News Day FR

Crise des opiacés | McKinsey va payer 650 millions de dollars pour éviter un procès pénal

(New York) Le cabinet de conseil américain McKinsey va payer 650 millions de dollars dans le cadre d’un accord avec le gouvernement américain pour éviter, une fois de plus, un procès pour son rôle dans la crise des opioïdes qui a causé près de 800 000 morts depuis 1999.



Mis à jour hier à 13h23

Élodie MAZEIN

Agence -Presse

Cet accord dit de poursuites différées (DPA), déposé vendredi devant un tribunal fédéral de Virginie, vise à mettre fin aux poursuites pénales après cinq ans de surveillance.

La prestigieuse société était accusée d’avoir contribué à la crise des opioïdes en conseillant des groupes pharmaceutiques comme Purdue Pharma, fabricant de l’analgésique OxyContin.

Il a admis avoir « consciemment et intentionnellement conspiré avec Purdue Pharma et d’autres pour aider et encourager une mauvaise communication sur les médicaments sur ordonnance », indique le texte.

Et aussi d’avoir, « par l’action d’un haut responsable de McKinsey, sciemment détruit et caché des archives et des documents » pour faire obstacle aux enquêtes.

Le groupe a licencié rapidement deux salariés après le début du scandale pour destruction de documents dans cette affaire.

La DPA précise par ailleurs que McKinsey a déjà versé près d’un milliard de dollars dans plusieurs accords conclus à l’amiable depuis 2019 aux Etats-Unis.

“Nous sommes profondément désolés pour les services rendus à notre ancien client Purdue Pharma et pour les actions d’un ancien manager qui a détruit des documents”, a répondu McKinsey dans un communiqué.

“Cette terrible crise de santé publique et notre travail passé en faveur des fabricants d’opiacés seront toujours sources de profonds regrets”, a-t-il poursuivi, soulignant avoir accepté au sein de la DPA “la responsabilité de (sa) conduite”.

Cet accord « clôt ce chapitre de l’histoire » de McKinsey.

Le procureur général de Virginie, Chris Cavanaugh, lors d’une conférence de presse avec ses homologues de l’État et les enquêteurs, a noté qu’il s’agissait du « premier cabinet de conseil tenu pénalement responsable pour des conseils ayant abouti à la commission d’un crime par son client ».

Pas de stupéfiants

McKinsey s’est engagé depuis plusieurs années à ne plus conseiller les entreprises sur le développement, la fabrication, la promotion, la commercialisation, la vente ou l’utilisation d’un opiacé ou de tout autre stupéfiant.

Il a notamment conseillé à Purdue Pharma de l’aider à augmenter les ventes d’OxyContin après une baisse des ventes, une stratégie appelée « TurboCharge », selon M. Cavanaugh.

Selon lui, les 650 millions de DPA représentent 85 fois les honoraires perçus par le cabinet dans le cadre de cette mission stratégique.

Le cabinet a également recommandé que Purdue – qui a abandonné les opiacés en 2018 – se concentre sur les doses élevées, considérées comme les plus lucratives, mais très addictives.

Il est largement admis que la surprescription de ce médicament a déclenché la crise des opioïdes aux États-Unis.

Selon les données des Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC), plus de 700 000 personnes sont mortes dans le pays entre 1999 et 2022 d’une surdose liée à la consommation d’opiacés, obtenus sur ordonnance ou illégalement.

Pour la première fois depuis 2018, le nombre de décès liés aux opiacés (fentanyl principalement) a légèrement diminué en 2023.

Visé par une avalanche de poursuites, le laboratoire Purdue s’est déclaré en faillite en 2019, mais il s’est heurté à plusieurs rejets par la justice de son plan de redressement judiciaire.

Il a fait appel devant la Cour suprême de Washington, mais celle-ci a annulé fin juin la dernière version, qui prévoyait la création d’une nouvelle entité et le versement d’au moins 5,5 milliards de dollars sur dix-huit ans.

Les Sages ont statué que le plan exemptait la famille Sackler, propriétaire de Purdue, de toute poursuite future des victimes. Les Sackler sont accusés d’avoir fait la promotion agressive d’OxyContin tout en connaissant son caractère hautement addictif, ce qui leur a rapporté des dizaines de milliards de dollars.

De grands distributeurs de médicaments comme les chaînes CVS, Walgreens et Walmart, ou encore une filiale du géant français de la publicité Publicis, ont également été poursuivis pour leur rôle dans cette crise.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :