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Les mécanismes de l’évasion fiscale et 3 autres conseils de lecture

Chaque samedi, Alternatives économiques sélectionne pour vous des livres qui valent la peine d’être lus. Cette semaine, nous vous recommandons : Évasion fiscale d’Attac et VAP ; Vers l’écologie de la guerre by Pierre Charbonnier; Les guerres du blé par Alessandro Stanziani et anthropologie contemporaine par Anne-Christine Trémon.

1/ « L’évasion fiscale », par Attac et VAP

Avec pédagogie, l’ouvrage décortique les mécanismes de l’évasion fiscale et s’intéresse aux combats et aux mesures qui permettent, petit à petit, de la réduire.

Alors qu’à la fin des années 1990 et au début des années 2000, tout le monde pensait que l’évasion fiscale et les paradis fiscaux ne représentaient qu’une part marginale de l’économie mondiale, quelques experts d’Attac prenaient l’affaire au sérieux. sérieux. Groupe de travail, premières publications, explications pédagogiques, l’association s’est lancée dans la bataille pour placer le sujet au cœur du débat politique.

Un quart de siècle plus tard, alors que le problème est encore loin d’être résolu, Attac remet à nouveau le travail en pratique avec une nouvelle publication qui suit les mêmes principes : décryptage, pédagogie, analyses basées sur les dernières études d’experts. . Chaque fin de chapitre prend la forme d’une bande dessinée signée Pauline Vuarin (VAP), tout aussi pédagogique, plus incarnée, plus militante.

Une véritable industrie

Ceux qui ouvriront ce livre verront que les tactiques visant à ne pas payer sa juste part d’impôts remontent loin, jusqu’à l’Antiquité. Toutefois, l’évasion fiscale n’a pas suivi une progression linéaire au fil des siècles ; c’est avant tout un phénomène qui a développé ses outils au cours du XXe siècle.e siècle. L’inventaire proposé montre bien que les paradis fiscaux ne sont pas de simples petites îles ensoleillées : on les retrouve dans les États américains, en Suisse, dans l’Union européenne, dans la toile que constitue le Royaume-Uni et ses dépendances. .

Un chapitre original propose une synthèse des différentes fuites d’informations rendues possibles grâce aux lanceurs d’alerte (LuxLeaks, Panama Papers, Offshore Leaks, etc.) et en profite pour présenter les protagonistes de la véritable industrie que représente la fraude. et l’évasion fiscale.

Les experts qui ont rédigé cet ouvrage soulignent naturellement combien il est difficile de quantifier le poids économique de cette industrie. Mais, en attendant mieux – notamment de la part de ceux qui cherchent à minimiser le phénomène – il nous restera les 80 à 100 milliards de recettes fiscales perdues chaque année en France.

Trouver le bon chemin

Le livre salue largement le travail des ONG et des journalistes d’investigation qui contribuent à lutter contre le poison démocratique que représente l’évasion fiscale. En revanche, les éloges sont moins nombreux pour les quinze dernières années de travail mené sous l’égide de l’OCDE pour le compte du G20. Si on peut lire ça“il serait faux de dire que rien n’a été fait pour lutter contre l’évasion fiscale”le titre du chapitre (« Quand la montagne accouche d’une souris ») ne laisse aucun doute quant à l’analyse proposée.

De ce point de vue, les associations qui se mobilisent sur le sujet doivent trouver le bon chemin entre reconnaître positivement les progrès réalisés, au risque d’être accusées de naïveté et de perdre les militants les plus exigeants, et dénigrer les progrès, au risque du découragement. .

Le livre se termine par le témoignage passionnant de John Christensen, un homme qui a joué un rôle clé dans les mobilisations mondiales contre les paradis fiscaux depuis plus de vingt ans. Il décrit comment, avec d’autres, ils ont été au cœur d’un activisme international percutant, fait de réseaux, d’expertises et de communication pour dénoncer et agir contre ces évasions au grand jour.

