Les critiques littéraires de Devoir offer 15 Quebec titles that marked the year. Here are the choices of Christian Desmeules, Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, Ismaël Houdassine, François Lemay, Yannick Marcoux, Christian Saint-Pierre and Sonia Sarfati.
L’irréparablePierre Samson (Héliotrope)
Professeur historien à l’université écarté au profit d’un collègue plus jeune, « homosexuel aguerri » de près de 60 ans hanté par sa date d’expiration sociale, intellectuelle et romantique, le protagoniste de 9e Le roman de Pierre Samson va passer par tous les états avant de se rendre compte que les électrochocs peuvent être bénéfiques. Outre son érudition, son humour acéré, ses multiples digressions et ses fausses pistes, L’irréparable nous livre également un discours critique et mesuré sur l’état du monde.
Ce désir me dirigeClaire Legendre (Leméac)
Dans cette histoire de soi flirtant avec l’essai, Claire Legendre explore, à partir d’une expérience d’une décennie de célibat involontaire, les voies complexes empruntées par un désir forgé dans l’absence et dans l’attente d’un amour. Proposant une réflexion littéraire nuancée et ancrée dans son époque, l’auteure cherche à comprendre les fictions, fantasmes et autres expédients auxquels les célibataires s’accrochent ou sont contraints, sondant ce qui, dans nos imaginaires et nos narcissismes, empêche l’avènement de soi. Brillant.
Je regarde du porno quand je suis tristeSayaka Araniva-Yanez (Triptyque)
Troublée, mélancolique et vulnérable, la première collection de Sayaka Araniva-Yanez nous invite à une rencontre lascive et intime entre la figure poétique et un robot (la machine). Leurs échanges, portés par un lyrisme inspiré et époustouflant, révèlent une passion aussi vibrante qu’éphémère. Profondément originale, cette proposition explore les frontières mouvantes de notre époque, où le corps, premier territoire de l’existence, est un habitat menacé.
Le rock québécois. Offenbach contre CorbeauMichel Giguère, Christian Quesnel and Félix Rose (Free expression)
Nous sommes tombés amoureux en regardant la série documentaire Le rock québécois. Offenbach contre Corbeauproposé par Félix Rose. Nous avons ressenti le même bonheur en lisant la version bande dessinée, conçue à partir des illustrations utilisées dans le documentaire, en plongeant dans la rivalité des rivalités entre deux des groupes de rock les plus importants de notre histoire. On aime les dessins expressionnistes de Christian Quesnel et le travail de recherche de Michel Giguère.
À LaurentMarie-Andrée Lamontagne (Leméac)
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un collaborateur français trouve refuge au Québec grâce aux réseaux d’entraide d’extrême droite. Avec À LaurentMarie-Andrée Lamontagne s’approprie « l’affaire Bernonville » avec une grande liberté et nous emmène de la Bretagne au Québec, des rues de la Vieille Capitale jusqu’à Kamouraska. Sur fond de réalité historique et d’ambiguïté morale et politique, elle nous livre une histoire incroyable cousue de moments d’émerveillement qui aborde subtilement notre relation à la France.
Chimères
Frédérique Bernier (Nota Bene)
Avec ses travaux antérieurs, Hantises (Prix du Gouverneur général, 2020), Frédérique Bernier nous a séduit par son style poétique et profond. L’auteur nous revient avec une suite tout aussi captivante. Dans les pages de ce deuxième volet, moins volumineux que le premier, on retrouve Frida Burns, alter ego et double littéraire de l’écrivain. Vivant entre le récit intime et l’essai, le livre se situe en marge du brouhaha du monde afin de mieux interroger les liens silencieux qui façonnent notre existence.
ChatteRébecca Déraspe (Your Mother)
Une comédie qui regarde sans didactisme les ravages du patriarcat. En mêlant dérision et sensibilité, soif de justice et besoin viscéral de faire la fête jusqu’au bout de la nuit, l’auteur provoque une rencontre entre Fanny, la cinquantaine, et Alice, la vingtaine, deux femmes qui vont se transformer chacune de l’autre, se métamorphoser de la manière la plus émouvante et hilarante possible. C’est une pièce qui réconcilie avec le présent tout en permettant d’espérer le meilleur pour l’avenir.
Notre classement culturel 2024
Le miracleWilliam S. Messier (Le Quartanier)
À l’âge de 15 ans, William S. Messier apprend qu’une blessure qu’il croyait cicatrisée menace à tout moment de lui sectionner la moelle épinière. Revenant sur les aventures apparemment anecdotiques qui auraient pu causer sa mort, l’écrivain se livre à un délicieux exercice d’écriture personnelle, dans lequel il s’efforce d’accepter la banalité de son statut de miraculeux. Suivant le chemin sinueux de la digression, son récit oscille entre autodérision, névrose et célébration du cliché pour sonder les mécanismes de la mémoire et sa construction. Agréable.
