(Damas) Un sauveteur des Casques blancs et un militant ont indiqué mercredi à l’AFP avoir découvert un probable charnier contenant les ossements de détenus emprisonnés par l’ancien pouvoir de Bachar al-Assad ou de combattants tués pendant le conflit.
Publié à 9h03
Mis à jour à 9h31
Une équipe de l’AFP a vu mercredi, sur un terrain vague à une trentaine de kilomètres au nord-est de Damas, des fosses alignées les unes à côté des autres, formant une tranchée de plus d’un mètre de profondeur, chacune recouvrant des dalles de béton qui ont été déplacées.
Dans ce quartier de Jisr Bagdad, plusieurs sacs étaient visibles dans une tombe, certains portant l’inscription d’un nom ou la mention « numéro 13-tombe ». Dans un sac, un journaliste de l’AFP a aperçu un crâne et des os humains.
« Nous pensons que c’est une fosse commune. “Nous avons trouvé un coffre-fort ouvert avec sept sacs remplis d’ossements”, a expliqué à l’AFP Abdel Rahmane Mawas, un secouriste des Casques blancs contacté par téléphone et dont les équipes se sont rendues sur place ces derniers jours.
Ces sacs – dont six portaient un nom – ont été « transférés dans un endroit sûr », a-t-il ajouté, précisant que des « tests ADN » seraient effectués.
Il assure que si « d’autres caveaux étaient ouverts, il est probable que des civils y soient venus. Mais nous devons nous éloigner des charniers et laisser les autorités compétentes s’en occuper.»
Depuis la chute de Bachar al-Assad, sous l’influence d’une offensive de groupes islamistes armés entrée à Damas le 8 décembre, les nouvelles autorités et les habitants des alentours de la capitale ont commencé à identifier les sites qui abriteraient des charniers.
“La route sera longue”
Le site de Jisr Bagdad est situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Saydnaya, abritant la formidable prison du même nom, devenue symbole des pires exactions infligées par le pouvoir déchu.
Diab Serriya, co-fondateur de l’Association des détenus et des personnes disparues de la prison de Saydnaya (ADMSP), dit avoir eu connaissance du site pour la première fois en 2019, via « le témoignage d’un déserteur des services de renseignement ».
Des images satellite suggèrent qu’il est utilisé depuis 2014. “Ce charnier contient probablement des détenus, mais aussi d’anciens combattants des forces d’Assad ou de l’opposition tués lors des combats”, a-t-il déclaré au téléphone à l’AFP.
“Il est possible que les sacs d’ossements aient été transportés depuis d’autres charniers”, a-t-il ajouté. “Le chemin sera long avant de découvrir qui est enterré.”
Le sort de dizaines de milliers de prisonniers et de personnes disparues constitue l’un des aspects les plus douloureux de la tragédie syrienne, dans un pays déchiré par 13 années d’une guerre dévastatrice qui a fait plus d’un demi-million de morts.
Mohamed Ali, vice-président du conseil municipal de la localité d’Adra, à quelques kilomètres de Jisr Bagdad, assure que les habitants ne savaient rien du site, situé à proximité d’une position de l’armée syrienne.
“Il était interdit de s’en approcher ou de prendre des photos, car c’était une zone militaire.”
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