Une Philippine condamnée à mort en Indonésie pour trafic de drogue, une affaire aux rebondissements qui a choqué ses compatriotes, est rentrée mercredi dans son pays où elle a été de nouveau incarcérée, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Le vol commercial sur lequel Mary Jane Veloso a décollé de Jakarta est arrivé à Manille à l’aube, a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères Enrique Manalo.
Elle a été emmenée dans une prison pour femmes environ une heure plus tard, ont constaté des journalistes de l’AFP présents sur place.
Son sort est désormais entre les mains du président Ferdinand Marcos Jr., qui a droit à la grâce.
Mme Veloso, 39 ans et mère de deux enfants, a été arrêtée en 2010 en Indonésie alors qu’elle transportait 2,6 kilos d’héroïne dans sa valise, puis condamnée à mort.
Après des années de négociations, elle a bénéficié d’un accord entre son pays et l’Indonésie du nouveau président Prabowo Subianto annulant son éventuelle exécution.
« J’espère que notre président (Ferdinand Marcos Jr.) m’accordera sa grâce afin que je puisse retourner dans ma famille. J’ai été emprisonné en Indonésie pendant 15 ans pour quelque chose que je n’avais pas fait », a déclaré Veloso aux journalistes après avoir subi un examen médical dans la prison de Manille.
« Nous appelons notre président à gracier rapidement Mary Jane. Nous espérons qu’il nous le fera comme cadeau de Noël”, a ajouté sa mère, Celia Veloso.
Ferdinand Marcos Jr. a remercié l’Indonésie mercredi d’avoir remis Mme Veloso aux autorités philippines, mais n’a fait aucune mention d’une quelconque grâce, amnistie ou réduction de peine.
Le sous-secrétaire du ministère philippin de la Justice, Raul Vasquez, a déclaré mercredi aux journalistes que la demande de grâce serait « sérieusement examinée ». Si cela n’est pas accordé, Mme Veloso sera emprisonnée à vie, a-t-il ajouté.
Dimanche, cinq Australiens qui purgeaient de longues peines pour trafic de drogue ont également été renvoyés chez eux par Jakarta.
Deux autres membres du même groupe ont été exécutés en 2015, malgré les demandes de Canberra.
L’Indonésie compte au moins 530 condamnés à mort, selon l’association de défense des droits Kontras, citant des données officielles, dont 96 étrangers, dont le Français Serge Atlaoui, 60 ans, incarcéré depuis 2005 et pour lequel la France est en pourparlers.
– « Nouvelle vie » –
Mary Jane Veloso n’a pas le droit de retourner en Indonésie, selon les autorités indonésiennes.
Sa condamnation a suscité un tollé aux Philippines, sa famille et ses partisans affirmant qu’elle était innocente et qu’elle avait été victime d’un réseau international de trafic de drogue.
Fin novembre, le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a annoncé que Prabowo Subianto avait accepté le principe du rapatriement de Mme Veloso. Un accord prévoyant qu’elle soit transférée avec le statut de détenue, mais aussi que Ferdinand Marcos Jr. puisse lui accorder sa grâce à son retour aux Philippines.
L’accord comprend également une clause de réciprocité, au cas où l’Indonésie demanderait « une aide similaire à l’avenir » à Manille. Le cas de Gregor Johann Haas est particulièrement évoqué dans la presse : cet Australien détenu aux Philippines est recherché par Jakarta pour trafic de drogue, ce qui, s’il est reconnu coupable, l’exposerait à la peine de mort.
Mais selon Raul Vasquez, son transfert n’est “pas sur la table”. Et en cas de demande indonésienne en ce sens, elle serait « étudiée avec le plus grand soin », a-t-il souligné.
Lors d’un point de presse à l’aéroport international de Jakarta, avant d’être remise aux autorités philippines, Mme Veloso a déclaré qu’elle était “très heureuse aujourd’hui mais pour être honnête, aussi un peu triste car l’Indonésie est ma deuxième famille”.
Elle a ensuite chanté l’hymne indonésien.
“J’espère que vous prierez tous pour moi, je dois être forte”, a-t-elle ajouté.
“Je dois rentrer chez moi car j’ai ma famille là-bas, mes enfants qui m’attendent”, a-t-elle poursuivi, disant qu’elle espérait fêter Noël avec eux. “C’est une nouvelle vie qui commence pour moi, un nouveau départ aux Philippines.”
En 2015, le gouvernement philippin avait obtenu un sursis de dernière minute pour éviter son exécution, après l’arrestation d’une femme soupçonnée de l’avoir recrutée et jugée pour trafic d’êtres humains.
Mme Veloso prévoit d’utiliser les compétences qu’elle a acquises en détention, notamment les techniques locales de batik (teinture de tissus), pour gagner de l’argent pour elle et sa famille.
L’Indonésie possède l’une des lois antidrogue les plus strictes au monde, passible de peines allant jusqu’à la mort.
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