Bonjour, mon coeurFanny Britt (Cheval d’août)
Premier roman de Fanny Britt destiné à un lectorat adolescent, Bonjour, mon cœur, nous invite à revivre l’été aux côtés de Bernadette. A travers de nouvelles expériences, des amitiés naissantes et un premier emploi dans la restauration, elle affiche sa souveraineté et son idiosyncrasie, malgré des crises de panique qui la font vaciller. Nourri d’humour malicieux et d’inspiration inspirée, ce roman à fleur de peau rappelle le talent de Fanny Britt, sa façon délicate de tisser les lignes de la vie.
Ordures
!
Journal d’un draineur
Simon Paré-Poupart (Lux)
Comme son titre l’indique, le livre est une plongée – en apnée ou non – au cœur du métier de Simon Paré-Poupart, éboueur à ses heures perdues. L’auteur raconte avec beaucoup de détails et beaucoup d’humour son quotidien professionnel qui n’est pas de tout repos. Mais il chérit ce travail méconnu, car il n’y a pas de métier stupide. Au-delà des a priori entourant l’activité d’éboueur, Paré-Poupart raconte son « art de ramasser les déchets » avec un style unique. L’auteur de 38 ans parvient aussi à redonner de l’humanité à tous ces travailleurs aux destins multiples.
NatationAndrée A. Michaud (Québec Amérique)
De Buse a ProieAndrée A. Michaud sait rendre la nature anxiogène comme personne. Natation c’est la même eau. Baignade, pluriel. Il y en a une dès le début, dans le premier volet où des vacances en famille au bord d’un lac tournent au cauchemar. Il y en a un autre, dans une seconde partie dont on ressort stupéfait, secoué, ému. Qu’est-ce qui est moral ? Qu’est-ce qui est transgressif ? Mais finalement, qui sommes-nous pour répondre des personnages (et de l’auteur) ?
Lettres au ciel blancEmmanuel Simard (Poètes de Bush)
Dans son cinquième recueil de poésie, Lettres au ciel blancEmmanuel Simard contemple la beauté des constellations, errant en apesanteur sereine jusqu’à toucher la terre et recouvrir les êtres vivants qui l’entourent de tendresse et de bienveillance. Cette poésie en prose regorge d’images d’une étonnante originalité, nous faisant redécouvrir un monde que l’on croyait connaître. Entre chant et méditation, cette collection s’ancre dans la paix, nourrissant cette vie miraculeuse avec l’amour d’un parent.
L’inesthétiqueClaudia Larochelle (Québec Amérique)
Dans cette histoire authentique construite autour de trois souvenirs, Claudia Larochelle témoigne de la réalité d’être une femme au seuil de la révolution #MeToo, à la fois héritière de parcours freinés par une misogynie assumée et porteuses de flambeau d’un avenir plus radieux. Revenant sur son adolescence dans une école religieuse, ses débuts de journaliste et son expérience des amours toxiques, l’écrivain tisse une toile d’ombre et de lumière entre les différentes facettes de sa féminité et trace un nouveau chemin pavé de sororité, de rires et d’espoirs. d’enfants.
Drame BotanicaThom (Pow Pow)
Après le marquage Maison de rodéo (2020), le mystérieux dessinateur Thom signe une sorte de récit des origines sur son monde fabuleux peuplé de créatures aussi bric-à-brac les unes que les autres. La panique surprend tout le monde depuis la disparition inattendue du Soleil. Alors que la Terre est plongée dans la nuit éternelle, des monstres nocturnes surgissent, menaçant l’écosystème. Par leur apparence fantaisiste, presque naïve, les dessins racontent une histoire silencieuse et attachante sur l’amitié et la solidarité.
Le fantôme qui voulait existerFrançois Blais et Iris Boudreau (Comme des géants)
Le départ de François Blais a laissé nos âmes glacées, lui qui, par sa créativité et un humour aussi cynique que bienveillant, avait pris l’habitude de faire tomber les barrières. Son dernier album, posthume, rappelle le côté lumineux de son art, mettant en scène la quête existentielle d’un fantôme qui souhaite quitter le « Grand Nulle Part » pour exister. Irisé par l’aplomb et l’imagination d’Iris Boudreau, l’audace de ce fantôme incarne le triomphe d’un irrésistible désir de vivre.