« L’Imagination », « L’Homme qui vivait sous terre », « Breaking Point »… – .

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LA LISTE DU MATIN

Imagination, un nouveau cours de Paul Ricœur (1913-2005), qui conjugue les deux traditions continentales et analytiques de la philosophie contemporaine, ouvre notre sélection d’ouvrages de la semaine. Il est accompagné d’un thriller urbain sur un Afro-Américain accusé de meurtre, de Richard Wright (1908-1960) ; un essai passionnant de Mélanie Fabre sur les « hussards noirs » du IIIe République, à une époque où l’engagement féministe se confondait largement avec la lutte scolaire ; le roman noir Après le mondede Franck Bouysse, et le roman policier Point de rupture, de l’écrivain américain Kevin Powers, vétéran de la Seconde Guerre du Golfe.

PHILOSOPHIE. « Imagination », de Paul Ricœur

La publication d’un important ouvrage inédit du philosophe Paul Ricœur daté de 1975, Imagination, synthétise tout ce qu’il y a d’exceptionnel dans cette pensée. Ricœur développe une théorie de l’imagination, élément central de sa réflexion, et s’attache à dépasser les condamnations qui, depuis Aristote, qualifient cette faculté de « maîtresse de l’erreur et de la fausseté » (Pascal) ou « folle de maison » (expression prêtée à Malebranche).

Dans le sillage d’Alain et Bachelard, il réhabilite ce pouvoir critiqué. Loin de se réduire à reproduire des impressions en images, l’imagination a une dimension “producteur” et créatif ce qui en fait l’intermédiaire obligé entre les sens et l’esprit.

Imagination s’impose comme une pièce maîtresse du corpus ricoeurien. Dans ces pages denses, le lecteur se laisse guider de l’Antiquité au XXe siècle.e siècle par un professeur exceptionnel. Parce qu’il réalise de manière visionnaire la confluence des deux grands courants de la philosophie contemporaine (analytique et phénoménologique), Imagination apporte la bonne nouvelle de leur réconciliation actuelle. Une raison supplémentaire de se plonger dans ce témoignage jusqu’alors méconnu. NO

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“Imagination. Cours à l’Université de Chicago » (1975), suivi du « Séminaire de la rue Parmentier (1973-1974) » (Leçons sur l’imagination), de Paul Ricoeur, sous la direction de George H. Taylor, Robert D. Sweeney, Jean-Luc Amalric et Patrick F. Crosby, traduit de l’anglais et préfacé par Jean-Luc Amalric, Seuil, « Bibliothèque Ricoeur », 558 p., 27 €, numérique 19 €.

ROMAN. « L’homme qui vivait sous terre » de Richard Wright

Fred Daniels, 28 ans, rentre chez lui après une dure journée de travail à tondre la pelouse d’une maison riche pour quelques dollars. Mais trois policiers l’arrêtent : un crime a été commis dans le quartier. Les officiers sont blancs ; Daniels est noir.

Immédiatement conduit au commissariat, tabassé avant de signer des aveux qui lui ont été arrachés, il ne doit son salut – provisoire – qu’au fait d’avoir quitté ses tortionnaires pour se réfugier dans les égouts de la ville.

Au cours de sa brève évasion, entre quête initiatique et odyssée chthonienne, Daniels explorera un « dimension drôle » souterrain : un décor « brumeux, collant, nuageux »comme sa propre condition, réduite par le racisme à cela “une émotion qui lui disait que, bien qu’innocent, il était coupable”. De conduits en pièces aveugles, croisant un nourrisson mort ou un vieil homme espionnant une scène de braquage, le fugitif finit par encercler « parmi toutes ces choses qui lui sont présentées (…) une sorte de lien magique qui les rendait intimement proches. Car du cœur des ténèbres surgit une part de cette vérité invisible aux yeux des yeux. “le monde d’en haut”devenu à ses yeux un « forêt sauvage où erraient la mort et les bêtes aveugles ».

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