une ville à livre ouvert

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Vilnius est une ville littéraire de l’UNESCO depuis 2021 et est en plein essor depuis un certain temps. La capitale lituanienne répond pleinement aux critères de l’UNESCO pour les villes littéraires : organiser des festivals internationaux de littérature, disposer d’universités qui forment à la littérature et au métier du livre, disposer d’un réseau de librairies indépendantes et organiser des événements littéraires. De nombreux acteurs du monde du livre, de l’édition ou de la presse littéraire, saluent l’initiative que l’on doit à quelques passionnés et à la mairie de Vilnius. Si auparavant, c’était l’union des écrivains qui dominait la vie littéraire, l’arrivée d’un nouvel acteur lui donne une nouvelle vie.

Une vie littéraire très active

Il y a tout d’abord l’incontournable salon du livre qui a lieu en février depuis vingt-quatre ans. Des milliers de Lituaniens, jeunes et vieux, envahissent les allées de cette librairie géante. Cette année, ils étaient 55 000. Le spectacle sait se renouveler, notamment grâce à une large programmation culturelle et de nombreuses rencontres avec des écrivains. De plus, les écrivains et éditeurs étrangers sont souvent verts de jalousie. Il existe trois autres festivals littéraires à Vilnius et deux grands festivals de poésie dans le pays.

Si le nombre de lecteurs s’érode un peu avec le temps, de nouvelles maisons d’édition apparaissent régulièrement dans le domaine littéraire. Il y a la petite maison Rara qui est spécialisée dans la littérature sud-américaine et qui propose à ses lecteurs un abonnement pour recevoir ses livres. Un autre s’est spécialisé depuis une dizaine d’années dans le domaine de la vulgarisation historique. De nombreux musées organisent également des rencontres autour du livre.

À Vilnius, il n’y a rien de plus simple que de trouver quoi lire et où lire. L’été approche et avec l’été, les bibliothèques extérieures feront leur réapparition. On les retrouve dans différents quartiers de la ville, notamment dans les parcs. Les transats installés autour d’un présentoir signalent leur présence. On ne peut pas vraiment emprunter les livres, il s’agit plutôt de faire une petite pause avec un livre entre les mains.

Il faut savoir qu’en Lituanie, il n’y a pas de prix unique pour les livres, il existe donc un important marché du livre d’occasion, grâce à des librairies spécialisées dans tous les quartiers de la ville. Il faut souvent fouiller, mais on peut trouver des pépites pour quelques euros seulement !

Un retour en force des écrivains lituaniens

Récemment, nous avons remarqué le retour en force des écrivains lituaniens. Les derniers livres qui ont rencontré un immense succès il y a un mois au salon du livre sont des histoires d’espionnage écrites en lituanien sur la Lituanie. L’un se déroule aujourd’hui, écrit par Mantas Adomenas, spécialiste de la littérature classique, et l’autre, de l’historien Bernardas Gailius, se déroule dans les années 1930, lors de la première indépendance de la Lituanie.

L’autre sujet qui intéresse les auteurs est le début des années 1990, lorsque la Lituanie retrouve son indépendance après 50 ans d’occupation soviétique. Un éditeur m’a confié que la concurrence entre maisons d’édition est féroce pour obtenir son auteur. En Lituanie, un bon tirage est de 1 500 exemplaires, mais certains titres parviennent facilement à dépasser ce chiffre. Le roman graphique pour la jeunesse de Jurga Vilé, Haïkus de Sibérie, consacré à la déportation des Lituaniens vers la Sibérie, publié en 2018, a dépassé les 10 000 exemplaires. Il est traduit dans de nombreuses langues. A noter que pendant longtemps, la vie à la campagne a dominé la littérature. Le meilleur exemple de cette littérature est La saga de Youza de Juozas Baltusis qui décrit la vie d’un homme dans les marais. C’est aussi le livre lituanien traduit en français qui rencontre le plus de succès à ce jour et qui est constamment réédité depuis 1990. Désormais, le thème de la ville et de l’urbain entre dans la littérature lituanienne. .

Vilnius, un personnage à part entière

Nous avons commencé par dire que Vilnius était une ville littéraire par excellence ! Et on peut conclure en disant qu’elle est un personnage à part entière dans de nombreux écrits. Vilnius a en effet été une Source d’inspiration pour de nombreux écrivains étrangers. Au fil des pages, ils dressent un portrait de la ville. On peut par exemple découvrir Vilnius, la Jérusalem du Nord, dans la poésie yiddish de Moishe Kulbak. Romain Gary, né à Vilnius, situe les premières pages de La promesse de l’aube dans cette ville. Par ailleurs, une sculpture de l’auteur avalant une chaussure, allusion à une scène du livre, se trouve non loin du lieu où il vivait.

Pour citer des exemples plus récents, on peut citer le livre du Coréen francophone Haïlji qui décrit parfaitement le petit quartier d’Uzupis, à la réputation bohème et artistique. Ou Les corrections de Jonathan Franzen qui nous plonge dans la pègre de la Lituanie des années 1990. Le décor du roman est en partie le quartier de Zverynas, un joli quartier de maisons typiques en bois où se trouve encore l’ambassade de Russie.

Bibliographie

  • Mantas Adomenas, Moneta et labirintas, Baltos lankos, 2024
  • Bernardas Gailius, AgentAukso Zuvys, 2024
  • Jurga Vilé (scénariste), Lina Itagaki (dessinatrice), Haïkus de Sibérie, Sarbacane, 2019.
  • Juozas Baltusis, La Saga de Youza, traduit du lituanien par Denise Yoccoz-Neugnot, 2002.
  • Romain Gary, La promesse de l’aube, Gallimard, 1960.
  • Haïlji, La République d’Uzupistraduit du coréen par Kyungran Choi, Serpent à plumes éditions, 2016.
  • Jonathan Franzen, Les corrections, traduit de l’anglais (États-Unis) par Rémy Lambrechts, L’Olivier, 2002.
 
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