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La nouvelle vie d’Alain Crevier

Le sous-titre du livre, Nos quêtes de sens et de liberté, nous ramène à l’Alain Crevier que nous connaissons. Le Crevier, qui a longtemps pris plaisir à s’interroger sur le sens de la vie, la nature humaine et, oui, la spiritualité.

Mais ne l’associez surtout pas à la religion catholique ! Il a même refusé d’être photographié aux côtés d’une statue religieuse au monastère des Augustines. “A Deuxième regardnous avons tellement essayé de fuir cela, de montrer que nous ne pratiquions pas de religion comme Le jour du Seigneurque nous faisions plus en philosophie, en explorant ce qui touche à notre humanité», laisse-t-il tomber avec franchise lors de sa rencontre avec Le Soleil.

Au monastère

Tout cela ne l’a pas empêché d’écrire la majorité de son livre au Monastère des Augustines.

« J’ai essayé d’écrire chez moi ou lors d’un voyage à Vancouver. C’était un fiasco !

— Journaliste et auteur Alain Crevier

C’est son amie, la romancière Hélène Gagnon, qui lui donne l’idée d’aller plus loin. « Elle a une maison dans la forêt et s’est fait construire une chambre complètement détachée de sa maison et c’est là qu’elle écrit », raconte Crevier, qui a bien connu le monastère pour avoir couvert l’actualité religieuse pendant de nombreuses années à Radio-Canada.

L’ancien hôte de Deuxième regardAlain Crevier, n’avait aucun projet avant de se lancer dans l’écriture de son premier livre.

«[Au monastère]ils m’ont trouvé une chambre en dessous des escaliers au troisième étage, ils m’ont donné une carte et m’ont dit : « Tu viens quand tu veux ! ». C’est ce que j’ai fait. Quand je suis entré ici, rien ne me dérangeait à part les sols qui craquaient et les touristes qui se déplaçaient », poursuit-il.

Il admet également qu’il n’avait « aucun plan » avant de se lancer dans l’écriture de son premier livre. « Ce sont des fragments, et je raconte une histoire avec le sentiment que ça fait quelque chose qui va ensemble », illustre-t-il.

Des rencontres marquantes

Voiture Êtrece sont avant tout des rencontres marquantes faites par Crevier au cours de sa vie. Des personnalités comme Elie Wiesel, survivant de la Shoah, la religieuse tibétaine Ani Choying Drolma, Mgr Desmond Tutu, évêque de Johannesburg et du Cap et militant anti-apartheid, ou encore Raymond Gravel, prêtre catholique et député bloquiste qui est aussi un ami d’enfance de l’auteur. Mais aussi d’autres, moins connus, comme Gaston, cet ex-détenu qui a retrouvé la foi, ou Rémi, dont le fils a pris la relève après des épisodes difficiles liés à la toxicomanie.

« Je voulais retrouver les histoires de personnes qui avaient toutes les raisons de « lutter » mais qui ne l’ont pas fait !

— Alain Crevier, à propos des gens dont il parle dans son livre

C’est aussi un peu ce qu’a fait Crevier dans son podcast du même nom, rencontrer des gens qui réfléchissaient au sens de leur vie et qui avaient quelque chose à nous apprendre.

L’archevêque Desmond Tutu, immense figure morale de la lutte contre l’apartheid, est l’une des rencontres marquantes d’Alain Crevier racontée dans Être. (Dennis Cook/Archives Associated Press)

«Tout cela, dans un monde coincé entre la grossièreté de Trump et les promesses que l’on ne comprend pas sur l’intelligence artificielle. J’ai construit mon podcast comme si je parlais à une seule personne et c’est aussi un peu comme écrire. Vous êtes le seul à lire le livre et cela fonctionne bien si le narrateur en tient compte », dit-il à propos de sa démarche littéraire.

Il se souvient par exemple d’une conversation informelle avec Raymond Gravel ou raconte ce moment émouvant, qui n’a jamais été filmé ni enregistré, où Desmond Tutu lui a pris les mains et lui a demandé de prier avec lui. Ou la résilience d’Ani Choying Drolma, qui a survécu à une enfance avec un père extrêmement violent pour retrouver enfin la sérénité.

Pas cynique

Car, il ne le cache pas, Crevier n’est pas un cynique et fait plutôt partie de ces gens qui croient que nous vivons une époque exceptionnelle. “Nous ne sommes plus dirigés par des prêtres, nous redéfinissons notre rapport à la vie.”

« Cette période nous a donné beaucoup de liberté et nous pouvons être seuls avec notre conscience. C’est ce que signifie être ! Et le fait que nous sommes beaucoup moins stupides, que nous valons bien plus que ce que nous imaginons.

— Alain Crevier

Du même souffle, il note avec raison qu’il y a aujourd’hui 250 homicides ou tentatives d’homicide par jour à New York comparativement à 2 500 il y a 30 ans et qu’il y a entre 200 et 250 morts sur les routes par année au Québec comparativement à 2 000 dans les années 1970. alors que le parc de véhicules dans les années 2020 est beaucoup plus important.

A quelques jours de la parution de son premier livre, Alain Crevier a encore des choses à dire et réfléchit déjà à son deuxième. (Frédéric Matte/Le Soleil)

Une seconde

Et le lancement de son premier ouvrage n’est pas non plus la fin pour Crevier, qui réfléchit déjà à un deuxième livre. « Je connais déjà le titre, je sais ce que je veux dire et ça va être dérangeant. Cela a justement un lien avec le fait qu’on vaut plus que ce qu’on pense», explique cet ancien musicien qui portait les cheveux longs et une chemise à carreaux et jouait de la musique folk en français avec le groupe Automne dans les années 1970 avant de lancer son album solo. Le cri en 1978.

«Ensuite, mon producteur a fait faillite et les 200 heures d’enregistrement de mon deuxième album ont été perdues. Même résultat pour les 500 heures d’enregistrement d’un autre projet plus rock que j’ai lancé par la suite, dans la veine de 52e rue par Billy Joël. Le Studio Le Hibou a fait faillite et nous avons tout perdu ! Ma période musicale a été comme une crise de mon adolescence. La musique m’a sauvé la vie, mais à 25 ans, je n’avais plus rien à dire, alors j’ai arrêté ! résume celui qui a décidément encore beaucoup à dire sous sa plume.

Le lancement officiel du livre Être d’Alain Crevier aura lieu le mardi 15 octobre, à 17h30, à la Librairie du Quartier

 
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