Si les drones militaires ont toujours constitué une arme pour attaquer des cibles précises et/ou pour éliminer des terroristes recherchés, c’est surtout l’utilisation de ces engins lors du conflit du Haut-Karabakh en 2020 qui a donné aux drones militaires, largement utilisés par l’armée azerbaïdjanaise contre les armée arménienne, leurs titres de noblesse au niveau mondial, tout en popularisant les drones turcs, dont le fameux Bayraktar TB2, et l’IAI Harop israélien.
Depuis cette guerre rapide gagnée par l’Azerbaïdjan grâce aux drones, tous les pays misent désormais sur cette arme. La guerre Russie-Ukraine a également confirmé la place des drones sur les champs de bataille, poussant de plus en plus de pays à investir dans ces machines aux multiples usages : observation, renseignement, frappes aériennes, repérage d’artillerie, guerre électronique, ravitaillement, drones kamikaze… Les drones, autrefois relégués aux missions de collecte de renseignements, sont devenus des acteurs vedettes des guerres et ont changé la nature des conflits modernes pour devenir des armes de choix pour les forces armées mondiales.
Sur le continent africain, on assiste à une ruée vers les drones. En 2020, le continent a acquis 237 drones, soit le plus gros volume de machines jamais acquis par les pays du continent. En 2021, 2022 et 2023, les acquisitions de drones ont porté sur des volumes de 157 unités, 171 unités et 98 unités.
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Sur les 4 années 2020-2023, les pays africains ont acquis 663 drones, selon les données de Databook Military Africa, un média international qui fournit des informations relatives aux questions militaires et de défense en Afrique. Et alors qu’une poignée de pays en disposaient avant cette guerre, aujourd’hui au moins 31 pays du continent se sont dotés de ces appareils. Certains pour des raisons défensives en renforçant leurs arsenaux militaires, comme c’est le cas des pays d’Afrique du Nord (Egypte, Maroc, Algérie, etc.), d’autres utilisent des drones au combat, c’est le cas de l’Ethiopie qui a réussi à vaincre les rebelles du Tigré grâce aux drones turcs Bayraktar TB2, ou encore la lutte contre les terroristes dans les pays du Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger) et au Nigeria.
Au total, sur la période allant de 1980 à fin 2023, les pays africains disposaient de 1 530 unités de drones militaires. Bien que plus de 31 pays disposent de drones, ceux-ci sont inégalement répartis entre les régions et les pays. En termes de régions, l’Afrique du Nord, y compris l’Égypte, possède le plus grand nombre de drones militaires.
De 1980 à fin 2023, 31 pays africains ont acquis 1 530 drones militaires de différents modèles. RD
La région compte 818 drones, concentrant 53,32% des drones militaires du continent, devant l’Afrique de l’Ouest (338 drones, 22,03%), l’Afrique de l’Est (218 drones, 14,21%) et l’Afrique australe (160 drones, 10,43%).
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Ce nombre élevé de véhicules sans pilote en Afrique du Nord peut s’expliquer par les énormes budgets de dépenses de ces pays, sachant que l’Algérie, l’Egypte et le Maroc disposent des budgets militaires les plus importants du continent. Ensuite, la proximité des zones de conflits (Moyen-Orient et terrorisme en Afrique) et les tensions entre certains États de la région, notamment entre le Maroc et l’Algérie, ont grandement contribué à la frénésie d’achat de drones à l’échelle de la région.
Par pays, l’Egypte est le pays africain qui compte le plus de drones avec 267 unités début 2024, devant le Maroc (223 unités), le Nigeria (177), l’Ethiopie (126 unités), l’Algérie (121 unités), l’Afrique du Sud (98 unités). unités), Libye (87 unités pour les deux gouvernements), Tunisie (59 unités), Cameroun (49 unités), Sénégal (40 unités) et Soudan (40 unités).
Les cinq premiers pays détiennent 60 % (914 unités) des drones militaires du continent, ce qui indique en réalité une forte concentration de ces appareils dans une poignée de pays.
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Il faut aussi souligner la diversité des modèles de drones acquis par les États du continent. Si une très large gamme de modèles de drones est identifiée sur le continent, globalement trois types restent les favoris des Etats : le turc Bayraktar TB2, l’israélien Wander B et le chinois Wing Loong I.
Par fournisseurs, la Chine est le premier fournisseur de drones en Afrique avec un total de 400 machines, soit une part de marché de 26 %, suivie par Israël (309 unités), les États-Unis (227 unités), la Turquie (190 unités), l’Iran. (37 unités), Emirats Arabes Unis (32 unités), Royaume-Uni (27 unités), Afrique du Sud (20 unités), France (18 unités)… Les drones chinois acquis par les pays africains comprennent essentiellement trois gammes de modèles : Wing Long I, Wing Loong II et CH-3 Arc-en-ciel. La domination chinoise s’explique en grande partie par leur coût.
Pourtant, ces dernières années, les drones turcs, notamment le polyvalent et économique Bayrakter TB2, sont considérés comme la meilleure option par de nombreux pays du continent africain confrontés à des problèmes d’insécurité. Quant à Israël, il a fourni de nombreux drones aux pays africains, principalement au Maroc. Il s’agit généralement de drones tactiques qui aident les soldats à connaître les mouvements des troupes ennemies sur le champ de bataille.
A noter que quelques pays africains produisent actuellement des drones à usage militaire, notamment l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Nigeria. L’Afrique du Sud est la seule à produire et exporter actuellement des drones militaires.
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Mais d’autres pays qui se sont lancés dans l’industrie de l’armement le rejoindront dans les années à venir. Parmi eux, le Maroc qui a fait de l’industrie d’armement l’une de ses futures priorités industrielles dans le domaine de la défense. Dans le domaine des drones, la société israélienne BlueBird Aero Systems a annoncé en avril dernier le démarrage prochain d’une unité de production de drones au Maroc. A cela, il faut ajouter Aerodrive Engineering Services (AES), le constructeur du premier drone militaire 100% marocain, qui vise la production de 1.000 véhicules sans pilote de différents modèles par an. Son premier modèle Atlas Istar, destiné aux opérations militaires critiques, offre de nombreux avantages : renseignement, surveillance, acquisition et reconnaissance d’objectifs, etc.
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