On a senti ce « défaut » émerger dans le travail de romancière de Blandine Rinkel. Il y a deux ans, « Vers la violence » revenait sur l’éducation viriliste d’un père et ses séquelles, et lui valait le Grand Prix des Lectrices du ELLE. Ainsi en écrivant le mot « famille » sans le « m », l’écrivain s’engage dans la non-fiction, et livre un texte nourri de références et d’expériences, qui interroge ce que peut être une vie « hors famille ». C’est précis, généreux, solide et merveilleusement bien écrit.
ELLE. – Ce livre part d’un questionnement intime, mais s’enrichit aussi à chaque page de ce que l’on lit, voit, partage… Comment la forme de la non-fiction s’est-elle imposée ?
Blandine Rinkel. – C’est vrai que j’ai écrit à partir de quelque chose que je n’avais pas formulé jusque-là, mais sur lequel je travaille depuis longtemps : une communauté de solitudes que je retrouve dans les livres, les films, et aussi chez certains inconnus avec qui il m’est arrivé d’avoir des conversations éblouissantes. Quant à la forme, qui oscille entre plusieurs genres, elle venait d’une évidence : après « Vers la violence », je me suis lancé assez vite dans un roman, mais