C’est une nouvelle poupée russe parmi les structures financières au dessus d’Hachette Livre. Les actionnaires du groupe Vivendi ont largement approuvé (à plus de 97%) le projet de scission du groupe en quatre entités financières (Canal+, Havas, LHG et Vivendi SE), dont celle créée pour l’occasion et baptisée Groupe Louis Hachette (LHG). ) qui regroupera les intérêts de Vivendi dans les domaines de l’édition et des médias.
Ainsi, le groupe Louis Hachette s’apprête à émerger comme une entité distincte et autonome réunissant deux piliers majeurs : la participation de Vivendi dans Lagardère (66,53%) et Prisma Media (100%). Cette nouvelle organisation transforme la dynamique stratégique du groupe Lagardère en libérant le potentiel de chacune des entités distinctes.
Pour le Groupe Louis Hachette, cela signifie une concentration totale sur les secteurs de l’édition et des médias, avec la flexibilité de répondre à des opportunités spécifiques. Ce repositionnement stratégique est une réponse à une décote du conglomérat qui a limité la valorisation de Vivendi.
Organisation du Groupe Louis Hachette
Après la scission, le Groupe Louis Hachette sera coté sur Euronext Growth à Paris, offrant ainsi aux investisseurs l’opportunité de s’exposer directement à Lagardère et Prisma Media. Cette séparation vise à maximiser la valeur pour les actionnaires en dotant le groupe d’une gouvernance et d’une structure financière adaptées à ses besoins spécifiques.
Jean-Christophe Thierydevenu patron d’Hachette Livre à l’automne, assumera le rôle de président-directeur général de la structure, épaulé par Grégoire Castaing en qualité de directeur général adjoint. Le Conseil d’Administration comprendra 40% de membres indépendants.
Pluralité éditoriale
Pour Lagardère, cette scission marque une étape significative, renforçant son positionnement d’entité clé du groupe Louis Hachette. La participation de 66,53% garantit à ce dernier une influence stratégique sur les activités de Lagardère, notamment à travers Hachette Livre, numéro un mondial de l’édition.
Répondant à la question d’un petit transporteur, Yannick BolloréPrésident du Conseil de Surveillance de Vivendi, a déclaré lors de l’Assemblée que « les actionnaires n’avaient aucun contrôle sur la ligne éditoriale du groupe Hachette » et qu’au mieux ils ne pouvaient que « approuver la pluralité éditoriale du groupe ».
Le groupe Louis Hachette affiche clairement ses ambitions : accompagner le désendettement progressif de Lagardère tout en exploitant les opportunités de croissance. Prisma Media, acteur médiatique majeur en France, complétera cette stratégie grâce à sa capacité à générer des revenus stables et à diversifier les activités du groupe.
Protestations
Cette triple cotation place les actionnaires minoritaires dans des juridictions moins protectrices de leurs droits que la France et qui n’imposent pas de lancer d’offre publique une fois le seuil de 30 % du capital ou des droits de vote franchi. Cela a suscité un certain mécontentement de la part de plusieurs d’entre eux. Le fonds activiste CIAM, qui détient 0,025% du capital de Vivendi, a tenté de faire capoter le projet.
Quant à la petite société de gestion Phitrust, qui a pour habitude de jouer les trouble-fêtes lors des assemblées générales, elle déplore que « ce projet de scission permet au groupe Bolloré de rester l’actionnaire de référence contrôlant l’ensemble de Vivendi et les trois nouvelles entités cotées sans avoir à verser une prime de contrôle aux autres actionnaires minoritaires et en contournant l’application des règles de protection de l’AMF “, selon Les Echos.
En revanche, des manifestants se sont rassemblés devant la Bourse de Paris avant le début de l’assemblée paritaire afin de protester contre « l’empire Bolloré », notamment médiatiquement.
Après scission, le groupe Bolloré détiendra, outre sa participation inchangée dans le capital de Vivendi, 31,04% des trois nouvelles sociétés cotées.
D’autres actions restent pendantes devant les tribunaux. Ciam a déposé une demande en nullité devant le tribunal de commerce pour « abus de droit ». Il a également, devant la cour d’appel de Paris, remis en cause le feu vert de l’AMF.
Conséquences pour les actionnaires de Vivendi
Toutefois, avec la décision de cette assemblée commune, la première journée de cotation de ces trois sociétés aura donc lieu, comme annoncé, le 16 décembre respectivement sur le London Stock Exchange, sur Euronext Amsterdam et sur Euronext Growth Paris. Les actionnaires de Vivendi recevront alors une action Groupe Louis Hachette pour chaque action Vivendi détenue, en plus de leurs actions Vivendi existantes.