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Dési Boutersé, l’ancien président du Suriname, est une figure controversée dans les Caraïbes

Dési Boutersé, ancien dictateur et président du Suriname, est mort dans la clandestinité à l’âge de 79 ans. Condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans l’assassinat de 15 de ses opposants, Dési Boutersé s’est évadé avant d’être incarcéré. Peu de dirigeants de la région ont rendu hommage à cet homme à la fois détesté et admiré.

Depuis 1995, le Suriname est membre de la Communauté des Caraïbes, CARICOM.

Dési Boutersé, qui a gouverné le Suriname par la dictature et par les urnes, était également une figure reconnue dans la région. Son rôle dans l’assassinat en 1982 de 15 opposants à son régime, journalistes, avocats, universitaires et militaires, a marqué la Caraïbe.

Après la confirmation de sa mort le 24 décembre 2024, les dirigeants des pays membres de la CARICOM ont peu réagi.

Seule Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, a rendu publiquement hommage à Dési Boutersé, un homme qu’elle qualifie de « charismatique » qui domine la politique de son pays depuis 40 ans.

Sur son compte Instagram, Mia Mottley a présenté les condoléances du peuple et du gouvernement de la Barbade à Ingrid Boutersé, veuve de l’ancien président, aux enfants et au peuple du Suriname.

Mia Mottley se souvient de la forte personnalité de Dési Boutersé qu’elle a rencontré en 2018 en Jamaïque lors d’une conférence des dirigeants des pays membres de la CARICOM.

Son histoire était celle d’un combattant de la liberté et chef d’État de la République du Suriname. Que vous soyez d’accord ou non avec lui, vous devrez apprécier la force de sa personnalité.

Mia Mottley, Première ministre de la Barbade

Invité à plusieurs reprises au Suriname, Boutersé sert de guide à Mia Mottley. Elle l’a vu pour la dernière fois au Suriname en juillet 2023. Il avait déjà quitté le pouvoir.

Lors de la Conférence des dirigeants de la CARICOM au Suriname en 2023 sous la présidence du nouveau dirigeant, le président Santokhi, j’ai eu le privilège, aux côtés de Ralph Gonsalves (Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines), de passer du temps avec Dési. Nous avons beaucoup ri. Hélas, qui aurait pu imaginer que ce serait notre dernière rencontre.

Le Premier ministre de la Barbade n’a pas évoqué la condamnation de Dési Boutersé en décembre 2023 à 20 ans de prison pour l’assassinat des 15 opposants tués en 1982.

Les gouvernements du Nicaragua et du Venezuela ont également présenté leurs condoléances. Dési Boutersé admirait l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez.

Dési Boutersé est né le 13 octobre 1945 à Paramaribo, capitale de la colonie de Guyane néerlandaise. Il a vécu aux Pays-Bas où il a rejoint les forces armées.

En 1975, deux semaines avant l’indépendance et la naissance de la République du Suriname, Dési Boutersé rejoint les rangs de l’armée de son pays natal.

En 1980, il mène un coup d’État et devient chef du pays.

En 1982, il organise l’assassinat de 15 de ses détracteurs.

Durant les 6 années de guerre civile entre Dési Boutersé et ses opposants, des centaines de personnes ont été tuées.

En 1987, Dési Boutersé accepte d’organiser des élections démocratiques.

Son Parti national-démocrate n’a remporté que 3 des 51 sièges de l’Assemblée, mais Boutersé a maintenu son autorité sur les forces armées surinamaises.

En 1990, il mène un second putsch avant de quitter l’armée en 1993 pour devenir homme d’affaires.

En 1999, le tribunal néerlandais l’a condamné par contumace à 11 ans de prison pour trafic de plus de 450 kg de cocaïne vers les Pays-Bas. Il n’existe pas de traité d’extradition entre Amsterdam et Paramaribo.

En 2007, le tribunal militaire du Suriname a ouvert le procès de Dési Boutersé et de ses 24 complices pour l’assassinat en 1982 de 15 opposants.

Je tiens à présenter mes excuses aux familles des victimes. Mais tu crois que tu vas me mettre derrière les barreaux ? Jamais, jamais, jamais, nunca.

Dési Boutersé dans un discours télévisé, mars 2007

Le procès a duré plus de 10 ans durant lesquels Dési Boutersé a été élu président du Suriname.

C’était en 2010, et les personnes accusées d’être impliquées dans les assassinats ont été nommées à des postes gouvernementaux.

Dans un contexte économique morose, Dési Boutersé remporte un second mandat en 2015. Sa popularité est en déclin. Il menace ses détracteurs et modifie les manuels scolaires des enfants Surinamiens d’effacer toute mention des assassinats de 1982.

En 2012, il a tenté, sans succès, de faire arrêter le procès.

En 2017, le procureur a requis une peine de 20 ans de prison contre le président Boutersé mais celui-ci a annoncé qu’il serait candidat à la présidence en 2020. Il a perdu les élections.

En décembre 2023, son rôle dans les assassinats de 1982 est confirmé en appel.

En janvier 2024, Bouterse s’enfuit. Il ne s’est jamais présenté au centre pénitentiaire pour purger sa peine de 20 à vingt ans.

Pendant un an, jusqu’à sa mort, il mène la vie d’un fugitif.

Dési Boutersé s’est marié deux fois. Il a eu 3 enfants dont Dino Boutersé condamné à 16 ans de prison aux Etats-Unis pour trafic de drogue.

La cause de sa mort est inconnue, tout comme l’endroit où il s’est caché des autorités. Surinamiennes et INTERPOL.

Le corps de Dési Boutersé a été transféré à Paramaribo. Sur sa page Facebook, Ingrid Boutersé-Waldring, la veuve de l’ancien président, a confirmé que la date des funérailles de son mari sera annoncée ultérieurement.

 
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