Kev Lambert visitant les sentiers de neige du Saguenay

Kev Lambert visitant les sentiers de neige du Saguenay
Kev Lambert visitant les sentiers de neige du Saguenay

Le duo est évidemment étroitement tissé. Les deux échangent des regards entendus, offrant souvent des réponses qui se complètent, dans une interview avec Le Quotidien.

Après tout, ce n’est pas leur première expérience du genre, Marie-Thérèse Fortin ayant notamment prêté sa voix au précédent livre de Kev Lambert, Que notre joie demeure. Et cet arrêt à Jonquière constitue la troisième étape d’un autre road trip littéraire bien entamé, après les visites à Québec et à Trois-Rivières.

Comme ce jeudi soir — dès 19 h 30 —, à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière, l’idée était celle d’une lecture publique. Avec les paroles de Kev Lambert et la voix de Marie-Thérèse Fortin.

La complicité entre les deux artistes est palpable. (Sophie Lavoie/Le Quotidien)

Pour dire cette fois Sentiers de neigele quatrième roman de la carrière de l’auteur de Chicoutimi. Ou du moins l’extrait long et croustillant que celui du « Réveillon du Nouvel An » est censé être. Au fond du Lac-Saint-Jean, chez les Lamontagne, parmi les oncles et tantes et la tarte.

Bien qu’originaire du Bas-Saint-Laurent, Marie-Thérèse Fortin a dû pratiquer son accent lacustre, en amont. Elle qui, aidée par une voix « vive et claire » créée par Denis Marleau, incarne tous les personnages. Des jeunes protagonistes Zoey et Émie-Anne, encore assez grandes pour croire à l’émerveillement, à la grande matriarche de la famille, assez grande pour oublier de garnir son pain de mie.

«C’était mon idée», confie Kev Lambert, de faire appel à une comédienne.

Le sien encore, que de faire appel à celui-ci, en particulier.

Edité par Héliotrope, Sentiers de neige est le quatrième roman de Kev Lambert.

« Je fais toujours des lancements au Saguenay pour mes livres. Là, j’avais envie de faire quelque chose de différent. C’est un livre où l’on entend beaucoup les mots, les dialogues, la langue du Lac-Saint-Jean et du Saguenay. J’ai trouvé que c’était cool qu’une actrice le porte. Je voulais que ce ne soit qu’une seule personne. Travaillons à trouver certaines tonalités », explique-t-il.

« Ensuite, cela nous ramène vraiment à l’enfance, c’est comme si quelqu’un nous racontait une histoire. Mais là, la maman qui nous raconte avant de se coucher, elle a fait des années au Conservatoire, des années de comédienne au théâtre, ses lectures sont claires, sa prononciation est parfaite », ajoute l’auteur en riant.

Cette admiration qu’il porte à son collègue est aussi réciproque, on s’en rend compte tout au long de l’entretien. Parce que Marie-Thérèse Fortin adore l’écriture de Kev Lambert. Sa capacité « à mettre le doigt sur ce que l’on vit ». Pour « trouver les mots justes pour nommer ce que l’on ressent ».

Et là, c’est « exactement ça », dit-elle à propos du réveillon du Nouvel An représenté dans Sentiers de neigeavec tous les bons ingrédients. Les odeurs, les tensions qui montent, les comportements qui changent, la hiérarchie qui s’installe, entre grands et petits.

Kev Lambert souhaitait faire quelque chose de différent pour ce énième lancement de livre dans sa région d’origine. (Sophie Lavoie/Le Quotidien)

« Je m’en souviens avec Que notre joie demeureJ’ai pensé : voyons, quelqu’un qui écrit comme ça au Québec… ? C’était tellement nouveau pour moi, cette écriture très détaillée, très juste dans le rapport de force entre les personnages. Je pensais qu’il était très jeune pour être aussi lucide.

« Il parle des choses qu’il a vécues et il les transforme. Comme le font les grands auteurs », a ajouté l’actrice.

Cette fois, le Saguenéen part un peu de son propre Noël, de sa propre famille. En empruntant un souvenir par-ci, une ligne par-là – peut-être que certains de ses proches se reconnaîtront un peu lors de la lecture de jeudi soir à Jonquière, se demande-t-il en riant.

Il ne détestait pas l’idée d’écrire une histoire autour de Noël. Et le considérait comme un territoire fertile. A la croisée de plusieurs générations, de différentes classes sociales. À la frontière entre réalité et fantasme.

Ce qui veut dire que Sentiers de neige entraîne le lectorat dans une ambiance de vacances, assurément. Mais aussi vers quelques réflexions.

En traitant avec la famille et les traditions. Puis les grandes questions restées sans réponse de l’enfance, le passage vertigineux à la vie d’adulte. Difficulté à se retrouver parmi des pairs qui ne nous ressemblent pas beaucoup. De la frontière ténue entre l’imaginaire et le réel, qu’on aimerait parfois assouplir.

« Je voulais bouleverser les codes du conte classique de Noël. Il s’agissait de travailler à partir d’ambivalences. Des choses que j’aime, et qu’en même - je n’aime pas. Ou que je trouve merveilleux, mais qui m’a fait souffrir. C’est souvent là que la littérature est intéressante, lorsqu’elle touche à des sentiments contradictoires. Ou des transformations d’émotions », partage Kev Lambert.

Une « sorte de conte de Noël », en définitive. Mais aussi fait pour « les gens qui n’aiment pas Noël ».

La lecture publique de jeudi a débuté à 19 h 30 à la salle Pierrette-Gaudreault et a affiché complet bien avant le début de la soirée. De quoi confirmer l’attrait des deux artistes présents, et la résonance que l’histoire trouve auprès du public.

 
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