Les écrivains pourront enfin connaître leurs chiffres de ventes dans toute la France en 2025 gratuitement et en temps réel, grâce à un outil créé par les éditeurs et libraires. La plateforme a été baptisée Filéas et l’organisme professionnel d’édition a annoncé vendredi 20 décembre la création de la société chargée de créer cet outil de veille. Il répond à une demande des auteurs qui doivent généralement attendre une “responsabilité” chaque année pour savoir combien d’exemplaires ils ont vendus, ce qui les laisse dans l’incertitude quant à leurs droits d’auteur.
A terme, lorsque Filéas aura atteint son potentiel, un romancier ou l’auteur d’un essai pourra voir par exemple si son passage à la télévision ou une polémique sur les réseaux sociaux a accéléré les ventes de son dernier titre. Ou tout simplement voir si cela démarre mieux ou moins bien que les précédents, sans avoir à le demander à votre maison d’édition.
Les débuts seront modestes. Dans un premier temps, la plateforme reflétera les données hebdomadaires, scrutées dans le secteur de l’édition, du cabinet GfK (groupe NielsenIQ), « partenaire privilégié de Filéas ». Considérées comme les plus fiables, il s’agit d’estimations de ventes basées sur les chiffres d’un panel de libraires et d’autres commerces qui vendent des livres.
Filéas a annoncé dans un communiqué que, “dans un deuxième temps”il offrirait « un indicateur quotidien construit à partir des données de ventes de tout acteur du secteur qui accepte de les fournir. Les données proviendront au départ de plus de 700 librairies.» Le nom de ces librairies et leur représentativité sur le marché du livre n’ont pas été précisés. Le nombre correspond cependant à celui des membres de l’organisation professionnelle des libraires indépendants, le Syndicat des bibliothèques françaises.
Les autres acteurs importants du marché du livre sont les grandes chaînes culturelles (Fnac, Espaces Culturels E. Leclerc, Cultura, etc.) et les sites Internet. Le plus connu d’entre eux, Amazon.fr, ne transmet aucun chiffre de ventes aux éditeurs. Le géant américain du commerce en ligne publie uniquement son chiffre d’affaires global, tous départements confondus.
Même sans cet acteur majeur, qui contrôle selon les estimations un dixième du marché du livre en France, Filéas devrait rapidement convaincre les auteurs. Les entreprises (éditeurs, diffuseurs et distributeurs) devront payer un abonnement, modulé en fonction de leur chiffre d’affaires. L’aboutissement du projet, en préparation depuis des années, « cela nous semble très important. C’est aussi un fantastique signe de solidarité dans le secteur”a relevé le président du Syndicat national de l’édition, Vincent Montagne.
Filéas a pris une forme juridique particulière : celle d’une « entreprise à mission »qui garantit la poursuite d’objectifs sociaux et/ou environnementaux. Outre la transparence pour les auteurs, l’environnement est l’une des préoccupations qui ont poussé le secteur à adopter cette plateforme. Car plus les éditeurs comprendront les ventes, plus ils éviteront de gaspiller des ressources. “Filéas sera aussi demain un fantastique outil de gestion et d’aide à la décision (…) pour mieux calibrer les réimpressions notamment”, indique Alban Cerisier, l’éditeur nommé président de Filéas, dans un communiqué.