Diana Markosian, Jean-Michel André, Raphaël Dallaporta, Issei Suda…

Diana Markosian, Jean-Michel André, Raphaël Dallaporta, Issei Suda…
Diana Markosian, Jean-Michel André, Raphaël Dallaporta, Issei Suda…

FAMILLE. « Père », de Diana Markosian, et « Chambre 207 », de Jean-Michel André

Pouvez-vous vous souvenir de votre enfance avec un appareil photo ? Les images, capables de retenir les morts près de nous, ont-elles aussi le pouvoir magique de réparer le passé, de le rejouer pour changer le reste de l’histoire ? Parmi tous les livres photo qui explorent aujourd’hui le champ de mines de l’autofiction et des douloureuses archives familiales, deux font un travail puissant, comme pour répondre oui à ces questions…

L’Américaine Diana Markosian avait déjà raconté les fantasmes de réussite de sa mère, émigrée aux États-Unis, dans un projet entre documentaire et fiction, Santa Barbara (Ouverture, 2020). Elle signe aujourd’hui un petit livre subtil et touchant, Pèresur ses retrouvailles avec son père en Arménie, après quinze ans d’absence – sa mère étant partie subitement aux Etats-Unis avec ses enfants, sans plus jamais avoir de nouvelles.

Avec sa couverture rouge veloutée qui lui donne des allures de journal intime, le livre met en scène la tentative de reconnexion de la photographe, sa découverte des vains efforts déployés par son père pour la retrouver aux Etats-Unis. Unis, l’appartement est resté un mausolée de la mémoire du passé et de leurs efforts communs pour rattraper le - perdu.

Images anciennes du couple parental ou de l’enfance, lettres restées sans réponse et documents administratifs se mêlent aux photos qu’elle prend sur place, avec l’aide de son père, pour tenter de reconstituer leur histoire. Il se prête à l’exercice, avec un enthousiasme mesuré : “Je n’ai pas assez de pulls pour ce projet”il se plaint quand elle lui demande de se changer. Les propos sobres de Diana Markosian, ainsi que les images du quotidien, témoignent avant tout des regrets partagés et du décalage qui persiste, même si la photographie devient pour eux un terrain d’échange, au-delà des mots.

Extrait de « Père », de Diana Markosian. DIANA MARKOSIENNE

Le livre de Jean-Michel André Salle 207lauréat du prix Nadar, réveille des souvenirs bien plus tragiques. Ou plutôt une absence de souvenirs. Alors qu’en 1983, en route pour les vacances, il partageait une chambre d’hôtel à Avignon avec sa sœur, ses parents dormant dans la chambre à côté, son père est assassiné avec six autres personnes. De quoi briser son enfance et sa mémoire, à 7 ans. Le livre ressemble à une enquête sur les traces et les lieux de l’événement, mêlant coupures de presse, objets d’époque, photos de famille et images de l’hôtel.

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