Éric Zemmour est revenu dans les chaussons qu’il préfère et connaît le mieux : ceux de commentateur de la vie politique. Le 4e homme de la dernière élection présidentielle (7,07%) sort de l’ombre pour la sortie du livre relatant sa toute première campagne. “Je n’ai pas dit mon dernier mot”, clame l’ancien journaliste en titre, avant de dérouler sur quelque 330 pages son “contre-récit” de la course à l’Élysée. (publié le 16 mars aux éditions Rubempré, 334 pages, 21,90 euros).
Un journal chronologique et un peu nostalgique de son épopée, parfois racontée comme une aventure chevaleresque, où il reconnaît quelques erreurs de forme, tout de même, mais sans jamais revenir en arrière. Et y règle aussi pas mal de comptes. Surtout avec les médias – “J’ai été piégé, combattu et battu par les médias, c’était mon principal adversaire (…). J’ai découvert à quel point ils étaient puissants, stupéfiants pour la population”, a victimisé Zemmour, invité sur CNews ce mercredi – ou avec Marine Le Pen, “prête à tous les démentis”, à propos de laquelle il rappelle que, dans sa jeunesse, elle “fréquentait plus que les boîtes de nuit”. bibliothèques ».
« Le titre de son livre est à l’exact opposé de la réalité. Quand on vomit sur tout le monde, ça montre que c’est son dernier mot. C’est quelque chose qu’on écrit en partant, a rétorqué Marine Le Pen en privé cette semaine. Zemmour a été battu par quelqu’un qu’il méprise (se), c’est une souffrance intolérable pour lui. »
“Remplacer LR”
L’aventure politique d’Éric Zemmour serait-elle déjà à son crépuscule ? Son parti, Reconquest, revendique environ 100 000 adhérents, preuve qu’il suscite toujours l’enthousiasme de ses plus fervents supporters, mais peine encore à trouver sa place, et sa stratégie. Très offensifs envers le RN lors de la présidentielle, les zemmouristes aspiraient, selon la formule de son vice-président Guillaume Peltier, à devenir le parti « trait d’union » entre RN et LR cet automne, à vouloir désormais « remplacer LR et éviter jamais des comparaisons flatteuses avec le RN.
“Ils n’ont toujours pas choisi ce qu’ils veulent être, et ils n’arrivent pas à créer leur espace politique”, observe un interlocuteur ponctuel, ayant l’impression que la bande de Zemmour n’a “pas encore analysé à froid” les ressorts de leur défaite. “Je crois que les Français finiront par comprendre que l’option politique que nous leur proposons est la seule qui puisse sauver notre pays du sort tragique qui nous est promis”, affirme ainsi l’ancien journaliste dans son livre.
---L’avenir incertain de la Reconquête se jugera notamment à l’aune des prochaines européennes. En interne, nous pensons pouvoir obtenir un très optimiste 10% des voix en 2024. « A l’élection présidentielle, Zemmour a promis la victoire, pas 8-10%. Devenir un parti de plus n’a aucune valeur… », confie un cadre LR.
Surtout : que va faire Zemmour, personnellement ? A Reconquête, on confirme qu’il ne devrait a priori pas porter la liste – ni être en position éligible – laissant ainsi la place de n° 1 à Marion Maréchal. “On ne trahit pas un secret en disant qu’Eric n’a pas une énorme appétence pour les sujets européens”, glisse un responsable, alors que Zemmour qualifiait auparavant les européennes de “présidentielle des pauvres”.
“Ce livre est un aveu”
Dans un entretien accordé samedi à l’hebdomadaire Le Point, il se revendique à la fois politique et “intellectuel engagé”. ” Je peux (…) faire les deux. Cela ne signifie pas que je sauterai personnellement sur chaque bulletin de vote et que je me présenterai à chaque élection », dit-il. Aucune porte n’est donc fermée et aucune formalisation ne doit intervenir dans l’immédiat. Certains proches estiment que la position « en surplomb » le protégerait et conviendrait mieux à son statut. En vue de 2027 ?
Éphémère président d’honneur de la Reconquête, revendiquant désormais sa liberté, Gilbert Collard l’invite à tourner la page politique. « Ce livre est un aveu : son domaine est l’écriture, c’est son refuge. Si on veut que Reconquest ait un espoir de reconquête, cela passe par Marion. Mais elle aura un travail, car c’est le Titanic ! « Tranche l’eurodéputé.
” Je ne regrette rien. J’ai non seulement tiré de nombreuses leçons de cette folle aventure, mais je mène désormais ce combat avec plus de force qu’avant », promet Éric Zemmour dans son livre. Aucune intention de quitter le navire, donc. En tout cas, c’est au moins lui qui tient le journal de bord.