Beaucoup ont entendu parler du livre « Pourquoi les Kevin ne deviennent-ils pas médecins ? » », publié il y a quelques jours. Rares sont ceux qui savent cependant qu’il a été rédigé par Étienne Guertin-Tardif, un sociologue de Daveluyville.
En entrevue téléphonique, celui qui enseigne la sociologie au Cégep Marie-Victorin de Montréal Nord a également expliqué qu’il avait insisté pour mentionner ses origines sur la couverture arrière du livre qui a beaucoup fait parler d’eux depuis sa sortie. Déjà, le titre est assez évocateur. Mais Étienne insiste sur le fait que le titre n’est en aucun cas un jugement puisqu’il repose sur des faits. Ainsi, le choix d’un prénom reflète le milieu de vie (classe sociale) et, par la même occasion, le niveau d’éducation. « Il y a plus d’Antoine qui deviennent médecins que de Kevin, Dave ou Steven », affirme-t-il, ayant eu accès à certains documents du Collège des médecins.
Il ajoute que le but de cette affirmation n’est pas du tout de frapper Kevin sur la tête, mais simplement de dire que par le prénom, il est possible de mesurer les inégalités éducatives. « Le titre peut paraître violent, mais il est empiriquement vrai », insiste-t-il. Des faits intéressants, qu’il avait déjà partagés, sous forme d’énigmes (comme il les appelle lui-même), notamment dans La Presse et Le Devoir il y a quelques années. Il a donc décidé de les rassembler dans cet ouvrage publié aux Éditions du Journal.
Si les chapitres sont des énigmes, c’est tout simplement parce qu’ils sont des questions en soi et l’auteur compare le rôle du sociologue à celui du détective qui aborde les questions sociales et les explique à l’aide d’outils d’analyse.
Cela lui donne l’occasion de parler de sociologie, un sujet qui lui tient à cœur et qui n’est pas assez couvert, selon lui, tout en touchant M. et Mme Tout-le-monde avec des faits amusants et intéressants. Il souhaite simplement souligner la pertinence de la sociologie pour comprendre notre environnement. « Prenons le suicide par exemple, les sociologues ont beaucoup à dire sur le sujet. C’est un phénomène social qui varie dans le temps et dans l’espace et qui est lié à l’organisation des sociétés », indique-t-il. Bien conscient qu’on aborde souvent les choses sous un angle psychologique, Étienne estime qu’il serait bénéfique de les regarder sous un angle sociologique.
Il explique également que les joueurs de hockey professionnels naissent généralement dans les premiers mois de l’année, que les activités religieuses jouissent d’une grande popularité dans les prisons et pourquoi les gens ne souriaient pas sur les photos dans le passé. « Mon métier est de vulgariser la sociologie et la salle de classe est un excellent laboratoire », découvre celui qui enseigne depuis maintenant dix ans.
Daveluyville
Étienne Guertin-Tardif est très fier de ses origines qu’il ne manque jamais de rappeler. Il habite Daveluyville jusqu’à l’âge de 17 ans, suit ses premiers cours de sociologie au Cégep de Victoriaville, qui colorent son chemin. Il était également le batteur du groupe State of the Art, connu localement. Aujourd’hui père et professeur, il n’a plus vraiment de temps pour la musique même s’il gratte encore la guitare.
Heureusement que la sortie de son premier livre n’est pas passée inaperçue. Disponible depuis le 18 septembre, tant au Québec qu’en France, les ventes sont bonnes jusqu’à présent. “Je suis content de la réaction et des critiques médiatiques”, confie-t-il, annonçant qu’il pourrait bien proposer un deuxième tome, ayant en tête d’autres idées d’énigmes à raconter. “Mais cela va prendre du temps”, dit-il.
Étienne pense aussi raconter son parcours de vie, mais sur un plan sociologique. «Pour expliquer comment le lieu où nous vivons a un impact sur le développement», dit-il.