Les multiples incendies qui font rage à Los Angeles depuis cinq jours ont fait au moins 16 morts, et se sont propagés samedi à des zones jusqu’ici épargnées.
Assiégée par les flammes depuis mardi, la mégapole américaine continue de compter ses morts : le bilan, qui faisait jusqu’ici état de 11 victimes, s’est alourdi samedi soir.
“C’est tout simplement bouleversant”, a déclaré à l’AFP Dara Danton, un habitant du quartier chic de Pacific Palisades, le premier à prendre feu mardi.
« Tous nos amis, mes meilleurs amis, ont perdu leur maison, et nous aussi », soupire-t-elle en regardant tristement son mari.
Le couple, qui vivait là depuis 25 ans, faisait partie des plus de 150 000 personnes contraintes de fuir face aux flammes de la région.
Malgré les efforts de milliers de pompiers sur place, le « Palisades Fire » s’est propagé samedi au nord-ouest de Los Angeles. Elle menace désormais la très peuplée vallée de San Fernando, mais aussi le Getty Museum et ses œuvres d’art inestimables.
Les pompiers ont bénéficié d’une accalmie dans les vents ces trois derniers jours. Mais les rafales devraient encore se renforcer ce week-end.
“Ces vents, combinés à l’air sec et à la végétation sèche, maintiendront la menace d’incendie dans le comté de Los Angeles à un niveau élevé”, a averti le chef des pompiers du comté, Anthony Marrone.
– Critiques –
La Cité des Anges rejoue des scènes qu’elle n’a pas vécues depuis la pandémie. Ses légendaires embouteillages ont disparu et les habitants qui s’aventurent dehors portent souvent des masques, pour se protéger de l’air vicié par les vapeurs toxiques.
Beaucoup d’entre eux commencent à remettre en cause la gestion des autorités, notamment parce que les pompiers ont parfois dû composer avec des bouches d’incendie vides ou avec une faible pression.
“Notre ville nous a complètement laissé tomber”, a déclaré à l’AFP Nicole Perri, une autre habitante de Pacific Palisades qui a perdu sa maison.
Très critiquée, la maire de Los Angeles, Karen Bass, a assuré samedi que ses services étaient “tous sur la même longueur d’onde”. La veille, le chef des pompiers de la ville avait pointé du doigt l’insuffisance du budget alloué par la municipalité aux pompiers.
Le gouverneur démocrate de l’État le plus peuplé du pays, Gavin Newsom, a appelé vendredi à « un examen indépendant et complet » des services d’eau de la ville.
Les évacués ont du mal à trouver un relogement avec une hausse vertigineuse des prix des loyers. Samedi, le procureur général de l’État a rappelé que gonfler artificiellement les prix était un « délit passible d’un an de prison et de 10 000 dollars d’amende ».
– Couvre-feux et blocus –
Face aux pillages dans les zones sinistrées ou évacuées, un couvre-feu strict, en vigueur entre 18 heures et 6 heures du matin, a été décrété vendredi par les autorités dans les secteurs de Pacific Palisades et d’Altadena, les plus ravagés.
De quoi en frustrer certains, déjà brûlés par certaines alertes d’évacuation envoyées par erreur sur les smartphones de milliers de personnes. Vendredi, les journalistes de l’AFP ont vu de nombreuses personnes se disputer avec les policiers et les soldats de la Garde nationale au sujet des barrages routiers qui les empêchent de rentrer chez eux.
“Mon père est diabétique et il a besoin de l’insuline que nous avons laissée à la maison”, a expliqué Jennifer Aguilera, les larmes aux yeux.
L’incendie a jusqu’à présent détruit ou endommagé plus de « 12 000 » structures. Un chiffre qui inclut les bâtiments, mais aussi les voitures, ont indiqué samedi les autorités.
La facture devrait s’élever à plusieurs dizaines de milliards de dollars, et certains experts craignent déjà que ces incendies soient les plus coûteux jamais enregistrés.
– Chiens renifleurs –
Les sauveteurs assistés de chiens renifleurs continuent d’inspecter les décombres à la recherche de corps ou de restes humains. Le bilan pourrait encore s’alourdir, selon les autorités.
L’enquête visant à déterminer les causes de ces multiples incendies, à laquelle participe le FBI, est toujours en cours, a rappelé samedi le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna.
« Nous ne négligerons aucune piste », a-t-il assuré. “S’il s’agit d’un acte criminel – je ne dis pas que cela l’est – (…) nous devons mettre la main sur le(s) responsable(s).”
Les vents chauds et secs de Santa Ana qui ont attisé ces incendies sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont cette fois atteint une intensité jamais vue depuis 2011, selon les météorologues, avec des rafales allant jusqu’à 160 km/h cette semaine.
De quoi répandre les braises très rapidement, parfois sur des kilomètres. Un scénario cauchemardesque pour les pompiers, car la Californie sort de deux années très pluvieuses qui ont donné naissance à une végétation luxuriante, désormais asséchée par un manque sévère de pluie depuis huit mois.
Les scientifiques soulignent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes.
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