jeIl n’y a pas de peuple sans histoire… C’est le « sous-titre » du dernier roman de Valérie Perrin, imprimé sur le bandeau rouge qui recouvre la couverture Tata. Et en effet, s’il est une chose que Valérie Perrin nous montre de livre en livre, c’est qu’il n’y a pas d’êtres humains sans histoire. Ou plutôt que toutes les histoires humaines sont belles à voir et à raconter. Valérie Perrin s’empare de l’ordinaire pour nous entraîner dans des romans sans prétention et pourtant captivants. Ses personnages ne sont ni des héros ni des héroïnes mais ils sont magnétiques… De page en page, elle raconte leur quotidien avec finesse, décrit leurs émotions avec sensibilité et tisse une toile invisible qui nous relie à eux. On est loin du thriller ou du roman policier et pourtant, il est difficile de s’arrêter au milieu de ses histoires pas si banales.
« Colette est à nouveau morte »
Avec TataValérie Perrin livre un long roman (640 pages tout de même, c’est de plus en plus rare) sur la vie « sans histoire » de Colette, cordonnière à Gueugnon. Quand Agnès apprend la mort de sa tante, elle ne comprend pas car Colette est déjà enterrée depuis trois ans ! Réalisatrice de renom, en pleine dépression après son divorce, Agnès va revenir dans cette ville où, enfant, elle passait toutes ses vacances, auprès de cette tante un peu lointaine, jamais démonstrative de ses sentiments sauf quand il s’agissait de football… Renouant avec ses amies adolescentes, elle va partir en quête de la vérité, redécouvrant cette femme qu’elle croyait connaître. En héritage : une valise pleine de cassettes audio enregistrées par Colette. Passé et présent s’entremêlent pour révéler une vie difficile et surtout des secrets bien gardés. À trop remuer le passé, les destins de chacun vont inévitablement être ébranlés…
Des histoires entrelacées
Valérie Perrin a une fois de plus écrit un roman aussi prenant que palpitant. Des intrigues glissantes qui bouleversent les destins de ses personnages. D’anecdotes cocasses en tragédies, ses histoires ordinaires, désarmantes de simplicité, deviennent à chaque fois extraordinaires par la puissance du récit. Cette tante un peu bourrue, silencieuse et secrète va peu à peu gagner notre cœur comme tous les personnages de cette histoire. Parce qu’il n’y a pas de véritables personnages secondaires dans ce roman de Valérie Perrin, chaque destin a sa place, son importance et touche le lecteur. Mieux vaut aimer les histoires qui s’entremêlent, certains risquent de s’y perdre. Mais si vous avez aimé la douceur des « Oubliés du dimanche » son premier roman ou l’intrigue magistrale de « Changer l’eau des fleurs » son plus gros succès en librairie, vous ne pourrez pas résister à ce Tata.
Tata, Valérie Perrin, Albin Michel, 640 pages, €23.90
