« Le rêve du Jaguar » a séduit le jury du Grand Prix du roman de l’Académie française en octobre dernier et celui du Prix Femina le 5 novembre. Doublement primé, ce cinquième roman de l’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy révèle le fabuleux destin de son grand-père dans un Venezuela en mutation.
Un nouveau-né abandonné sur les marches d’une église, recueilli par un mendiant muet. Les habitants de Maracaibo ne le savent pas encore, mais cet enfant est destiné à un destin exceptionnel. Élevé dans la pauvreté, Antonio fut tour à tour vendeur de cigarettes, domestique dans une maison close avant de devenir l’un des chirurgiens les plus brillants du Venezuela.
« Le Rêve du Jaguar », cinquième roman de Miguel Bonnefoy, tisse une saga familiale vibrante, avec des personnages inoubliables, dans un Venezuela en proie à de violentes mutations politiques et économiques. Un roman à la fois épique et intimiste.
Un héritage après l’autre
Fasciné par l’histoire de sa famille, Miguel Bonnefoy s’était déjà plongé dans les aventures de ses ancêtres, du côté de son père. Son précédent roman, « Héritage », racontait leur départ du Jura, suite à des attaques de vignes ravagées par le phylloxéra, avec pour bagages une seule vigne survivante destinée à être replantée au Chili.
Quant à l’histoire des grands-parents maternels, elle trottait dans la tête de Miguel Bonnefoy depuis une vingtaine d’années. L’auteur franco-vénézuélien avoue qu’il lui a fallu du temps pour trouver le bon ton, la bonne musique pour écrire l’histoire de son grand-père Antonio, brillant chirurgien parti de rien, et de sa grand-mère Ana Maria, femme d’exception, première obstétricienne-gynécologue. .
Écriture méthodique
Interrogé sur sa manière de travailler, Miguel Bonnefoy déclare être très discipliné : « Je suis assez militaire et très méthodique. Le matin, je dépose mes deux filles de deux et quatre ans à l’école et quand j’arrive à la maison, généralement la maison est dans un tel état qu’on dirait Bagdad », avoue en souriant l’écrivain dans l’émission Quartier livre de septembre. 8.
Et d’ajouter : “Comme je n’ai pas le temps de tout ranger, puisque je vais les récupérer à 16 heures, je pousse simplement les Legos de la table à manger et j’y pose mon ordinateur.” Si la matinée est consacrée à l’écriture, Miguel Bonnefoy consacre ses après-midi à la lecture, à la recherche et à l’écriture de scénario.
L’écrivain qui aime la beauté
Ayant grandi dans une famille de femmes, entouré de tantes, sœurs et cousines, Miguel Bonnefoy dit avoir été élevé par des femmes courageuses, intelligentes et puissantes. Ces femmes – aux horizons incroyables – se retrouvent régulièrement dans les personnages de ses romans.
Une autre caractéristique de son écriture est qu’on ne trouve pas dans ses livres de dégoût, de cynisme ou d’impolitesse. « On finit par écrire les livres qu’on aime lire et donc on finit par écrire des livres qui nous ressemblent », s’amuse Miguel Bonnefoy. « Il s’avère que j’ai le malheur de ne pas voir la laideur des gens… Pour une ville, pour une situation, il y a toujours un instant de lumière, un instant de beauté. Pour le moment, je mets plus d’énergie à parler de la rose que de la ronce.
Commentaires recueillis par Nicolas Julliard
Web adaptation: Sarah Clément
Miguel Bonnefoy, « Le rêve du Jaguar », éd. Rives, août 2024.