Jeudi 5 décembre, l’association des Amis de la librairie Place aux Herbes a accueilli le Prix Goncourt Kamel Daoud à L’Ombrière pour son dernier roman. Houris qui parle de la guerre civile en Algérie, qui reste complètement taboue.
Le journaliste, romancier essayiste né en Algérie a été naturalisé français en 2020. Vincent Nouzille, qui modérait la rencontre, l’a présenté en disant : « Vous avez laissé une impression à plusieurs reprises avec vos écrits. »
« Je suis toujours ému de voir que les gens accordent de l’importance à un écrivain. C’est vraiment agréable de voir cette salle pleine et je me dis que je dois être un bon écrivain encore quelques années même si les écrivains algériens traversent des moments difficiles et qu’ils ne sont pas les seuls”, dit l’écrivain.
Houris représente les soixante-douze vierges qui attendraient les martyrs après la mort.
« Quand l’annonce a été faite, me suis-je dit, mais à quel prix ?
“Ce seraient les plus belles femmes et je voulais que les Houris soient là, vivantes avec nous (nos mères, nos femmes…).” Concernant le prix Goncourt, il explique : « À l’annonce, j’ai ressenti une immense joie, mais immédiatement j’ai pensé : mais à quel prix ? Je me suis dit qu’ils n’allaient pas me pardonner cette visibilité internationale. Il y a un enjeu à prendre le pouvoir culturel auquel ils réussissent. Ils ont pris nos Livres en Algérie. Ils ont déjà mis la main sur la justice, les médias et l’école. Je ne réponds jamais au régime sinon cela ajoute du carburant. le feu. Il y a une hystérie incroyable. autour de ce livre depuis sa sortie en août. Il y a quatre à cinq débats par jour et ça commence toujours par « Je n’ai pas lu le livre mais… ». Par contre, il y a une prise de parole et. une conscience qui s’élève.
Lorsqu’on lui demande la différence entre les langues arabe et algérienne, il répond d’un ton ludique : “Si on parle de baiser, la langue arabe interdit, la langue française explique comment le faire et la langue algérienne dit qu’elle ne sait pas.” Il a conclu la réunion par ces mots : « Je refuse de désespérer car sinon, qu’est-ce que je vais faire du reste de ma vie ?
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