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Marie-Monique Robin plaide pour les microbes et les animaux

Depuis son livre et son film La genèse des pandémies publié en 2022 dans lequel elle expliquait comment la destruction des écosystèmes fragilise l’humanité, la journaliste Marie-Monique Robin a poursuivi ses recherches sur la relation entre l’homme et la nature, soutenant l’idée que nous sommes dépendants de la biodiversité. Elle détaille ce lien dans son nouveau livre, Vive les microbes ! (1), mais aussi, de manière plus poétique, dans un magnifique livre illustré par son amie Valentine Plessy, Ces animaux qui nous protègent.

Quelle est la genèse du livre « Ces animaux qui nous protègent » ?

Marie-Monique Robin : « Depuis que je travaille sur ces questions, la biodiversité est devenue pour moi une préoccupation centrale. C’est notamment grâce au travail que j’ai effectué pour La genèse des pandémies Ou Vive les microbes ! que j’ai réalisé à quel point notre destin, en tant qu’humains, dépend des autres animaux. Alors que nous assistons à la sixième vague d’extinction des espèces, je me suis demandée comment nos enfants pourront protéger des espèces qu’ils n’auront jamais vues puisqu’elles disparaissent. Nous ne pouvons protéger que ce que nous voyons et connaissons.

Le livre fait la part belle aux animaux, mais il n’ignore pas le règne végétal.
© (Extrait de « Ces animaux qui nous protègent »)

Plutôt que des photos, vous avez choisi d’illustrer ce livre avec des peintures. Pourquoi ? Et pourquoi avoir choisi la talentueuse Valentine Plessy ?

« Pour faire mon film La genèse des pandémiesJe n’avais pas envie d’acheter des images des animaux dont j’allais parler. J’avais gardé les coordonnées de Valentine qui m’avait été présentée par les éditions Terre vivante. Ses dessins ont été unanimement salués, y compris lorsque nous les avons présentés à l’UNESCO lors d’une projection en avant-première du film. Ses dessins méritaient d’être rassemblés dans un livre, ils sont comme ces grandes planches naturalistes, Valentine nous donne à voir, ses animaux sont habités, ils nous interpellent… »

Bien que le livre soit largement illustré d’aquarelles, Valentine Plessy a également réalisé de sublimes dessins au crayon.
© (Extrait de « Ces animaux qui nous protègent »)

Comment avez-vous structuré ce livre ?

« Il est divisé en quatre chapitres principaux : qui sont ces animaux et comment se sont-ils adaptés à leur environnement, quels rôles écosystémiques extraordinaires ils jouent dans la chaîne de la vie, pourquoi ils sont menacés d’extinction et, enfin, pourquoi, dans certaines circonstances, ils peuvent être porteurs de maladies… »

Le livre explique notamment comment la destruction des habitats naturels libère des virus et des bactéries véhiculés par les animaux.
© (Extrait de « Ces animaux qui nous protègent »)

Pourquoi ces animaux ?

” Pour La genèse des pandémiesJ’ai voyagé dans une dizaine de pays. A chaque fois, j’ai demandé aux scientifiques une liste de dix animaux endémiques ou porteurs de maladies ou menacés d’extinction. Valentine les a dessinés au fur et à mesure pour illustrer le film. Elle en a fait cent douze. Pour le livre, elle en a créé d’autres, auxquels elle a ajouté des paysages.

Marie-Monique Robin a souhaité « rendre hommage » à la vache Parthenaise, celle que son grand-père élevait.
© (Extrait de « Ces animaux qui nous protègent », ill. Valentine Plessy)

Vous avez grandi à Gourgé, en Gâtine Deux-Sèvres. Ce n’est donc pas un hasard si vous retrouvez ce clin d’œil à la vache Parthenaise…

« Dans le chapitre 3, j’évoque les causes anthropiques qui contribuent à la disparition des espèces : l’industrialisation de l’agriculture en fait partie. Mon père m’a raconté qu’à ma naissance, en 1960, il y avait des Parthenaises dans tout l’ouest de la : elles étaient parfaites pour le labour, elles fournissaient un lait de qualité et une bonne viande. Mais elles ont été remplacées par les tracteurs et par la Holstein, cette race hollandaise qui produit plus de lait, ou la Blonde d’Aquitaine, supposément meilleure pour la viande. C’est ainsi que la Parthenaise a failli disparaître. En écrivant ce chapitre, j’ai appris qu’elle n’est plus menacée d’extinction. Et cela m’a rassurée. »

(1) Le livre « Vive les microbes » (éditions La découverte, 20,50 €) est accompagné d’un documentaire du même nom.

 
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