Christian Chavagneux

Évasion fiscale. Toute une histoire, de Attac et VAP, Attac et Editions de l’atelier, 2024, 144 p., 18 €.

2/ « Vers l’écologie de la guerre. Une histoire environnementale de paix », par Pierre Charbonnier

Et si l’un des obstacles majeurs à la transition climatique mondiale était… la paix ? C’est l’hypothèse inquiétante qui structure cet ouvrage du philosophe Pierre Charbonnier. La relative stabilité des relations internationales depuis 1945 a été rendue possible par la foi libérale dans les vertus pacificatrices du commerce ainsi que par l’intensification énergétique permise par les énergies fossiles (charbon, pétrole). Nous devons désormais nous débarrasser de cette « paix du carbone » afin de réinscrire la paix dans les limites planétaires.

Depuis la guerre en Ukraine, qui a mis en évidence le risque de dépendance aux fossiles russes, la transition s’est accélérée. “a été investi d’une importance stratégique qu’il n’avait pas auparavant”note l’auteur, définissant ainsi “l’écologie de la guerre”. Critique de l’actuelle gouvernance mondiale du climat qui fait croire à la possibilité d’une écologie consensuelle, Pierre Charbonnier appelle à une plus grande prise en compte de l’héritage colonial qui imprègne le sujet. Bref, soutenir financièrement et technologiquement les pays du Sud pour espérer à terme créer une coalition « post-fossile » capable de faire venir les derniers récalcitrants.

Écoutez Martin

Vers l’écologie de la guerre. Une histoire environnementale de paixby Pierre Charbonnier, La Découverte, 2024, 324 p., €23.

3/ « Les guerres du blé. Une éco-histoire écologique et géopolitique”, par Alessandro Stanziani

Cette fresque magistrale de l’historien Alessandro Stanziani montre que, autant que la monnaie qu’il est parfois utilisé pour désigner, le blé est littéralement le nerf de la guerre, et pas seulement économique. Cette céréale constitue, plus encore que les autres, une entrée éclairante pour comprendre les tensions politiques et économiques des trois derniers siècles.

De la construction des États-nations au conflit ukrainien, en passant par les entreprises coloniales et les deux guerres mondiales, le blé est un enjeu qui passe souvent inaperçu, qu’il soit utilisé comme arme ou comme enjeu même de conquêtes territoriales. . Aujourd’hui, les accaparements de terres plus ou moins pacifiques montrent que la vieille logique étatique n’a pas disparu. Sur fond d’inégalités croissantes et de désastre écologique. Un montant impressionnant à lire absolument !

Igor Martinache

Les guerres du blé. Une éco-histoire écologique et géopolitique, by Alessandro Stanziani, La Découverte, 2024, 340 p., €22.

4/ « Anthropologie contemporaine », par Anne-Christine Trémon

L’anthropologie est encore trop souvent perçue comme une discipline exotique consistant à rendre compte du mode de vie de peuples lointains. Rien de plus trompeur, comme le montre cet aperçu des recherches menées dans ce domaine et regroupées en quatorze chapitres très serrés mais très accessibles, qui abordent des questions particulièrement brûlantes pour toutes les sociétés : l’État, la gouvernance, le genre, les migrations, la mémoire, l’urbanisation. et bien sûr l’écologie.

L’économie occupe une place particulière et traverse d’ailleurs la plupart des chapitres (ainsi que la question de l’exploitation au sein des proches). Si l’on retrouve des figures connues comme Marcel Mauss, Karl Marx, Karl Polanyi ou David Graeber, on découvre aussi bien d’autres travaux et débats qui soulignent nombre de limites et d’impasses du paradigme néoclassique (pourtant importé en anthropologie par un courant actuel de formalisation). Bref, un manuel à mettre entre les mains de tous, et pas seulement celles des étudiants !

JE SUIS.

Anthropologie contemporaine, par Anne-Christine Trémon, Coll. U, Armand Colin, 2024, 400 p., 35 €.

 
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