis) par Charles Recoursé | Albin Michel | 1041 pp., 24,90 €

 
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