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le criminologue Alain Bauer à Béziers pour présenter son dernier livre

Alain Bauer est l’un des criminologues français les plus éminents. Il a conseillé le président de la République mais aussi la police new-yorkaise et de grandes entreprises. Dans « Tu neras point », son dernier livre, qu’il présentera au MAM de Béziers ce samedi 28 septembre à 18h30, Alain Bauer propose une analyse très fine des violences qui ébranlent actuellement notre société et le lieu qui les faits divers occupent notre imagination

Vous venez à Béziers présenter votre livre « Tu neras point ». Quels thèmes aborde-t-il ?

C’est le titre de la conférence qui reprend celui du livre mais pas seulement.
Il s’agit de comprendre les phénomènes de violences homicides qui interpellent légitimement l’opinion publique et de comprendre pourquoi ils semblent se multiplier et s’intensifier, au point que l’extraordinaire d’hier semble être devenu l’ordinaire du quotidien.

Il y a de plus en plus d’actualités. Que disent-ils de notre société ?

Qu’après une civilisation de violence physique pendant près de cinq siècles, un brutal renversement de tendance, sur les homicides et les tentatives (ce que j’appelle des homicides), est enregistré depuis une dizaine d’années, faisant de 2023 la pire année depuis un demi-siècle.

Pourquoi devrions-nous les considérer autrement que comme des faits sociaux ?

Ce sont des faits sociaux qui doivent chacun être considérés comme une histoire particulière et spécifique mais qui font aussi sens dans leur ensemble.

La mort de Philippine suscite une énorme « émotion » parmi les hommes politiques. Qu’en penses-tu?

L’émotion est légitime, les postures le sont moins. D’autant que la famille sera dans un deuil douloureux et long et que l’homme politique sera probablement contraint de gérer rapidement d’autres actualités.

Le sujet des OQTF est au cœur de ce dossier. Souvent, ils ne sont pas appliqués. Pour quoi ? À qui la faute ?

Parce que nous en faisons trop, parce que nous dépendons de décisions fragmentaires des pays d’origine, parce que nous voulons tellement protéger les individus des risques d’excès de l’État que nous avons créé un système inefficace et déresponsabilisant. Chauvin fait son travail et transfère la « patate chaude » sur un autre sans grande cohérence. Et cela produit du drame.

Selon vous, quel est le risque de ne pas prendre suffisamment au sérieux l’insécurité ?

Perte de confiance, envie de régler ses comptes soi-même, légitime défense, mais aussi généralisations abusives sur un groupe humain.

Avons-nous trop de peines alternatives ou des sanctions trop légères en France ?

La question des alternatives aux poursuites combinées aux alternatives aux sanctions devient un sujet sensible car à force d’accumuler les dispositifs on perd le sens de la réponse pénale qui doit concerner aussi les victimes.

Quelles mesures envisageriez-vous pour lutter contre l’insécurité ?

En criminologie, nous opérons de manière clinique. Nous établissons un diagnostic qui doit être partagé, puis un pronostic qui doit être discuté et enfin un traitement qui peut être discuté. La France semble disposer, sur des sujets criminels comme sur d’autres, de nombreuses thérapies sans diagnostic… On pourrait déjà commencer par le début.

Le pays devient-il de plus en plus violent ?

Du point de vue des homicides et des tentatives, sur la décennie, oui…

Quelle devrait être la priorité du nouveau gouvernement ?

Écouter le terrain, ceux qui analysent, traitent et agissent. Travailleurs sociaux, policiers, gendarmes, magistrats, éducateurs, etc.

On parle souvent de juges laxistes et les prisons débordent. Que pensez-vous de ces accusations ?

La justice n’est pas laxiste mais terriblement lente. Les juges ne font pas la loi, ils l’appliquent. C’est au législateur de comprendre que ce qu’il vote a des conséquences.

Après les troubles de Nouvelle-Calédonie, que vous inspirent ceux de la Martinique ?

Ils sont de nature très différente. La question sociale est essentielle en Martinique comme en 2009 en Guadeloupe.

Vous avez souvent critiqué les services secrets. Que pensez-vous du coup d’État israélien contre le Hezbollah avec les explosions de téléavertisseurs et de WalkyTalky ?

Analystes et experts semblent impressionnés par la qualité des opérations menées et attribuées au Mossad. Mais le service n’a pas reconnu son implication. En tout cas, cela n’efface pas le désastre du 7 octobre.

Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers, sera ce samedi 28 septembre à 18h30 à la Médiathèque de Béziers à la rencontre du public pour débattre de deux ouvrages, Tu ne turas Point (Fayard) et Au enquête bout de l (Première) ainsi que des thématiques sur la sécurité et l’insécurité. Une séance de dédicaces est prévue à la fin de la conférence.
 
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