l’essentiel
Né à Bayonne en 1977, Xabi Molia vient de publier le captivant roman « La vie ou presque » aux éditions du Seuil. Trois jeunes personnages animés par une passion commune : l’écriture. Xabi Molia sera ce vendredi à la librairie Ombres Blanches.
Nous sommes dans les années 90. Paul, son frère Simon et Idoya brûlent de la même passion pour les livres et du même désir d’être un jour écrivains. Magnifique cri d’amour à la littérature, « La vie ou presque » nous entraîne à la suite de ces trois personnages vibrants de jeunesse et de ferveur. Un très beau roman, que Xabi Molia présentera ce vendredi aux Ombres Blanches.
Truffaut disait que le cinéma, c’est la vie meilleure. Pour vous, la littérature, c’est la vie ou presque ?
C’est un peu ça. C’est une formule qui peut être prise de plusieurs manières et qui dit ce qu’est la littérature, ou du moins ce que peut être la littérature. Elle a peut-être l’ambition de raconter l’histoire d’une vie, mais elle n’arrive pas non plus à tout capturer. La formule vient d’Idoya, qui a cette ambition de raconter « presque toute la vie ». Il y a aussi l’idée d’être « un peu en retrait » de la vie : les mots ne sont jamais tout à fait ceux qu’on aimerait écrire.
Vous avez le même âge que vos protagonistes : sont-ils proches du jeune homme que vous étiez ?
Je pense que je suis un peu des trois ! J’ai en commun avec eux cette passion pour les livres. C’est comme une autobiographie oblique. J’ai connu et connais encore les passions de ces trois personnages, leurs peurs aussi. Ils ont tous les trois une quête d’absolu. Paul connaît très tôt le succès avec un livre qui n’est pas génial et il est hanté par la peur d’être un mauvais père. Maurice Nadaud disait que tout succès en librairie est lié à un malentendu. Publier, c’est accepter l’imperfection. Je dors très mal les jours qui précèdent l’envoi de mon manuscrit à mon éditeur en lui disant : « Allez, c’est parti, publions !
Adolescent, étiez-vous aussi fasciné et amoureux des livres qu’eux ?
On dit parfois de quelqu’un qui est tout le temps plongé dans les livres qu’il est isolé du monde, qu’il s’en éloigne. Pour ma part, je sais que les livres m’ont aidé à comprendre le monde. Je viens d’une famille où il n’y avait pas de livres et d’une ville, Bayonne, où il n’y avait pas beaucoup de librairies.
« Il y a trente ans, on prédisait la mort du livre ; plus personne ne dit ça aujourd’hui »
La littérature pour moi, c’était Lagarde et Michard, et je ne connaissais rien au monde de l’édition ! Aussi, lorsque j’ai découvert Georges Perec et notamment « La vie mode d’emploi », j’ai compris que j’étais autorisé à tout faire.
On lit ces chapitres sur les « écrivains parfaits » d’Idoya d’une seule main sur Google, car ils n’existent pas tous…
Comme Idoya, j’ai d’abord voulu écrire un livre sur les « écrivains parfaits », avant d’intégrer Paul et Simon – d’ailleurs j’ai toujours l’envie d’écrire ce livre. C’est vrai que j’ai pris beaucoup de plaisir avec ça, car j’ai aussi inclus dans ces chapitres des auteurs qui existaient réellement ! La littérature est très mystérieuse : à cette époque où nous avons tant de demandes, de propositions, à la télévision, à la télévision, à la radio, le livre est toujours en résistance. Il y a trente ans, on prédisait sa mort : plus personne ne le dit aujourd’hui. Pendant le confinement, les gens avaient envie de lire, de trouver leur librairie. Qu’est-ce qui nous fait tant aimer les livres ?
Ce roman est-il votre cri d’amour à la littérature, aux écrivains, aux livres ? L’idée que tant qu’on entre dans une librairie, tout n’est pas gâché ?
C’est exactement ça. Attention : on ne vivra plus des moments comme, à la mort de Zola ou d’Anatole France, tout Paris suivait le cercueil de l’écrivain décédé. L’écrivain-prophète qui éclairait les foules est fini. Mais il n’en reste pas moins que nous aimons lire, nous éloigner du bruit qui nous dérange lorsque nous ouvrons un livre et choisissons l’insularité. Le choix du silence.