« Ils n’ont rien compris ! Ce ne sont pas les bandes dessinées qui les intéressent. Ce qu’ils veulent, c’est savoir qui a tué Grégory Villemin. C’est le goût du sang qui les excite ! »
Pat Perna laisse échapper un moment de colère. Ce matin-là, son téléphone portable n’arrêtait pas de vibrer. Une télé, une radio, un journaliste qu’il ne connaît pas essaient de le contacter pour le faire parler Grégoire, le roman graphique qui paraît jeudi 3 octobre 2024 (éditions Les Arènes) et qu’il a créé avec le dessinateur Christophe Gautier.
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Depuis la terrasse de sa maison, à Chaudefonds-sur-Layon, au sud d’Angers (Maine-et-Loire), le scénariste écoute les messages, le regard perdu vers la vallée ouverte et ensoleillée. Bien loin des médias parisiens dont il se protège. Si loin de la Vologne, là où tout a commencé.
“J’ai essayé de faire le livre le plus digne possible”
Un soir du 16 octobre 1984, dans cette rivière vosgienne ruisselant d’eau, le corps d’un garçonnet de quatre ans a été repêché, attaché de la tête aux pieds, une casquette rabattue sur le crâne. Captée par un photographe de presse, l’image, sordide et choquante, va paralyser la France entière et lancer l’un des faits divers les plus retentissants de la fin du XXe siècle.e siècle, l’affaire Grégory.
Cette image n’est pas présente dans le livre. « C’était hors de question. J’ai essayé de faire le livre le plus digne possible. » Parisien de longue date, Pat Perna est un scénariste très recherché, habitué aux sujets difficiles. Il écrit des bandes dessinées mêlant enquête et récits historiques comme Mort pour la France sur le massacre des tirailleurs sénégalais en 1944 à Thiaroye. Un prochain ouvrage devra aborder les derniers jours du dictateur italien Mussolini, en avril 1945.
Avec Grégory (qui sera publié en deux volumes), il aborde un sujet encore plus sensible. Il sait que son livre est très attendu. D’autant qu’elle porte le témoignage des parents de l’enfant, Christine et Jean-Marie Villemin. « Nous parlons souvent en leur nom. Là, ils ont voulu dire leur vérité pour le 40ème anniversaire de la disparition de Grégory. Et la bande dessinée est pour cela un mode d’expression idéal, plus accessible que la littérature et moins sensationnel que la télévision. »
Pat Perna le sait…
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