On pourrait dire qu’octobre est le mois du livre en Acadie. Cela a commencé avec la Foire du livre de la Péninsule acadienne qui a connu un grand succès. Et cela se termine avec la 34e édition du Salon du livre de Dieppe. Si les arbres en octobre nous permettent d’en voir toutes les couleurs, les livres rendus possibles par les arbres nous permettent d’apprécier toute une palette de couleurs à travers la connaissance et les sentiments.
J’ai participé au vernissage du spectacle de la Péninsule acadienne. Des messages délivrés à cette occasion, j’ai appris que le spectacle est devenu un incontournable de la programmation des activités automnales. Le conseil pédagogique souligne la valeur pédagogique du spectacle. Le campus universitaire affirme son rôle privilégié de partenaire. La ville de Shippagan parle d’attirer les visiteurs. Les sponsors citent des avantages économiques. Tout cela est vrai et mérite d’être souligné. Mais il y a plus.
La littérature joue un rôle inestimable dans le cheminement de la vie. Je ne pourrais pas le dire mieux que le pape François. Le 17 juillet, il signe une lettre de onze pages sur « le rôle de la littérature dans la formation ». À l’heure du bannissement de certains, le pape a l’audace de nous inviter à « choisir nos lectures avec ouverture, surprise, flexibilité, en nous laissant conseiller, mais aussi avec sincérité, en essayant de trouver ce dont nous avons besoin à chaque instant de notre temps. la vie » (n° 17).
Cette lettre pourrait vous surprendre. Parce que l’Église a déjà mis certains livres sur liste noire au cours de son histoire. Aujourd’hui, elle a l’humilité de reconnaître les avancées de l’humanité grâce à l’audace inquiétante de certains auteurs. De plus, certains pourraient se demander pourquoi le Pape s’intéresse à un domaine qui n’est pas au cœur de sa mission. Il répond lui-même : « en tant que chrétien, rien d’humain ne m’est indifférent » (n° 37).
Avantages de la lecture
La lecture nous rend sensible au mystère des autres. Il nous sort de notre cocon pour mieux comprendre les émotions que nous vivons : rejet et trahison, abus et humiliation, passion et dépassement de soi, courage et abnégation. De plus, la lecture permet de nommer des sentiments universels que nous éprouvons tous : en pleurant sur le sort d’un personnage, nous pleurons en réalité sur nous-mêmes et sur notre vide, notre solitude, nos défauts.
Dans un monde influencé par les médias audiovisuels, les dépêches réduites à quelques mots et les fake news, la lecture permet de prendre une certaine distance avec l’immédiat. Cela nous oblige à ralentir pour évaluer les problèmes, former notre conscience et avoir un portrait objectif de la réalité basé sur des faits plutôt que sur des opinions. La lecture nous enseigne l’humilité de la non-simplification et éduque notre conscience sur le risque de porter des jugements hâtifs.
Le Pape accorde une grande importance à l’engagement personnel dans l’acte de lire. La lecture utilise l’imagination. Celui-ci s’active à réécrire avec ses propres souvenirs, ses expériences et ses espoirs, ce que raconte l’auteur. En ce sens : « une œuvre littéraire est un texte vivant et toujours fécond, capable de parler de manière nouvelle de multiples manières et de produire une synthèse originale avec chaque lecteur qu’elle rencontre » (n° 3).
Vive les auteurs
De nombreux autres effets positifs de la lecture sont soulignés dans la lettre pontificale. Il y a l’acquisition d’un vocabulaire plus large, la stimulation de la créativité, la réduction de l’anxiété, l’augmentation de la concentration. Cela nous rend empathiques envers les expériences des autres et nous empêche de prétendre tout comprendre. La littérature est une école de vie !
Il y a tellement d’effets positifs à la lecture.
Cela m’amène à me demander comment nous avons réussi à convaincre autant de monde de remplir les salles de sport, alors que les bibliothèques restent souvent des déserts. Certains ont dû comprendre qu’il est plus facile de manipuler des armes fortes que des renseignements bien entraînés.
De retour d’un voyage apostolique au Japon, un journaliste a demandé au Pape ce que l’Occident avait à apprendre de l’Orient. Il a répondu : « Je pense qu’il manque un peu de poésie en Occident. » Il y en a aussi une pénurie en Acadie. Ce n’est pas parce que nous manquons d’auteurs ! Ce sont ces lecteurs qui sont rares.
Si vous souffrez d’un manque de littérature, vous pouvez en guérir. Rendez-vous au Salon du livre de Dieppe. Entrez dans une librairie. Devenez membre d’une bibliothèque. Ouvrez un livre. Tout un monde s’ouvrira devant vous.
Bonne lecture !