Accusé de violences sexuelles –
L’Église demande à la justice d’enquêter sur l’abbé Pierre
Le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Éric de Moulins-Beaufort souhaite enquêter notamment sur « d’éventuelles autres victimes ou d’éventuels complices ».
Publié aujourd’hui à 15h33
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Après avoir ouvert ses archives, l’Église catholique a pris vendredi une mesure hautement symbolique en demandant à la justice d’ouvrir une enquête sur l’abbé Pierre, à la suite de nouvelles révélations de violences sexuelles.
Le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Éric de Moulins-Beaufort a annoncé sur RMC avoir “saisi la justice” mardi pour qu’elle étudie la possibilité d’une enquête sur le prêtre, longtemps figure emblématique de la défense des démunis mais qui a fait l’objet cette semaine de nouvelles accusations extrêmement graves.
Le gérant explique avoir « rédigé un rapport au procureur de Paris pour lui demander d’envisager l’ouverture d’une enquête sur l’abbé Pierre ». Dans un communiqué, le CEF précise que ce signalement a été réalisé « pour non-dénonciation de viols et d’agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineures ».
Enquêter sur « d’éventuelles autres victimes ou complices »
Il s’agit également d’enquêter sur “d’éventuelles autres victimes ou d’éventuels complices”, a précisé Mgr de Moulins-Beaufort, soulignant que le parquet “dispose de moyens d’enquête qu’une commission d’enquête historique comme celle qu’Emmaüs a réunie (…) n’a pas ». Cette commission a commencé ses travaux en janvier pour une durée prévisible de deux ans.
Car il faut aller « jusqu’au bout de la vérité », a insisté le président du CEF, réitérant son « horreur » après les nouvelles révélations du cabinet spécialisé Egaé lundi et la diffusion de deux documentaires télévisés cette semaine.
Visé par neuf nouvelles accusations
Dans le rapport publié lundi, le prêtre décédé en 2007 est visé par neuf nouvelles accusations de violences sexuelles, ce qui porte à 33 le nombre total de témoignages depuis le premier rapport du cabinet Egaé, commandé par Emmaüs, qui avait créé une explosion en juillet. .
Parmi les nouvelles révélations, un membre de la famille du père Pierre affirme avoir subi « des contacts sexuels sur les seins et la bouche à la fin des années 90 » de sa part. Un autre témoignage évoque un « acte sexuel avec pénétration sur un garçon mineur ».
“L’ensemble dresse le portrait d’un prédateur”, a déclaré lundi Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France.
-L’âge des faits
Selon Mgr de Moulins-Beaufort, « à chaque rapport de cabinet on franchit un seuil dans la découverte de ce qu’il a pu faire », et « d’une sorte de système qu’il semble avoir construit ».
Une action en justice risque cependant de rencontrer des obstacles, compte tenu de l’ancienneté des faits remontant à une période allant des années 1950 aux années 2000.
Ces faits ne peuvent faire l’objet de poursuites pénales dans le cas de l’abbé Pierre, décédé, ce qui entraîne l’extinction de toute poursuite. Quant aux personnes qui n’ont pas dénoncé les faits, l’ancienneté des faits rend probable que toute éventuelle infraction sera prescrite – même si le calcul en la matière est toujours compliqué.
Une « sentence immense »
Vendredi, le président du CEF a réitéré aux victimes son « immense chagrin », et a encouragé « toute personne ayant subi des violences sexuelles de la part de l’abbé Pierre à se manifester si elle le souhaite devant l’un des mécanismes de l’Église, ou à saisir par Emmaüs ».
Depuis les révélations de juillet, l’Église se trouve sous pression pour faire la lumière sur le silence qui entoure le comportement de l’abbé Pierre.
Mgr de Moulins Beaufort a assuré à plusieurs reprises que l’affaire n’était pas de notoriété publique au sein de l’institution, même si certains évêques pouvaient avoir eu conscience à l’époque de comportements problématiques.
Le CEF a ouvert les archives ecclésiastiques sur l’abbé Pierre en septembre, s’écartant du délai habituel de 75 ans. Dans le mince dossier cartonné consulté par l’AFP, lettres et notes évoquent certes un comportement « problématique » mais la nature de celui-ci n’est jamais expliquée.
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