Pascal Dessaint se dévoile dans les Cévennes

Pascal Dessaint se dévoile dans les Cévennes
Pascal Dessaint se dévoile dans les Cévennes

Une enquête ? Une introspection ? Une fiction qui rencontre la réalité ? Le dernier ouvrage de l’auteur toulousain est tout cela à la fois. Le tout est basé sur l’histoire vraie d’une jeune femme qui a vécu seule dans les Cévennes et la campagne lozérienne pendant 15 ans.

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Que cherche l’écrivain du « polar naturaliste » comme on l’appelle souvent Dessaint ? Est-il en quête de lui-même ou est-il en quête d’elle ? Il se livre comme jamais, sur ses drames familiaux, sur ce qui le constitue aujourd’hui et sur ce qui l’a amené sur ces chemins de pleine nature.

Je vois les gorges du Tarn à l’ouest, Alès à l’est, le mont Aigoual au sud, Genolhac au nord, à peu près ces points cardinaux mais c’est déjà loin.

Une nature qui le pousse à se dénuder lui aussi, à tout dire, à tout raconter, comme s’il vidait sa dernière cartouche d’encre. Alors forcément il parle beaucoup de lui, de son palmarès. Il prouve ainsi aux lecteurs qu’il n’est pas là par hasard. Il n’est pas journaliste comme ces reporters, Florence Aubenas ou Saïd Makhloufi, qui courent après « la Manon des Sources des Cévennes ». « Inconscient, je le suis assurément, sinon je ne serais pas écrivain ».

S’il était lui aussi journaliste, Dessaint chercherait à tout prix à savoir pourquoi elle a quitté sa famille et la société. Il chercherait à savoir comment elle fait face à la solitude ou simplement comment elle survit, se réchauffe, se nourrit. Il pourrait savoir tout cela, mais il dit qu’il « ne veut pas lui faire de mal ».

Au début, elle se faufilait dans les fermes, les cabanes, les huttes, les bergeries. Cela ne dérangeait vraiment personne. En fait, on laissait de la nourriture sur la table de la cuisine, ou dans les ruches en rondins spécialement conçues, parfois avec un mot gentil. Est-ce toujours le cas ? Qui la protège ? Beaucoup encore, je crois.

Ce n’est donc pas à une enquête journalistique que Pascal Dessaint souhaite se livrer tout en laçant ses chaussures de randonnée et en remplissant sa gourde. La nature est sans doute la véritable héroïne de son récit. D’ailleurs, il lui faudra beaucoup de temps pour vraiment interroger les locaux sur les résultats de ses recherches. Pourtant, ici, presque tout le monde le sait.

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La nature n’est-elle pas la véritable héroïne de « la femme sauvage » ?

© Yannick Le Teurnier/FTV

En suivant les traces de cette femme sauvage et dans cette nature luxuriante, il va retrouver de nombreux fantômes dont le sien : un ancien villageois qui n’a pas voulu faire 14-18, des résistants de la guerre suivante et d’autres légendes. Il a alors l’impression que quelqu’un le suit. Mais cela ne l’effraie pas : « mes morts me rendent souvent visite et ils ne sont pas méchants » écrit-il.

Mais le pire n’est pas l’abandon du matériel. Le pire, c’est la perte de l’immatériel. A commencer par les sentiments pour les autres. Elle peut être généreuse envers un animal, voire le sauver, mais elle ne sera plus généreuse envers un humain.

Les humains finiront par la rattraper. Cette liberté vertigineuse, cette nature à la fois périlleuse et cocon, seront révolues. Les humains, comme chacun d’entre nous, ne lui laisseront pas le choix. Mais sa vie sauvage continuera d’exister à travers les lignes de Pascal Dessaint.

“A Wild Woman” by Pascal Dessaint, Salamandre.

 
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