C’est encore une année faste pour la littérature québécoise, qui n’est plus exceptionnelle à long terme – oui, on a le droit de se vanter.
La qualité, la diversité et l’abondance sont devenues tellement monnaie courante que dans toutes les critiques ou dans mes suggestions de magasinage de Noël, je ne sais plus où prendre la vaste production annuelle qui culmine à chaque fois avec un livre du Salon du Montréal plein à ras bord. Alors attention : tous les livres cités dans cette chronique sont des recommandations qui feront mouche dans vos échanges de cadeaux.
A La presseen plus de vous avoir proposé cet automne un gros dossier sur les nouveaux classiques de la littérature qui a relancé certains titres en librairies et bibliothèques, nous avons couvert ces livres qui ont marqué 2024. Par exemple, Amiante by Sébastien Dulude, La part de l’océan (et son compagnon en poésie Notre-Dame de tous les Possibilités) de Dominique Fortier, Sentiers de neige par Kev Lambert, Le ricanement par Éric Dupont, Sur les hauteurs du Mont Thoreau de Catherine Mavrikakis, Tous les détails par Carl Bessette, Petite ville par Mélikah Abdelmoumen…
Mais trois phénomènes ont retenu l’attention, car il était impossible de les ignorer : les succès de Rue Duplessis, ma petite noirceur de Jean-Philippe Pleau,Ordures ! Journal d’un draineur by Simon Paré-Poupart and Dans mon sang de Rebecca Maconnen.
Au printemps dernier, personne ne soupçonnait que Pleau toucherait une corde aussi sensible avec son histoire de transfuge de classe. J’ai l’impression que ce livre risque de connaître un sort similaire à celui de La femme qui a fui par Anaïs Barbeau-Lavalette, soit une durée en soldes.
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Chez la même maison d’édition, Lux, le journal d’un draineur de Simon Paré-Poupart trône en tête des ventes, ce qui prouve qu’au pays de Ti-Mé de Petite viela question de nos rapports aux objets et aux déchets nous interpelle tous. Dans le cas du livre de Makonnen, également présentateur à ICI Première comme Pleau, également dans un récit révélant ses origines, un secret de famille en contient un autre, puis un autre, qui a surpris presque tous ceux qui l’ont lu.
C’est mon libraire qui m’a appris ça Dans mon sang était l’un de ses best-sellers au début des fêtes de fin d’année. Mais j’étais là pour acheter Ni comme ma mère, ni comme mon père : chronique d’une femme métisse féroce de Magalie Lefebvre Jean, aux éditions Hurlantes Éditrices. Il n’y a plus eu d’exemplaires, peut-être parce qu’elle est la première lauréate du nouveau prix Caroline Dawson, créé à la mémoire de l’écrivain sociologue décédé cette année, et qui vise à récompenser un écrivain ou un écrivain francophone issu de la diversité. C’est à cela que servent les nouveaux prix littéraires : faire la lumière sur des livres qui tombent parfois dans l’angle mort des grands prix établis, où ça se bouscule déjà. Je ne peux pas vous dire si c’est bon ou pas, je n’ai pas encore mis la main dessus, mais j’ai l’intention de lire cet essai qui aborde les défis d’être biracial, écrit par un auteur dont le père est haïtien et la mère , du Québec.
Par contre, mon libraire avait Toronto jamais bleu de Marie-Hélène Larochelle, lauréate du premier prix Janette-Bertrand, l’autre nouveau prix littéraire cette année, créé en l’honneur de la grande dame qui connaît un grand succès avec son dernier livre, Cent ans d’amour. Le Prix Janette-Bertrand vise à récompenser des œuvres qui promeuvent une société plus juste et égalitaire. En ce sens, le roman de Larochelle, qui raconte les destins de femmes itinérantes et de prostituées de la ville de Toronto, donne le ton de ce prix appelé à devenir incontournable dans les années à venir.
Ce roman s’ajoute à ma pile de lectures de vacances où je me rattrape, mais aussi où je m’amuse. Je n’ai jamais le - de lire des romans policiers, et je gardais le dernier Andrée A. Michaud pour les vacances, Natationqui a le don de nous plonger dans des ambiances terrifiantes. Mais j’ai triché, car dès que j’ai lu les premières pages, où ça commence en trombe, j’ai été accro et je n’ai plus pu le lâcher. Il faut dire que j’ai cette étrange habitude de commencer plusieurs livres en même -, et il m’en reste trois à terminer pendant les vacances de Noël, dans lesquels je me plonge déjà avec beaucoup d’intérêt : Les gens de verre de Catherine Leroux, une dystopie étonnante (et pertinente) sur la crise du logement (de moins en moins dystopique, en fait), Le Roi Soleil de Marie-Eve Cotton sur le thème difficile de l’infanticide et Scénarios de catastrophele plus récent titre d’Alexie Morin, auteur du très célèbre Ouvre ton coeurqui raconte à quel point les moments difficiles sont parfois des moments charnières de notre existence.
Bref, 2024 est une année où on a à nouveau ce très beau luxe dans les rayons : l’embarras du choix.
Joyeux Noël et bonne lecture !