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Le cessez-le-feu entre en vigueur à Gaza

(Jérusalem) Des milliers de Palestiniens déplacés par la guerre à Gaza ont pris dimanche les routes pour rentrer chez eux au milieu des destructions, au premier jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens.


Publié à 7h18

Mis à jour à 8h19

Marc JOURDIER

Agence -

A la veille du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les armes se sont tues à 4h15 (heure de l’Est), avec près de trois heures de retard, le Hamas ayant tardé à fournir la liste des trois Israéliennes à libérer aujourd’hui.

Selon le Forum des familles d’otages, il s’agit de la britanno-israélienne Emily Damari et de la roumano-israélienne Doron Steinbrecher, capturées au kibboutz Kfar Aza, et de Romi Gonen, kidnappées au festival de musique Nova, lors de l’attaque menée par le mouvement islamiste Hamas sur 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.

FORUM PHOTOS DES FAMILLES D’OTAGES ISRAÉLIENS, FOURNI PAR L’AGENCE -

Affiches des otages Romi Gonen, Emily Tehila Damari et Doron Steinbrecher, qui doivent être libérés par le Hamas dans le cadre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza.

L’entrée en vigueur de l’accord fait naître l’espoir d’une paix durable dans le territoire palestinien, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son armée pourrait reprendre les armes.

Avant même la suspension des hostilités, des milliers de Palestiniens déplacés ont pris la route pour rentrer chez eux, à travers le territoire dévasté par plus de 15 mois de guerre, selon des images de l’AFP.

A bord des camionnettes ou à pied, certains tout sourire faisaient le « V » de la victoire, d’autres partageaient des friandises ou brandissaient le drapeau palestinien.

« Invivable »

Mais à Jabalia, à l’extrême nord de Gaza, la joie se mêle à la consternation face au paysage apocalyptique de décombres laissés par les opérations militaires israéliennes.

« Il ne reste plus rien au nord, c’est devenu invivable », déplore Walid Abou Jiab, tout juste rentré chez lui.

PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE -

Cette vue aérienne montre des Palestiniens déplacés retournant au camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 19 janvier 2025.

Des combattants cagoulés et armés du Hamas ont défilé à Deir al-Balah, au centre du petit territoire palestinien où la grande majorité des 2,4 millions d’habitants a été déplacée.

Dans l’intervalle entre le début prévu de la trêve et son entrée en vigueur effective, Israël a mené des frappes à Gaza qui ont tué huit Palestiniens selon la Défense civile locale.

PHOTO MAHMOUD ISSA, REUTERS

Un homme en deuil est assis à côté du corps d’un Palestinien tué lors d’une frappe israélienne dans la ville de Gaza, le 19 janvier 2025.

Le Hamas a justifié son retard dans la remise de la liste des otages par « des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements ».

Une fois la liste publiée, Israël a annoncé que le cessez-le-feu entrerait en vigueur à 4h15 du matin (heure de l’Est).

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L’avertissement de Netanyahou

Parvenu mercredi par les médiateurs – Qatar, Etats-Unis, Egypte –, l’accord vise à terme, selon Doha, à conduire à la « fin définitive » de la guerre, déclenchée par l’attentat du 7 octobre.

Mais Benjamin Netanyahu a prévenu qu’il s’agissait d’un « cessez-le-feu provisoire » et s’est réservé « le droit de reprendre la guerre si nécessaire ».

Son chef de la diplomatie Gideon Saar a également mis en garde contre une persistance de « l’instabilité régionale » si le Hamas, classé comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, restait au pouvoir à Gaza.

Hostile à la trêve, le parti du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) a annoncé qu’il quittait la coalition de M. Netanyahu, qui reste néanmoins majoritaire au Parlement.

PHOTO ATEF SAFADI, ARCHIVES PRESSE ASSOCIÉE

Ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir

« Joie » et « regret »

Aux termes de l’accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase de six semaines. Trois points de réception d’otages ont été installés à la frontière entre Israël et Gaza, selon un responsable militaire.

En échange, les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles libéreraient dans ce délai 1.904 Palestiniens, dont 90 devraient être libérés dimanche, selon le Hamas, qui a déclaré attendre la liste “sous peu”.

Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages qui pourraient être libérés, selon Paris.

A Tel-Aviv, Maya Roman, cousine d’un otage déjà libéré et d’un autre, Carmel Gat, mort en captivité, éprouve « une joie incroyable et en même temps un regret » pour les captifs tués à Gaza pendant les mois nécessaires à la conclusion d’un accord.

Parmi les prisonniers palestiniens qui devraient être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable des attaques anti-israéliennes et ancien chef local de la branche armée du Fatah, arrêté et emprisonné en 2019.

600 camions humanitaires

Selon le président américain Joe Biden, la première phase de l’accord comprend également un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et une augmentation de l’aide humanitaire dans le territoire menacé de famine selon l’ONU.

Selon l’Egypte, l’accord prévoit « l’entrée de 600 camions humanitaires par jour ». Un responsable égyptien a déclaré que « 197 camions d’aide et cinq de carburant sont entrés par le passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza et deux autres passages à la frontière égypto-israélienne après la trêve ».

PHOTO MOHAMED ABD EL GHANY, REUTERS

Des camions humanitaires sont garés près du poste frontière de Rafah entre l’Égypte et la bande de Gaza, le 19 janvier 2025.

Lors de la première phase, seront négociées les modalités de la seconde, qui doivent permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.

L’attaque du 7 octobre a fait 1.210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 restent otages à Gaza, dont 34 morts selon l’armée israélienne.

Au moins 46.913 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans l’offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l’ONU.

 
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