(Kaboul) Le gouvernement taliban a promis de répondre aux frappes du Pakistan qui ont fait 46 morts dans l’est de l’Afghanistan, et qu’un responsable de la sécurité pakistanaise a présentées mercredi comme visant des « cachettes terroristes ».
Publié à 8h03
Mis à jour à 9h14
Qubad WALI, avec Zain Zaman JANJUA à Islamabad
Agence -
” La nuit dernière [mardi]”Des frappes pakistanaises ont été menées dans quatre zones du district de Barmal, dans la province de Paktika”, a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid.
“Le nombre total de martyrs est de 46, dont la plupart sont des enfants et des femmes”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il y avait également “six blessés”.
Depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, les tensions frontalières entre les deux pays se sont intensifiées.
Le Pakistan affirme que des groupes armés, tels que les talibans pakistanais Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), qui revendiquent la même idéologie que ceux de Kaboul, mènent des attaques planifiées depuis le sol afghan, à travers une frontière très poreuse.
Le gouvernement taliban a toujours nié héberger des groupes armés étrangers utilisant le sol afghan pour lancer des attaques contre ses voisins.
Dénonçant des frappes « barbares », le ministère afghan de la Défense a promis de répondre à cette « agression manifeste ».
Le ministère des Affaires étrangères a indiqué avoir convoqué mercredi après-midi le chargé d’affaires pakistanais à Kaboul, critiquant “la tentative de certains milieux pakistanais de vouloir créer de la méfiance entre les deux pays”.
L’Afghanistan « n’acceptera aucune violation de son intégrité territoriale », a indiqué la diplomatie afghane, affirmant que « le pays est tout à fait prêt à [se] défendre ”
« Des preuves crédibles »
Un responsable de la sécurité pakistanaise a déclaré que les raids, menés par « des avions et des drones », visaient des « cachettes terroristes », rejetant les affirmations des talibans selon lesquelles des civils étaient morts.
Au moins 20 talibans pakistanais sont morts dans les frappes, selon cette source s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Dans un hôpital de la ville de Sharan, un correspondant de l’AFP a vu plusieurs enfants choqués et blessés, dont un sous perfusion et un autre portant un bandage sur la tête.
Malil, un habitant de Barmal, a déclaré à l’AFP qu’un bombardement avait touché “deux ou trois maisons hier soir”. [mardi] après 20 heures (10 h 30, heure de l’Est).
« Dans une maison, 18 personnes ont été tuées, une famille entière », selon cet habitant.
Selon le responsable de la sécurité pakistanaise, ces nouvelles frappes sont en partie motivées par l’attaque menée samedi contre une base militaire pakistanaise proche de la frontière avec l’Afghanistan.
Revendiqué par les talibans pakistanais, il a tué 16 soldats.
« Ces grèves [en Afghanistan] continuera si et quand cela sera nécessaire », a-t-il prévenu, indiquant que la patience du Pakistan « était à bout ».
« Le régime taliban intérimaire a fait l’objet d’appels répétés à agir contre le TTP, mais sa réponse a été limitée », a-t-il déclaré, accusant le « régime taliban » de « faciliter » le passage des combattants de l’autre côté de la frontière.
Selon un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU de juillet, environ 6 500 combattants du TTP sont basés en Afghanistan, où ils sont tolérés et soutenus par les talibans afghans qui leur fournissent des armes et leur permettent de s’entraîner.
Réfugiés
En mars, huit civils ont été tués lors de frappes aériennes pakistanaises dans l’est de l’Afghanistan, provoquant des affrontements entre les deux pays.
Et en avril 2022, des tirs de l’armée pakistanaise contre l’est de l’Afghanistan ont fait une cinquantaine de morts. Islamabad avait exigé de Kaboul des « mesures sévères » contre les militants qui attaquent son territoire.
Selon Zabihullah Mujahid, les réfugiés du Waziristan figuraient parmi les victimes des frappes de mardi.
Le Waziristan est l’une des anciennes zones tribales semi-autonomes du nord-ouest du Pakistan, où l’armée pakistanaise a mené de nombreuses opérations contre les insurgés liés au réseau Al-Qaïda et aux talibans après l’invasion de l’Afghanistan en 2001 par les États-Unis et leurs alliés de l’Otan.
De nombreuses personnes issues des zones tribales ont trouvé refuge en Afghanistan après le lancement en 2014 d’une opération militaire qui a permis de chasser le TTP.
Dans un communiqué, le TTP a accusé Islamabad de « cibler délibérément les résidences des réfugiés ».
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