ce qu’il faut retenir du livre de Laurent Berger et Jean Viard

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Laurent Berger, ancien secrétaire général de la CFDT, en novembre 2023. DIDIER ALLARD / INA VIA AFP

Critique A la tête d’un nouvel Institut pour l’Environnement et la Solidarité au Crédit Mutuel, l’ancien dirigeant de la CFDT fait sa rentrée médiatique sur -Inter et publie un livre d’entretiens avec le sociologue Jean Viard. Un discours de méthode pour la gauche réformiste ?

Par Sylvain Courage

Publié le 24 avril 2024 à 8h00Mis à jour 24 avril 2024 à 8h06

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Bonjour, le revoilà ! En publiant « Pour une société de compromis » (L’Aube), un dialogue avec le sociologue Jean Viard, Laurent Berger fait un retour surprise dans le débat public.

Quelques mois seulement après avoir été contraint au silence pour laisser le champ libre à Marylise Léon, nouvelle secrétaire générale de la CFDT, l’ancien dirigeant syndical remet son grand travail social-démocrate sur la profession. Et invoque les mânes de la « deuxième gauche », celle qui privilégie la négociation, la décentralisation et l’autonomie de la société civile à l’étatisme centralisateur.

Des vieilles lunes CFDT des années 1970 popularisées par Michel Rocard en son temps ? Certainement pas ! Laurent Berger et son interlocuteur postulent au contraire que cette méthode réformiste admise est bien la seule qui vaille la peine d’être tentée pour apaiser et réparer une société française qu’ils estiment “très anxieux” Et ” très fatigué “.

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Pour répondre aux immenses défis de la transition écologique, de la révolution numérique ou de la nouvelle organisation du travail, les auteurs vantent les vertus du « compromis » : « Le gros mot est abandonné dans un pays qui se considère plus révolutionnaire que réformateur, à une époque où le radicalisme pourrait sembler en hausse. » ils se confient. Un compromis qui n’a rien à voir, selon eux, avec du compromis car « S’il ne peut y avoir de compromis sur les valeurs, il doit y avoir des compromis sur la construction de la société. Le Conseil national de la Résistance l’a clairement montré dans son programme, ferme sur les valeurs et ouvert sur les solutions. »

Méthode douce et collégiale

Volontariste, l’approche « compromise » consiste à prendre en compte la réalité sociale et « des intérêts contradictoires » qui le traversent, de viser l’intérêt général par le dialogue tout en poursuivant un objectif de justice. « Plus les bouleversements collectifs sont puissants, plus les efforts individuels sont importants, plus la méthode doit être douce et collégiale : telle est l’idée fondamentale de ce livre », disent les auteurs. On comprend de là qu’il s’agit d’abandonner immédiatement la stratégie “bruit et fureur”un temps imposé au camp progressiste par l’agitateur Jean-Luc Mélenchon.

Laurent Berger, qui veut se rendre utile en pilotant la création d’un « Institut Mutuel pour l’Environnement et la Solidarité » sous l’égide du Crédit Mutuel, pousse la provocation jusqu’à impliquer les entreprises dans le nécessaire mouvement d’adaptation. . « L’entreprise privée a une part de responsabilité évidente dans la révolution écologique à venir et dans la réduction des inégalités », il dit. On ne sera pas surpris qu’il place les nouvelles relations au travail au centre de sa réflexion.

« En entreprise, la fracture n’est plus tant entre le capital et le travail (même si c’est encore une réalité dans de nombreuses entreprises) qu’entre ceux qui disposent d’un espace d’autonomie, d’expression et de liberté dans leur travail et ceux qui ont le sentiment de ne pas l’avoir ou de ne plus l’avoir. »

Dans le monde professionnel, l’habitude de la négociation et du compromis est prise. « Le monde du travail sait démontrer au quotidien que le dialogue et le compromis sont possibles, note Laurent Berger. Résultat : les conflits du travail diminuent, le nombre de jours de grève diminue considérablement depuis des années, et cela ne se fait pas au détriment des droits des travailleurs. » Reste à généraliser cette culture à l’ensemble du pays, suggèrent en substance Laurent Berger et Jean Viard. « Tant que la gauche française ne changera pas son rapport aux entreprises – qu’elle n’aime pas, mais surtout qu’elle ne connaît pas –, elle restera têtue. » insiste le cédétiste.

Une démocratie enfin participative

Fidèles au principe de décentralisation, les auteurs plaident pour la subsidiarité afin que les décisions soient prises au plus près du terrain. « Lorsque je donne des conférences sur le travail, on me demande souvent quelle loi je pense qu’il faudrait adopter en priorité. Je réponds qu’il nous faut tout sauf une loi, car il suffit de vouloir tout le temps décider pour les gens et le moment est venu d’accepter de leur donner les clés du camion. » Il s’agit bien sûr de privilégier une démocratie enfin participative. « L’un des paradoxes d’Emmanuel Macron est d’avoir incarné une ultraverticalité dans l’exercice du pouvoir et d’avoir ouvert des mécanismes de participation, de dialogue, de débat. Mais sans succès, après avoir profondément déçu le magnifique espoir chaque fois suscité. »remarque Berger et Viard.

« Des solutions existent : elles seront collectives ou ne le seront pas, elles seront débattues ou ne le seront pas, elles seront à nouveau portées par un élan enthousiaste et des passions joyeuses, elles seront associées à un dessein et un destin positifs, ou seront condamné. Ce n’est pas seulement l’affaire des politiciens, c’est l’affaire de la politique. Et la politique, c’est nous . Tous ensemble. »

On croirait entendre un discours électoral. Au grand désarroi de tous ceux qui lui attribuent un destin présidentiel, Laurent Berger répond invariablement qu’il n’entend pas représenter la gauche à la fonction suprême. Mais il a toujours fait savoir qu’il pouvait s’engager dans un projet collectif. La publication de « Pour une société de compromis » confirme cette volonté qui ne doit pas laisser indifférents tous les prétendants à la présidence de la République favorables au « compromis »…

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« Pour une société de compromis », de Laurent Berger et Jean Viard, Editions de l’Aube, 120 p., 14 euros.

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